De l'aide d'urgenceaux mesures de relance

Pour évaluer les dégâts du coup d'arrêt porté à l'économie le 13 mars, deux chiffres suffisent. Plus d'un million de salariés ont été mis au chômage pour force majeure et quelque 411.000 indépendants ont demandé et obtenu le droit passerelle pour un arrêt complet de leurs activités. Ces deux mesures, prises dans l'urgence, ont permis d'éviter le pire. Des familles d'entrepreneurs ont tout simplement pu continuer à acheter de quoi manger.
Les primes régionales devaient permettre de faire face aux charges impossibles à reporter. Force est de constater qu'en Wallonie en particulier, il a fallu trop de temps pour déterminer les bénéficiaires et beaucoup trop de temps pour procéder aux versements. Face à l'urgence, je ne comprends pas les hésitations, les atermoiements, les chicaneries.

Deux mois après le début du confinement, l'activité reprend doucement, prudemment. Cela ne signifie pas du tout que les gouvernements peuvent se désintéresser du sort des indépendants et des PME. Bien au contraire ! Les blessures sont profondes et les pouvoirs publics ont le devoir absolu de permettre à ceux qui les financent à longueur d'année de rebondir et de redémarrer dans de bonnes conditions.

Il faut injecter de l'argent dans nos entreprises. Par tous les moyens.

UCM a maintenant deux priorités. La première est de ne pas relâcher l'effort de soutien aux secteurs toujours fermés, essentiellement l'horeca et les activités de loisirs. Le droit passerelle doit être prolongé en juin et tout l'été si nécessaire. Les primes régionales doivent être renforcées, comme en Flandre, pour tenir compte de la prolongation de la cessation des activités.
La seconde priorité concerne tout le monde. Les trésoreries ont été lessivées par le confinement. Les reports de paiement (cotisations sociales, TVA, impôts, prêts bancaires…) vont augmenter les charges dans les mois à venir. Il faut injecter de l'argent dans nos entreprises ! Par tous les moyens…

Des moyens, il y en a. Pouvoir déduire rétroactivement ses pertes 2020 de ses bénéfices 2019 serait une fameuse bouffée d'oxygène. Le "prêt ricochet" wallon (lire en page 5) est une excellente initiative… à ne pas limiter aux 5.000 premiers dossiers rentrés.
Essayer de mobiliser une petite partie des 281 milliards d'euros déposés sur des comptes épargne relève du bon sens. Le prêt coup de pouce wallon, enfin traduit en prêt proxi à Bruxelles, mérite d'être activé et promotionné. Nous demandons aussi un tax shelter ouvert à l'ensemble des PME et accessible aux gérants d'entreprise (lire en page 9). Enfin, rétablir la déductibilité à 20 % des investissements est une mesure de relance totalement justifiée.

UCM portera ces revendications avec ténacité et confiance. Nous avons été souvent écoutés ces dernières semaines et nous avons remporté quelques beaux succès. Ce sont des victoires amères. J'aurais tellement aimé que nous n'ayons pas à mener ces combats pour vous, indépendants et chefs de PME.
Je suis effaré par l'ampleur et la violence de ce qui vous est imposé. Je suis en même temps épaté par votre discipline, votre courage, votre créativité. Nous vous aiderons sans faille, dans la mesure de nos moyens (toutes nos demandes ne sont pas rencontrées, ce serait trop simple). Nous vous aiderons avec une détermination à la hauteur de votre dynamisme et de votre volonté.

Les éditos des mois précédents

  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Record de starters

    Les indicateurs économiques se sont mis au vert en 2017. Le plus encourageant d'entre eux est sans aucun doute le nouveau record de créations d'entreprises.

    Lire la suite
    avril
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Les contrôles Afsca posent problème

    L'affaire Veviba démontre que les circuits courts et les exploitations à taille humaine, où le producteur est proche du consommateur, sont plus fiables que l'industrie agro-alimentaire.

    Lire la suite
    mars
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    L'intelligence artificielle est une chance pour nos PME

    Les fantastiques progrès des technologies digitales vont bouleverser la vie des entreprises. Médecins, avocats, professionnels du chiffre, commerçants et bien d'autres ne travailleront plus dans cinq ou dix ans comme ils travaillent aujourd'hui. L'arrivée des robots aura des conséquences encore très imprévisibles sur les métiers de services.

    Lire la suite
    février
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Mobilité, énergie, logement, IL FAUT INVESTIR

    Le nouveau gouvernement wallon a doté la Région d'un plan d'investissement de cinq milliards d'euros sur cinq ans (2019-2024). Au printemps dernier avait été lancé au fédéral le "pacte national pour les investissements stratégiques", d'un poids de trente milliards, dépenses étalées jusqu'en 2030.

    Lire la suite
    janvier
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Baisser l'impôt des sociétés, oui, mais pas comme ça !

    J'ai pris l'initiative de proposer aux administrateurs de l'UCM et aux responsables d'organisations professionnelles affiliées de signer une lettre ouverte au Premier ministre, aux vice-premiers ministres et aux parlementaires de la Commission finances. En voici le contenu."Nous, ent...

    Lire la suite
    décembre