Une suite de ratéset de rendez-vous manqués

Il faut reconnaître au gouvernement De Croo une certaine réussite dans la maîtrise de l'épidémie. Depuis son intronisation le 1er octobre, les hôpitaux ont été encombrés, mais jamais débordés. Tout le monde a pu être soigné. La troisième vague est restée vaguelette, sans retour à un confinement total. La plupart des pays voisins n'y ont pas échappé.

Nous devons cependant critiquer la méthode. En mars 2020, il n'y avait pas d'autre choix que de mettre l'économie quasiment à l'arrêt. UCM ne l'a d'ailleurs pas contesté et les indépendants et chefs de PME s'y sont pliés avec une discipline admirable.
Un an plus tard, face à une remontée des chiffres de l'épidémie, la réponse est de fermer à nouveau les métiers de contact et, à peu de chose près, les magasins. Et pour gagner du temps en attendant l'avancée de la campagne de vaccination, le gouvernement prolonge la fermeture de l'horeca. Il ne donne qu'une perspective brumeuse et lointaine à l'événementiel, à la culture, au sport, aux agences de paris ou au monde de la nuit. Sans parler du secteur des voyages qui, à l'heure d'enregistrer les réservations pour l'été, n'a toujours aucune indication sur ce qui sera possible ou non.

Il y avait moyen de faire autrement

Je n'en démords pas : il y avait moyen de faire autrement ! Il était possible de glisser d'une gestion de crise à une gestion du virus. Cela ne s'est pas fait, en raison d'une longue série d'échecs et d'annonces sans lendemain. Coronalert, baromètre, contrôles aux frontières, quarantaines, mesures locales… : rien n'a fonctionné. Personne ne sait vraiment où le virus circule et les commerces ainsi que les métiers de contact ont été refermés "au cas où"… Le testing en entreprise a été introduit tardivement, dans des conditions peu praticables pour les PME, soumises par contre à une nouvelle obligation administrative de déclaration mensuelle du personnel (lire ici).

Des restaurateurs sont prêts à servir leurs clients en toute sécurité. Ils ont investi pour cela. Passez muscade : le label "Covid safe" recommandé par des épidémiologistes est au placard.
Dans la culture et le sport, des professionnels demandent des tests, des jauges, des indications pour rouvrir en sécurité. Cela va seulement commencer à se faire…

Il est clair aujourd'hui que pour la société dans son ensemble et pour les chefs d'entreprise en particulier, la maîtrise de l'épidémie de Covid n'est pas le seul souci. D'autres problèmes graves apparaissent. Des milliers d'indépendants ont été mis la tête sous l'eau. Ils sont en train de se noyer et n'acceptent plus la gestion "à l'ancienne" de la crise. Oui, nous voyons le bout du tunnel et l'activité reviendra avec les beaux jours. Mais pour beaucoup de professionnels, ce sera trop tard.
UCM a fait des propositions, demandé du soutien. Nous avons été écoutés. Nous sommes devenus des gêneurs. Mais nous continuerons à dire haut et fort que les entrepreneurs ne sont pas traités comme ils le méritent.

J'ajoute que le compte à rebours juridique est lancé et met en cause les restrictions des libertés. Dans ce contexte, la politique des tout petits pas suivie par le gouvernement est dangereuse. Un changement de stratégie s'impose depuis des mois mais à chaque Comité de concertation, le rendez-vous est raté.

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