Le paiement électronique s'impose

  • 1 900 000 000 €
    d'achats réglés via carte bancaire ou smartphone en 2021

Au 1er juillet, non seulement les commerçants mais tous les professionnels devront proposer un moyen de paiement électronique. Il est important de bien choisir, dans une gamme de plus en plus large.

Thierry Evens

Bip ! Les puces remplacent les billets froissés et la monnaie sonnante et trébuchante. La crise sanitaire a accéléré cette évolution. Le nombre de retraits d'argent liquide est en chute : 72,2 millions en 2021, soit 31 % de moins qu'avant la pandémie. À l'inverse, le nombre d'achats réglés via carte bancaire ou smartphone (1,9 milliard !) a plus que doublé. De plus, depuis le mois d'août, les consommateurs paient davantage sans contact qu'en introduisant leur code.

La tendance ne va pas s'inverser. Le terminal traditionnel poursuit une progression tranquille, malgré la concurrence des applications bancaires, dont l'usage se répand comme une marée au Mont-Saint-Michel (204 millions d'opérations l'an dernier, + 62 %). Payconiq by Contact, l'app qui fonctionne avec l'ensemble des banques, semble avoir un bel avenir.

Le gouvernement fédéral accélère le mouvement puisqu'une loi impose à tous les professionnels, à partir du 1er juillet, de proposer le paiement électronique. Cela ne concerne pas que les commerçants ou les restaurateurs, déjà équipés pour la quasi-totalité, mais l'ensemble des activités y compris la totalité des professions libérales.

Précisions

L'obligation concerne les relations BtoC (avec un client), et pas BtoB (avec un autre professionnel). Il faut proposer au moins un moyen de paiement électronique, mais un seul suffit et le choix est libre. Cela peut donc être le traditionnel terminal pour cartes de crédit ou de débit, ou une simple solution via smartphone. Si le client ne dispose pas de l'application nécessaire, tant pis, on en revient au cash.

La loi ne concerne en rien les chèques-repas, écochèques ou chèques consommation. Un vendeur n'est jamais tenu de les accepter, même s'il peut y avoir un intérêt.

Il faut rappeler que depuis 2012, il est interdit dans toute l'Union européenne de demander des frais au client pour l'utilisation d'un moyen de paiement électronique. Le coût est toujours et totalement à charge du vendeur. D'où l'utilité de bien choisir son outil, terminal ou/et smartphone, et d'opter pour la solution la moins chère. Les tarifications sont aussi compliquées que feu les annuaires des chemins de fer, mais cela vaut la peine de s'y plonger. Les commerçants estiment leur charge mensuelle entre 50 et 100 euros. Sur une année, ce n'est pas négligeable.

Enfin, les professionnels qui le souhaitent peuvent exiger le paiement électronique. Un texte de loi leur imposant d'accepter l'argent liquide a été rejeté à la Chambre en avril.

Les habitudes

La Fédération des banques (Febelfin) établit avec la VUB (université flamande de Bruxelles) un baromètre des paiements. Le dernier date de mai 2021.

À la question "comment préférez-vous payer vos achats ?", 87 % privilégient le numérique contre 13 % qui restent attachés au cash. Les portefeuilles se vident : 6 % des Belges n'ont jamais d'argent liquide sur eux et 42 % n'ont pas plus de vingt euros.

Le choix entre cash et carte n'est pas lié à l'âge. Au contraire, la tranche d'âge qui manie le moins l'argent liquide est celle des 65-75 ans, probablement pour une question d'hygiène.

Au sein du paiement par carte, il y a à peu près autant de partisans du "sans contact" que de personnes attachées au code sur la machine. L'évolution est rapide. Avant la pandémie, 16 % des consommateurs à peine se disaient à l'aise avec le "sans contact".

L'utilisation du smartphone restait minoritaire en mai 2021 puisque 35 % des clients seulement s'en disaient familiers. Le paiement via le téléphone mobile reste corrélé à l'âge. Au-delà de 55 ans, il n'y a guère d'intérêt. C'est la solution privilégiée en revanche pour un quart des moins de 25 ans. Ce n'était que 9 % l'année précédente !

Combien ça coûte ?

Il est impossible de donner avec précision le coût des paiements électroniques. Les formules tarifaires sont diverses et le nombre de transactions influence le prix. Unizo, l'équivalent flamand d'UCM, a cependant tenté une estimation dans deux cas de figure.

