
Concessionnaire
Mercedes Lambert, poids lourd de l'utilitaire
22/04/25

Un utilitaire à la « belle étoile » ? Il y a toutes les chances qu’il vienne du Van ProCenter Mercedes Lambert à Suarlée. Spécialisé dans tout ce qui roule et qui n’est pas voiture, l’établissement familial voit camions, fourgons, ambulances, véhicules de la défense… se presser dans ses vastes ateliers. Découverte.
Une ambulance, un mastodonte de la Défense en pleine introspection mécanique, un « frigo », un semi-remorque… Sur le parking de Suarlée, l’étoile se veut chamarrée. L’étoile, évidemment, pour le symbole de Mercedes-Benz, l’Allemande dont l’établissement familial Lambert s’est fait une spécialité depuis plusieurs dizaines d’années. Avec une spécificité. « On ne fait pas de voiture », assure Raphaël Pirmez, le directeur du garage. Oui, posé là, comme ça, on est d’accord, la chose mérite une précision sous peine de serrer le moteur de la logique. « Nous ne faisons que des utilitaires, de tous types ». Donc, en paraphrasant, un garage sans voiture mais empli de véhicules divers et variés, « pour les indépendants du coin comme pour la Défense, la police, les loueurs… ».
Imposante structure sise sur les hauteurs namuroises, le garage est spécialisé dans ce secteur de l’utilitaire, souvent donc du BtoB, avec trois grands départements. « La vente, d’abord, avec entre 500 et 600 véhicules à l’année plus 200 occasions, avec l’objectif de 1.000 cette année », poursuit-il depuis son bureau surplombant un parking qui définit la notion d’agitation roulante tant s’enquillent les va-et-vient. « Avec les grands comptes, nous livrons les loueurs, Sixt, Hertz, Avis, Europcar, RST Location, Sobeltax… On prépare les véhicules et les livre clé sur porte. Et le but, vu que ce sont des loueurs, c’est de livrer le plus proche des dates de vacances. On livre vers le 29 juin, comme ça dès le premier juillet, ils peuvent être loués. C’est la spécificité de ces grands comptes. À côté de ça, nous avons tous les indépendants de la région, des peintres, des menuisiers, parc et jardins... Notre spécificité, c’est de donner le bon conseil technique au client avec nos trois technico-commerciaux, qui sont pointilleux sur tout ce qui est technique, en termes de volume, de masse tractable, de charge utile... Pour avoir le véhicule type pour le client. C’est son gagne-pain. Chaque jour qu’il l’utilise, c’est une source de rentabilité pour lui. » À ce département vente s’ajoute l’impressionnant espace « mécanique », pour le suivi ou les entretiens, et l’atelier « préparation de véhicule ».
Car, forcément, qui dit véhicule utilitaire dit modifications spécifiques pour épouser au mieux les besoins du client. « Sur un Sprinter (NDLR : les fourgons), il y a par exemple plus de 1.000 options. Nous avons des clients dont les véhicules nécessitent sept intervenants pour la préparation. On part du châssis-cabine puis tout y est assemblé. C’est notre vision du client-partenaire pour lequel nous réalisons du sur-mesure. Nous évoluons dans un marché extrêmement concurrentiel mais nous restons une petite structure, familiale, sur un seul site. Nous sommes une cinquantaine de personnes, donc une structure flexible par rapport à tous les grands groupes qui nous entourent. On est un peu le village gaulois dans ce secteur de l’automobile souvent fédéré en groupements de concessions mais avec notre spécificité de l’utilitaire qui nous permet de nous démarquer. Quand une personne rentre chez nous, elle vient pour un utilitaire. Elle sait qu’on possède cette connaissance technique. Là où les grands groupes vont plus mettre l’accent sur les voitures, le volume annuel. Et donc mettre un peu l’utilitaire de côté », sourit Raphaël Pirmez, qui a repris l’affaire à son grand-père et son père il y a sept ans. Et qui poursuit la croissance dans laquelle s’inscrit la structure jadis fondée par Georges Lambert, d’où la dénomination.
