Un pavé dans la mare
Vive la Belgique sans e-commerce ?

Le président du PS, Paul Magnette, a déclaré à un hebdomadaire flamand, Humo, qu'il souhaitait que "la Belgique devienne un pays sans e-commerce, avec de vrais magasins et des villes animées." Il s'est attiré critiques et moqueries. Sa déclaration a cependant suscité un débat qui n'a jamais eu lieu dans notre pays : quel modèle de distribution souhaitons-nous ?

Paul Magnette s'est malheureusement montré maladroit en mettant tout l'e-commerce dans le même sac. Il en existe évidemment de deux types. Le premier est lié à la proximité, aux magasins physiques, aux produits locaux. Il s'est développé durant le confinement et traduit une saine utilisation des moyens technologiques pour faciliter la vie des consommateurs.

Le second est celui des grandes plateformes comme Amazon ou Alibaba. C'est un modèle qui délocalise la production vers des pays lointains où les règles sociales et environnementales sont balbutiantes. Les géants distributeurs créent des emplois en France ou aux Pays-Bas, oui, mais dans quelles conditions ? Et au prix de combien d'emplois détruits dans les "vrais" magasins ? Nocives pour l'économie européenne et l'emploi, les plateformes mondiales se révèlent aussi une catastrophe environnementale avec les colis trimballés sur des distances phénoménales, en allers et souvent en retours, et une destruction massive des articles renvoyés et un peu abîmés.

Personne n'a jamais donné le feu vert à ce modèle de distribution. Il est trop tard pour mettre le holà, en tout cas à l'échelle de la Belgique. Il n'est pas trop tard pour expliquer aux consommateurs que leurs choix ont des conséquences.

En affirmant son soutien au commerce de proximité, Paul Magnette avait un agenda caché : il ne veut pas d'un assouplissement des règles pour le travail de nuit des salariés. Cela peut expliquer sa maladresse. Il a néanmoins ébranlé un tabou. La mondialisation et la dérégulation n'ont pas que des avantages et si le politique est impuissant et le revendique, "à tout moment la rue peut aussi dire non."

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