Agences de voyage dans la tourmente
Se réinventer pour survivre

Le secteur des voyages est lourdement touché par la crise du Covid-19. Les pertes annoncées poussent l'union professionnelle à formuler une série de demandes.

Quelques chiffres permettent de mesurer l'ampleur du sinistre. La perte de chiffre d'affaires est estimée à plus de 2 milliards d'euros du début de la crise à fin juin 2020, la perte de marge est de 307 millions d'euros pour la même période. Plus de 80 % des 6.000 employés ou indépendants sont au chômage partiel ou total et 42 % des entreprises indiquent que leur viabilité financière est engagée si les frontières restent fermées en juillet et août.

Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l'Union professionnelle des agences de voyage (Upav).

"Nos membres sont très inquiets car il n'y a plus aucune vente depuis mi-mars, indique Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l'Union professionnelle des agences de voyage (Upav). 60 % des réservations se font entre mars et juin. À cela s'ajoute le versement de 460 millions d'euros en montants non récupérables à des fournisseurs (compagnies aériennes, hôtels, etc.) pour les voyages annulés. À l'heure actuelle, le cash n'est plus dans les caisses des agences mais dans celles des fournisseurs, alors que nous sommes les seuls dans la chaîne à devoir nous assurer contre l'insolvabilité. Le manque de liquidités nous oblige à demander des mesures pour le paiement des pécules de vacances du personnel et une aide ponctuelle aux PME et indépendants du secteur."

"En un temps record, la ministre de tutelle a mis en place un arrêté ministériel qui a permis l'émission de bons à valoir. Ces bons utilisés l'an prochain vont casser les ventes de 2021 et repoussent le problème, pointe Anne-Sophie Snyers. C'est pour cela que nous réclamons la prolongation du droit passerelle et de l'accès au chômage jusqu'en 2021, voire 2022."

Licenciements

Lors d'un sondage début avril, 5 % déjà des professionnels du voyage songeaient à licencier. "Nous attendons la communication du 8 juin sur la réouverture des frontières avec impatience mais d'ici là, peu d'agents ont l'intention de rouvrir leurs portes, il n'y a rien à vendre", avertit la secrétaire générale.

Et de poursuivre : "Les formations “d'après” sont primordiales pour offrir d'autres alternatives. Le secteur a encore de beaux jours devant lui mais il doit se réinventer et mettre sa valeur ajoutée, ses richesses en avant. À chacun de devenir organisateur et de proposer des voyages sur mesure, en écoutant le client. Si les frontières s'ouvrent, le marché va se rouvrir aussi, mais dans un contexte bouleversé. L'agent de voyage sera là pour aiguiller les clients dans leurs choix face à cette nouvelle donne."

Dans l'immédiat, l'Upav réclame la création d'un fonds d'urgence/désastre dans lequel plus de 767 millions d'euros seraient injectés pour permettre au secteur de faire le gros dos jusque fin juin. Au niveau européen, elle préconise un système harmonisé du bon à valoir – pour autant que l'État se porte garant des services non couverts par une assurance insolvabilité – afin d'éviter l'effet domino, un fonds catastrophe pour chaque pays (alimenté par l'Europe) et une révision en profondeur de la loi sur la vente de voyages à forfait.

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