Eaux, bières, sodas, vins, alcools, cafés… : les distributeurs de boissons ravitaillent l'horeca, les collectivités, les festivals, les particuliers. Bien utile quand le thermomètre grimpe.
Avec leurs camions remplis de casiers, ils passent approvisionner les bars et restaurants de nos villes. Les mois d'été sont leur meilleure saison. "Ils", ce sont les distributeurs de boissons. Environ 230 d'entre eux font partie de la Febed, la Fédération belge des distributeurs indépendants de boissons. Une majorité : ils représentent 80 % du chiffre d'affaires du secteur.
Leur profil est souvent identique. Ce sont des PME ; bon nombre sont des affaires familiales ; leurs implantations sont locales ; leurs enseignes sont bien connues des habitants. On en recense beaucoup plus en Flandre. Principalement parce que la population y frôle les 6,7 millions. Bruxelles, par contre, n'en compte… quasi pas. La capitale est donc approvisionnée depuis les Brabants flamand et wallon.
Guy Dewulf est le directeur de la Febed depuis janvier 2019, après une carrière notamment passée chez AB InBev.
© Febed
Les activités de ces brasseurs – appellation qu'ils partagent avec les producteurs de bières – sont en fait diversifiées. "On distingue quatre grands types de distribution, précise Guy Dewulf, le directeur de la Febed. Il y a la livraison à l'horeca, la livraison aux collectivités (hôpitaux, maisons de repos, etc.), l'approvisionnement des événements (festivals, salons, etc.) et enfin la vente au détail dans des magasins détenus en propre, les “drink shops”. Au total, l'horeca est le débouché le plus important, comptant pour 60 à 80 % des ventes."
Si les clients sont multiples, c'est aussi le cas des fournisseurs. Ces derniers sont pour la plupart des multinationales comme AB Inbev dans les bières, Coca-Cola dans les sodas, Danone ou Spadel dans les eaux, Diageo dans les alcools… Ces firmes possèdent également leurs propres circuits de distribution mais les brasseurs ont des atouts, dont le service aux clients, pour y faire face. Les premiers rivaux, ce sont plutôt les grandes surfaces.
L'activité principale des distributeurs de boissons consiste en la livraison aux cafés et restaurants.
© Febed
Les distributeurs de boissons constituent donc un maillon de la chaîne. Et particularité : ils fonctionnent régulièrement avec des accords spécifiques. Exemple ? Un distributeur accorde un prêt à une taverne pour se lancer et acheter tables et frigos. En retour, la taverne se fournit auprès de lui. "Ce type de relations existe parce que l'horeca se finance très difficilement auprès des banques. Notre secteur compense. Nos membres investissent chaque année plusieurs millions d'euros dans les cafés."
Ces accords verticaux sont encadrés. En théorie, ils sont interdits par la législation européenne sur la concurrence. Toutefois, les distributeurs bénéficient d'une dérogation, qui est garantie par un "règlement d'exemption" de l'UE. "En juin dernier, celui-ci a été renouvelé pour douze ans. Et la Febed a été partie prenante au processus ayant mené à cette révision."
Sur le plan économique, le secteur a été durement secoué durant la crise corona. Avec l'horeca fermé et les événements interdits, une bonne partie de la demande s'est à l'époque évanouie. Toutefois, depuis mars 2022, le volume d'affaires s'est rétabli. Il a même augmenté dans l'une ou l'autre zone. Seule exception : Bruxelles. "La capitale n'a pas encore retrouvé tous ses touristes, ni tous ses navetteurs."
La pandémie a demandé un surcroît de travail à la petite équipe de la Febed : un secrétariat de 2,4 équivalents temps plein (ETP) et un organe d'administration de 14 membres. "Des réunions se sont tenues toutes les semaines afin de suivre la situation, se souvient Guy Dewulf. Nous avons notamment veillé à obtenir des compensations équivalentes aux secteurs obligatoirement fermés comme l'horeca. Ce fut le cas en Flandre mais, en Wallonie, le soutien a tardé et il a fallu recourir à une manifestation pour nous faire entendre." Le 4 mars 2021, une quarantaine de camions ont donc débarqué devant le siège du gouvernement régional à Namur.
Au passage, cette crise Covid a confirmé une évolution née peu avant : les "drinks shops" gagnent des clients. Leur fréquentation est en hausse de 10 à 15 % par rapport à 2019. Il faut dire que ceux-ci ne sont plus de simples entrepôts mais des magasins à la décoration soignée.
À côté de la défense des intérêts sectoriels, la Febed entend poursuivre ses services aux membres : conseils individuels (en droit, fiscalité, etc.), informations (site web, newsletter, magazine), réseautage (forum annuel). Un abonnement a aussi été négocié pour que les PME puissent vérifier dans une base de données la solidité financière de leurs clients horeca. Enfin, pour le grand public, la "Journée du distributeur" est organisée chaque année en novembre. L'occasion de lever un verre.
[ febed.be }