Le client paie 20 euros. La charge pour le commerçant est de :

  • Payconiq, 6 centimes ;
  • Bancontact, environ 12 centimes ;
  • cartes de crédit, plus ou moins 20 centimes pour Visa et Mastercard, jusqu'à 60 centimes pour American Express, Diners… ;
  • chèques-repas, environ 20 centimes ;
  • écochèques, environ 40 centimes ;
  • cash, environ 30 centimes.

Il est faux de dire que l'argent liquide ne coûte rien. Il prend du temps en manipulations, augmente le risque d'erreur, de vol et de braquage, et les banques prélèvent une commission pour le dépôt tant de pièces que de billets.

Simulation deux : le client paie 1.000 euros. La charge pour le commerçant est de :

  • Payconiq, 6 centimes ;
  • Bancontact, environ 12 centimes ;
  • cartes de crédit : plus ou moins 10 euros pour Visa et Mastercard, jusqu'à 30 euros pour d'autres ;
  • chèques-repas, environ 10 euros ;
  • écochèques, environ 25 euros ;
  • cash, environ 29 centimes.

Payconiq, le moins cher

L'application gagne du terrain à grande vitesse. Payer avec son smartphone réduit fortement les manipulations. Le commerçant possède un QR code qu'il peut installer sur sa caisse, son comptoir, son terminal ou même imprimer sur la souche remise au client, pour un service en terrasse par exemple.
Le consommateur scanne le QR code avec son smartphone, introduit le montant et confirme le paiement avec son code pin ou son empreinte digitale. Et c'est payé ! Le vendeur le vérifie sur son propre appareil (smartphone, tablette, PC). La transaction est aussitôt enregistrée et visible sur le portail commerçant.

L'application Payconiq by Bancontact est accessible à toutes les personnes ayant un compte bancaire en Belgique. N'importe qui peut donc la télécharger et l'utiliser. Le professionnel, lui, doit s'inscrire sur payconiq.be pour recevoir ses QR codes. C'est gratuit ! Six centimes par transaction lui seront ensuite retenus. Il n'y a ni abonnement ni frais fixe. Cela fait de ce moyen de paiement, qui répond aux exigences de la nouvelle loi, le moins cher à utiliser actuellement.

L'application permet de payer de petits ou gros montants. La limite d'utilisation, comme pour une carte, dépend de la banque. Le vendeur peut recevoir un nombre illimité de versements.

Les consommateurs peuvent ajouter leur carte de chèques-repas dans leur application. Pour les accepter, le commerçant doit bien entendu avoir un contrat avec les émetteurs (Sodexo, Edenred, Monizze). Cette extension sera opérationnelle avant l'été.

L'action UCM

Le paiement électronique est préférable à l'argent liquide. C'est le discours que tient UCM depuis des années. Les avantages techniques sont clairs : comptes plus faciles à tenir, moins de risques d'erreur, moins de risques de vol et d'agression. L'avantage commercial est lui aussi évident. C'est plus facile pour les clients qui ne sont pas limités dans leurs achats par le contenu de leur portefeuille. Une enquête de 2019 indiquait que 11 % des consommateurs n'achetaient pas s'ils devaient payer cash. La proportion a certainement augmenté avec le confinement.

Cela dit, UCM n'a jamais défendu l'idée d'une obligation. Nous avons été entendus pour l'argent liquide : un projet de loi du ministre de l'Économie, Pierre-Yves Dermagne (PS), a été rejeté. Nous n'avons pas été entendus pour le paiement électronique.

Mais des amodiations ont été négociées. La principale est le libre choix de l'outil laissé au professionnel. La solution par smartphone suffit.

La déduction majorée pour investissement (25 % au lieu de 8 %) a été prolongée jusqu'au 31 décembre 2022 et s'applique à l'achat d'un terminal de paiement (de 400 à 900 euros).

Reste la question des sanctions. La loi prévoit des amendes. UCM plaide avec force, et une très bonne chance d'être entendue, pour une période de tolérance après le 1er juillet. De simples avertissements seraient dressés. Non seulement l'information doit percoler mais l'obligation provoque une forte hausse de la demande de terminaux et de la solution Payconiq by Bancontact, de sorte que les délais de livraison s'allongent.

Enfin, UCM poursuit ses contacts avec les principaux acteurs du secteur (Worldline, Bancontact, Mastercard, Visa, Febelfin…) et ses partenaires CBC, Via et Monizze pour réduire les coûts, simplifier les offres et améliorer l'information. C'est un combat qui ne sera jamais gagné, mais qui donne des résultats.

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