Situation géographique stratégique
Le garage, en pleine extension et voué d’ailleurs à être complètement transformé l’année prochaine, est du reste idéalement situé. À Suarlée, donc, à un tour de roues des importantissimes E411 et E42. « La localisation est en effet un de nos points forts », reprend le patron du « Mercedes Van ProCenter ». « Ça nous aide énormément dans tout ce qui est atelier camions. Nous avons d’ailleurs développé toute une clientèle qui a des sociétés basées dans les pays de l’Est. Nous nous sommes rendu compte avec mon père qu’ils passaient par ici avec leurs camions, du coup, nous sommes allés les voir. Désormais, ils nous envoient un mail, on leur répond dans les quinze minutes et on essaye de les accepter dans les deux à trois heures. On garde des plages dans le planning pour. Cela représente 40 % de nos effectifs et ça nous permet de lisser nos entrées, pour éviter les pics. Grâce à eux, on arrive à remplir notre planning. Juste pour cette clientèle, nous sommes passés de 30.000 à 500.000 euros de chiffre d’affaires. »
Outre les véhicules dits classiques qu’il est usuel de croiser sur les routes, le garage namurois travaille également avec la Défense. Notamment avec les fameux Unimog, soit la contraction en allemand de « engin motorisé universel ». Ces « petits camions à grosses roues », en général kaki, donc. « Nous avons toujours eu une relation avec la Défense. Voilà 60 ans qu’on travaille avec eux. Nous leur avons par exemple livré 1.800 véhicules de ce type dans les années 90. On maintient et entretient également cette flotte. C’est l’un de nos plus gros clients. Avec les loueurs dont je parlais, les grands comptes, qui représentent 400 unités. Et 200 pour tous les indépendants de la région. »
Le cas de l’électrification
Reste que la société se trouve, dans son développement, à un véritable tournant. Logique, pour ceux qui tracent la route, cela dit. Mais, sans mauvais jeu de mots, deux grandes évolutions touchent l’établissement. « Le modèle agent et l’électrification », résume le trentenaire, diplômé dans le monde de la finance. « Je commence par le second. Toute la gamme en utilitaire, du Vito au Classe V, existe en version électrique. Petit à petit, les performances sont de mieux en mieux mais l’autonomie, pour un Sprinter, ne dépasse pas les 400 kilomètres. Tout dépend de l’utilisation. Nous avons pas mal de sous-traitants de sociétés de livraison qui les utilisent et en sont très contents. Mais, globalement, le thermique est largement supérieur dans nos ventes. On doit être, l’année dernière, à une soixantaine d’électriques. Et si on en fait vingt cette année, c’est bien… L’électrique reste intéressant, nous y croyons vis-à-vis de la marque, mais il a encore des difficultés de performance et il reste toujours plus cher qu’un véhicule thermique. »
Difficile, en effet, d’imaginer une ambulance électrique, un véhicule d’urgence bloqué à sa borne car sa batterie n’a pas recouvré son souffle. « L’avantage de l’électrique est aussi sa déductibilité mais avec un utilitaire, on a déjà cette déductibilité. Donc il faut vraiment avoir un intérêt au niveau prix pour que ce soit intéressant pour le client ». L’autre point que le directeur met en exergue, c’est le « modèle agent », qui sera implémenté en 2026. « Nous sommes actuellement concessionnaires. L’idée, le pourquoi du changement, c’est une volonté d’efficacité de la marque, liée à l’arrivée du modèle Tesla, par exemple. Le système de distribution change. Actuellement, on facture au client. Plus tard, c’est Mercedes qui va le faire. Nous serons toujours point de livraison et on assurera toujours le conseil. Nous recevrons une rémunération lors de la livraison. L’achat pourra se faire sur Internet et le client renseignera le lieu de livraison. Ce modèle peut fonctionner pour la voiture mais pour l’utilitaire, j’ai la sensation que c’est plus compliqué. »
On en revient à la spécificité de chaque véhicule susmentionné, aux multiples intervenants qui vont le façonner, l’adapter.
« MÉCANICIEN ?
SI J’EN AI DIX EN PLUS, JE LES PRENDS »
Pour faire fonctionner un garage, il faut… Oui, des véhicules à entretenir ou réparer. Mais aussi ? Des mécaniciens évidemment. Et sur ce point, le boulon tourne sot. « Il est extrêmement difficile de trouver de la main-d’œuvre », souligne Raphaël Pirmez. « Nous réalisons de grosses campagnes pour recruter, avec notamment tous nos véhicules floqués ‘on cherche mécanicien’. On revalorise notre personnel, on vient notamment d’octroyer des chèques-repas à la CP112 (NDLR : commission paritaire relative aux garages). On essaye d’avoir une meilleure offre que sur le marché car, à mes yeux, les mécaniciens ont de l’or dans les mains. Il faut les revaloriser. On peut vraiment parler de pénurie pour ce secteur ».
Ils sont pas loin d’une trentaine chez Mercedes Lambert. Mais difficile de trouver de nouveaux collaborateurs pour rejoindre l’équipe. « Si j’en ai dix, d’office, je les prends. Au moins… », poursuit-il. « Nous avons réalisé un plan de croissance avec quatre nouveaux mécaniciens chaque année sur trois ans mais c’est un secteur en crise. Nous essayons vraiment de valoriser ce métier essentiel. »
Du reste, le patron insiste, il y a très peu de départs au sein de son garage. « Ceux qui viennent, ils restent », sourit-il.
CARTE D’IDENTITÉ DE L’ENTREPRISE

Garage Mercedes G.Lambert
- Emplois48
- CA40 millions d'euros
- Contact
Votre accompagnement UCM
« C’est un dossier qui roule bien », sourit directement Charline Delfosse, conseillère payroll UCM, à l’évocation du garage. Et sans même vouloir faire un jeu de mots, c’est dire la spontanéité de sa réaction. « J’ai des contacts avec les deux responsables RH et tout se passe très bien. Ils ont pris plusieurs services complémentaires, notamment celui de payroll en entreprise. Ma collègue Sylvianne Wilkin se rend chez eux pour encoder. Je convertis ensuite le dossier dans notre logiciel Appipay et traite la fiche de paie. Nous nous occupons aussi des chèques-repas et des écochèques pour eux. Donc, c’est vraiment un gros dossier qui fonctionne bien, même s’il peut s’avérer complexe au vu des heures supplémentaires à encoder. Nous avons créé des codes spécifiques pour eux car les personnes qui font du dépannage ont un type d’heure sup’ spécifique, notamment. »
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