L'accord wallon de législature,un verre aux deux tiers plein

Nous avons un gouvernement en Wallonie avec une solide majorité parlementaire (PS-MR-Écolo) et un programme pour l'emploi. L'objectif est de permettre aux entreprises, et singulièrement aux PME, de créer 100.000 postes de travail supplémentaires en cinq ans. C'est une excellente orientation. Mais nous devons être plus réservés quant aux moyens choisis. Certains sont très bons, d'autres plus flous et l'un ou l'autre fait tache.

Pour commencer par le positif, le chapitre du programme de gouvernement consacré à la simplification administrative est quasiment un copier-coller du mémorandum UCM ! Sont repris le principe du test PME (impact des décisions sur les plus petites entreprises), le "only once" (toute information communiquée est connue de l'ensemble des acteurs publics), l'accès facilité aux marchés publics et aux pôles de compétitivité, l'harmonisation des documents types, le raccourcissement des délais de paiement… Le gouvernement nous a suivis dans notre volonté de renforcer le maillage des entreprises (BtoB wallon).

Les aides existantes doivent rester accessibles à l'ensemble des PME

En ce qui concerne les aides à l'emploi et aux investissements, les budgets sont préservés. Toutefois, il est question de les faire évoluer pour répondre aux pénuries de main-d'œuvre, mais aussi pour encourager la transition vers une économie durable. Le principe est bon, mais nous serons attentifs à ce que les aides existantes demeurent accessibles aux PME, y compris dans les activités traditionnelles. Il faudra que le gouvernement reste cohérent avec sa volonté affichée de soutenir l'horeca, le commerce et la construction, ainsi qu'avec sa promesse de respecter la concertation sociale entre les syndicats et les organisations d'employeurs.

L'accord de gouvernement comporte un point selon nous choquant : la volonté de "tester" les entreprises, via de faux candidats à l'emploi, pour lutter contre les discriminations à l'embauche. Nous l'avons dit et répété : ce n'est pas la bonne façon d'aborder le problème. Les employeurs ne sont pas des délinquants en puissance.
Nous nous méfions aussi du rapprochement envisagé entre la formation en alternance (dite des classes moyennes) et l'enseignement de plein exercice. C'est une perte de spécificité qui risque de nuire à la qualité de l'apprentissage technique et d'accroître les manques de main-d'œuvre qualifiée.

Enfin, comment ne pas se préoccuper du brouillard budgétaire qui entoure l'accord ? C'est très bien d'annoncer quatre milliards d'euros d'investissements et le retour à l'équilibre financier en 2024. Mais comment y parvenir sachant que les recettes générées par les créations d'emplois profiteront surtout au fédéral ?
Le gouvernement a promis qu'il n'y aurait pas de taxes nouvelles. Nous nous opposerons aussi fermement à toute augmentation des taxes existantes : les indépendants et les PME contribuent déjà plus qu'assez au financement des pouvoirs et services publics !

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