Enghien | LaSemoLe développement durable a son festival

La manifestation festive, familiale et durable LaSemo a définitivement pris ses quartiers au parc d'Enghien. L'affiche des 7, 8 et 9 juillet prochains est pleine de promesses.

Le scoutisme forme la jeunesse : cette maxime sied parfaitement à Samuel Chappel, le responsable du festival LaSemo. Avec quelques autres chefs scouts, il a été à la manœuvre, dans les années 2000, de Woodscout, un festival de musiques variées et d'activités sportives organisé durant les camps d'été. "Le succès de l'événement grandissant, nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure en créant, à Hotton, en 2008, LaSemo, un festival placé sous le signe de la convivialité, de la diversité et du respect de l'environnement", se remémore Samuel Chappel. Tout en veillant aux paramètres de rentabilité financière, indispensable pour pérenniser ce type d'événement. Le succès fut immédiat.

S'amuser en respectant l'environnement

"L'environnement est souvent perçu comme une contrainte. Nous avons fait le pari inverse, en misant sur le(s) côté(s) fun de l'écologie", précise Samuel Chappel. C'est ainsi que se sont imposés tout naturellement l'utilisation de gobelets réutilisables, le tri optimal des déchets en vue d'une valorisation ou d'un recyclage adéquat, ou encore l'installation de toilettes sèches. De même, les décors sont réalisés, en grande majorité, à partir de matériaux recyclés. Et une attention particulière est portée au catering. "Nous imposons un cahier des charges très strict pour les foodtrucks. Produits locaux et de saison, prévention des déchets, proposition de plats végétariens et prix modérés sont ainsi au menu", ajoute Samuel Chappel.

La mobilité n'est pas en reste. De fait, le déménagement, en 2013, de Hotton à Enghien, idéalement situé et proche des infrastructures routières et ferroviaires, est gage d'une meilleure accessibilité. Sont aussi organisés des départs groupés à vélo ou en bus, alors qu'une plateforme de covoiturage permet aux festivaliers de voyager ensemble. "Nous veillons également à minimiser nos consommations énergétiques. Cela se traduit, autant que faire se peut, par des éclairages LED et des installations moins énergivores. Nous souhaitons aller plus loin encore en réalisant le bilan carbone du festival dans sa globalité", confie Samuel Chappel.

LaSemo © Hélène Rase

La durabilité dans toutes ses composantes

LaSemo ne se limite pas à des considérations écologiques. "Nous souhaitons que la culture, considérée par d'aucuns comme le quatrième pilier du développement durable, ne soit pas segmentée et propose ses plus beaux atouts, dans une diversité absolue", explique Samuel Chappel. Et de fait, cette pluridisciplinarité se traduit évidemment par des concerts, pour tous les goûts, mais aussi par du théâtre, des contes, du cirque, des courts métrages, des ateliers créatifs ou encore du "land art", le tout en un lieu naturel et prestigieux. "Le fait de disposer d'autant d'espaces et d'être soutenus par la commune d'Enghien nous permet de repousser nos limites. Et de nous réinventer à chaque édition, dans une optique d'amélioration continue", se réjouit Samuel Chappel.

La programmation est ainsi largement influencée par les festivaliers (23.000 en 2016) ainsi que les associations environnementales et sociales participant à LaSemo. "Nous analysons finement leurs doléances et propositions spontanées. Nous avons, en outre, créé un panel de 300 participants afin de les sonder sur différentes thématiques", poursuit Samuel Chappel. Les mécanismes de co-construction sont élargis auprès d'une centaine de bénévoles qui, l'année durant, préparent l'événement par l'animation de plusieurs groupes de travail (programmation, logistique, catering, informatique, hébergement, etc.). "À charge des six permanents de notre société de coordonner le travail de ces commissions. Bien plus que la recherche d'une rémunération, les bénévoles, à l'année ou lors de l'événement, au-delà du pass évidemment offert, révèlent un véritable engouement à participer à une entreprise qui a du sens", s'enthousiasme Samuel Chappel.

LaSemo © Focale 2.8

La culture pour tous est également au centre des préoccupations de l'équipe dirigeante. "Des concerts traduits en langue des signes pour les malentendants, des prix réduits pour les personnes précarisées ou encore un accès aisé pour les personnes en handicap sont autant de mesures mises en place au fil des ans", ajoute-il.

LaSemo a été récompensé, à plusieurs reprises, et notamment par le Prix belge de l'énergie et de l'environnement (EEAward) ou encore récemment le Prix Hainaut Horizon. Le festival est en lice pour le Grand prix des générations futures 2017. La démarche durable initiée par ses fondateurs a été, à n'en pas douter, précurseur et a fait des petits. Nombre de festivals, de théâtres de rue appliquent désormais ses recettes éprouvées. Plutôt que d'être effrayés par cette concurrence grandissante, les organisateurs de LaSemo se réjouissent, au contraire, de la diffusion des pratiques écologiques et socialement responsables. Samuel et son équipe comptent bien poursuivre sur la même voie. Leurs labels Clef verte et ISO 20121 en sont une garantie...

 

LaSemo

 

Impacts cachés et pistes d'amélioration 

En comparant les ratios des impacts environnementaux des festivals avec ceux générés par des activités domestiques classiques, on constate d'emblée deux points noirs pour les festivals : une consommation de papier et une production de déchets importantes. Selon l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, France), chaque participant à un festival produit en moyenne quotidiennement 500 grammes de déchets, dont plus de la moitié serait facilement valorisable, et consomme 100 grammes de papier. Le constat ne s'arrête pas là puisqu'à elle seule, l'utilisation de la voiture par le public représente aussi 75 % des émissions des gaz à effet de serre de l'événement. S'il est méconnu, cet impact indirect n'en est pas moins interpellant.

Ces éléments montrent l'enjeu que peut représenter une gestion globale et cohérente de l'environnement dans le secteur événementiel. Pour améliorer la situation, des outils existent, tels que le site evenementresponsable.fr, qui permet aux responsables d'événements d'identifier et d'évaluer les impacts les plus considérables de leurs réalisations. En fonction des résultats, l'outil génère ensuite des pistes pour aider l'entrepreneur à initier des actions dans le bon sens et à pouvoir communiquer sur ces dernières. Les festivals offrent en effet des perspectives de sensibilisation importantes envers leurs participants.

Pour les entreprises bruxelloises, la cellule éco-conception de l'UCM propose également un accompagnement gratuit en matière d'événementiel durable.

 

http://eco-conception.be/fr/secteur/15-evenementiel.html