Laetitia et Alessandro Biasucci

Grossiste en alimentation italienne

Persévérer et avancer

11/06/18

Ils sont jeunes, débordent d'idées et entreprennent en préservant leur vie de famille. Laetitia et Alessandro Biasucci gèrent en duo leur groupe de fournitures italiennes à Liège. Et ce n'est que le début !

Isabelle Morgante

Tous deux auraient pu rester salariés dans une multinationale basée à Liège, comme c'était le cas lorsqu'ils se sont rencontrés en mars 2011. Laetitia est alors employée, Alessandro électricien. C'est lui qui équipe les bureaux des nouveaux arrivants dans l'entreprise. Ils ne se connaissent pas mais se rapprochent à la faveur d'activités avec d'autres collègues. Ils ont les mêmes origines italiennes et se rejoindront (entre autres) sur le désir de créer quelque chose, d'entreprendre et d'oser abandonner un CDI en bonne et due forme.

Ils restent pourtant prudents, assurent leurs arrières et partent, pour tracer leur chemin, de l'envie pressante d'Alessandro de devenir pizzaiolo. Une semaine de formation du métier à Paris finira par les convaincre. "Nous n'avons pas lâché notre statut salarié tout de suite. Nous avons ouvert la pizzeria en avril 2013 mais pendant un an, j'ai combiné journée de travail à l'entreprise et soirée devant le four du restaurant, raconte Alessandro. À cette époque, nous n'avions pas d'enfants, Laetitia me rejoignait pour travailler en salle, tandis que la famille nous aidait pour les préparations fraîches."

Le succès est immédiat, les tables du "Pizza bar" de Saive ne désemplissent pas ; le couple trouve tout de même le temps de se marier en mai 2014. De cette union naîtront Nina et Enzo. Au bout d'un an de "double emploi du temps", Alessandro prend dans un premier temps une pause carrière, puis finit par démissionner de son poste salarié.

"Nous n'avons jamais voulu ouvrir le restaurant à midi, et pourtant nous avions beaucoup de demandes. C'était notre choix, pour préserver notre vie de famille, résume Laetitia. Jamais nous ne regretterons cette aventure car elle a été un formidable tremplin. Notre employeur nous a permis de nous rencontrer, la pizzeria de lancer notre premier projet et aujourd'hui, nous évoluons sereinement dans notre entreprise Bianello. Nous avons à peine plus de trente ans, c'est maintenant qu'il fallait prendre les risques", ajoute-t-elle.

Au début de la chaîne

De commun accord, au bout de l'aventure "Pizza bar" et surtout tenté de relever un nouveau challenge, le couple décide de remettre le restaurant en 2015, pour se consacrer entièrement à Bianello group. Alessandro se met en quête d'un bâtiment, qu'il trouvera au marché matinal de liège, une institution qui regroupe de nombreux indépendants dans le secteur horeca (lire par ailleurs).

"Au début, nous n'avions que 150 références de produits dans notre hall, le tout tenait quasi sur une palette, perdue au milieu des 700 m². Puis, je suis allé voir les grossistes, tandis que mon épouse téléphonait aux clients, un à un. Petit à petit, nous avons étoffé notre catalogue et aujourd'hui, nous sommes presqu'à l'étroit dans nos murs."

Le groupe Bianello, c'est dorénavant l'entreprise originelle, quatre employés, mais aussi le rachat d'un concurrent namurois il y a quelques mois. Spécialisé dans la fourniture de spécialités italiennes, Bianello group est né très rapidement dans l'esprit du couple, parce qu'il y avait aussi une place à prendre au soleil.

"Nous travaillons ensemble, Laetitia dans les bureaux et moi avec les clients mais, le soir, quand nous sommes à la maison, l'entreprise reste sur le pas de notre porte. Et lorsque nous sommes partis une semaine en vacances (ce fut le cas une seule fois en trois ans), j'ai eu des contacts quotidiens avec l'entreprise mais ça s'arrête là", explique Alessandro, complété par Laetitia : "Notre vie de famille est primordiale. J'ai toujours vu mes parents travailler beaucoup, moi je m'accorde le mercredi pour rester avec les petits."

Et si Alessandro est tous les jours de la semaine à l'entrepôt à 6 heures et demie du matin, il met la clef sous le paillasson à 15 heures. Pour justement profiter de sa famille.

"Même si nous étions persuadés de la réussite de notre projet, ça n'a pas été simple de convaincre les partenaires, notamment financiers. Heureusement, nous avions des fonds, qui nous ont permis d'avancer. Et puis, nous sommes animés de persévérance et c'est vraiment notre moteur. C'est ce qui a fait la différence, en plus d'un service à la clientèle qui est une belle valeur ajoutée."

Carte d'identité de l'entreprise

Bianello group


Laetitia et Alessandro Biasucci

Emploi : 4 équivalents temps plein

Marché matinal de Liège
avenue Joseph Prévers 29
4020 Liège

 

 

Un marché en perpétuelle évolution

Le marché matinal de Liège

Le marché matinal de Liège est inauguré en 1964, sur l'ancienne commune de Droixhe. Il s'agit d'un centre de distribution moderne, spécialisé dans les produits frais, à disposition de tous les grossistes de la Cité ardente et environs. Véritable petite ville, le marché dispose à l'époque d'une banque, des services de douane, d'un bureau de poste et de restaurants. Au fil des décennies, le marché matinal évolue bien sûr, avant de réduire la voilure dans les années 80, même si les restaurants aux alentours restent des adresses incontournables, notamment pour les amateurs de viande.

L'arrivée des grandes surfaces signe la fin, ou en tout cas la diminution, des maraîchers de proximité et de quartier. Le marché matinal en souffre, perd des clients, est peu à peu déserté. Son image de marque ternit...

En 2014, le conseil d'administration du marché prend les choses en main et lance un premier programme d'investissement de 400.000 euros. De quoi rénover une vingtaine de locaux, qui vont susciter l'intérêt de nouveaux locataires. En 2015, une deuxième phase d'investissement de même ampleur a été lancée avec un succès identique, ramenant le taux d'occupation à 80 %.

Aujourd'hui, en poursuivant les efforts, le marché matinal de Liège accueille 58 exploitants et affiche complet. La situation financière est assainie et de nouvelles perspectives pointent à l'horizon.

La construction d'une chaîne de froid pour des fruits et légumes produits en circuit court, sur un terrain de plus de 2.000 m², est prévue et intégrée dans les 30.000 m² existants, répartis sur 13 hectares.

Ouvert tous les jours à 4 heures du matin et idéalement placé au pied de l'échangeur autoroutier de Cheratte, contigu au réseau ferroviaire et à un clapotis de péniche du Trilogiport, le marché de Liège reçoit déjà la visite de plus de 100.000 personnes par an. Il s'inscrit dans le pôle de l'industrie alimentaire wallon, soit 21.000 emplois et 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

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