Organisation professionnelle membre UCMNe pas laisser le géomètre-expert au bord du chemin
Une formation unique et un ordre représentatif : ce sont les vœux de ces professionnels assermentés, rassemblés à la Confédération royale des géomètres-experts.
Le géomètre-expert n'est pas qu'un individu, que l'on voit concentré, sur le bord des routes et pour lequel les automobilistes ont (peut-être) une pensée émue lorsque la météo se déchaîne. Il est au service du droit, de la construction, de l'environnement, du secteur immobilier et de l'économie en général. C'est une profession assermentée, qui défend les intérêts de la collectivité devant la justice et peut devenir le métronome du juste équilibre entre voisins et/ou riverains. Son rôle est essentiel… alors que l'accès à la profession et ses voies de formation sont des plus déséquilibrés.
La Confédération royale des géomètres-experts (CRGE) est l'union des professionnels libéraux par excellence. Sa chambre francophone, créée il y a six ans, est affiliée chez UCM. La CRGE rassemble quelque 350 membres actifs, le pays comptant 1.700 pros dont à peu près un millier sont indépendants à titre principal.
Bernard Roussel préside la chambre depuis 2018. Gaumais de souche, Lorrain d'adoption, il est géomètre-expert depuis 40 ans et a traversé les vicissitudes de la profession. "Les différences de législation urbanistique entre les Régions sont compliquées à vivre. En Wallonie, la profession est soumise aux exigences du CODT (Code de développement territorial, anciennement Cwatupe)… pas en Flandre. Et si la profession est réglementée depuis 2003 (création des conseils fédéraux), suivie par une déontologie contraignante en 2005, les filières de formation diplômantes sont… surréalistes."
Ubuesques même. Ainsi, le géomètre-expert wallon sera peut-être universitaire (master en géographie), détenteur d'un master ingénieur (option géomètre) en haute école, gradué en promotion sociale… ou encore diplômé par le jury central (depuis peu). En Flandre, il existe l'université, la haute école et un bachelier de plein exercice, mais pas de promotion sociale. De quoi y perdre son jalon dans les reliefs du premier tumulus venu !
Une concurrence complexe
D'autant que le géomètre-expert exerce une profession soumise aux changements. "Aujourd'hui, il ne suffit plus de s'équiper d'un jalon et d'un ruban, on y ajoute les drones et les satellites ! Il faut savoir dialoguer avec les gens et pratiquer le droit en le rendant compréhensible au plus grand nombre. Le géomètre-expert présente les faits, au client d'en mesurer les limites", explique le président. Et la directrice d'union, Laurence Cloquet, d'ajouter : "Aucune des filières n'encadre de stages, alors qu'ils sont primordiaux. Sans oublier la zone d'ombre où 700 géomètres fonctionnaires, indépendants à titre complémentaire, exercent. La confédération ne jette pas les cailloux aux indépendants complémentaires mais la concurrence déloyale existe bel et bien. À titre d'exemple, lorsqu'il a été question de créer un institut professionnel pour les indépendants en 1995, il y a eu 76 élus… dont 75 étaient fonctionnaires. J'étais un peu dégoûtée." D'autant que le géomètre-expert en profession libérale est soumis à des obligations déontologiques strictes (formation permanente de 20 heures et souscription d'une assurance RC professionnelle entre autres).
S'il en fallait encore, l'un des combats de la CFCRGE est de transformer le conseil fédéral, en le sortant du giron ministériel et en créant un ordre. "Les conseils fédéraux s'entendent bien mais n'ont pas de personnalité juridique. Pensons fédéral ! Notre volonté est connue du ministre Clarinval", conclut la directrice.
N'en jetez plus ! Car la chambre patronale exige une clarification de l'accès aux documents historiques d'une propriété. À l'heure actuelle, le cumul des restrictions RGPD (règlement général sur la protection des données) et de la crise Covid-19 prive les géomètres-experts de l'accès à cette base de données cadastrales. "C'est l'essence même de la profession. Or, malgré d'incessantes demandes, l'administration se refuse à nous ouvrir la consultation. Il faut obligatoirement faire évoluer les choses", conclut le président.
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