Denuo, organisation professionnelle membre UCMLe recyclage a le vent en poupe
Les entreprises de tri et de recyclage des déchets sont depuis toujours dépendantes des prix auxquels le marché leur reprend les matières traitées. Actuellement, ceux-ci sont au plus haut.

Jean-François Pinget est le spécialiste Denuo pour la Wallonie. Stany Vaes dirige la fédération.
© Denuo
67 millions de tonnes : c'est le nombre total de déchets produits en Belgique chaque année. Un décompte qui date de 2018 mais reste de référence. Dans cette masse, les déchets ménagers ne représentent qu'une toute petite partie : environ 4,8 millions de tonnes. L'industrie (34,7 millions) et la construction (22,6 millions) génèrent l'essentiel. Les services (4,7 millions) et l'agriculture (0,2 million) complètent le flux. "C'est un aspect méconnu de notre secteur", souligne Stany Vaes, le general manager de Denuo, la fédération des entreprises actives dans le traitement et le recyclage des déchets.
Denuo – qui signifie "de nouveau" en latin – représente quelque 270 membres. Des compagnies et des filiales aux profils particulièrement divers. On trouve à la fois des grands groupes (comme le français Veolia, qui vient d'absorber son homologue Suez), des PME, des "généralistes" qui couvrent toute la chaîne des opérations, des "spécialistes" qui sont actifs sur un seul maillon… "Et c'est sans compter la répartition par type de matériaux, complète Jean-François Pinget, senior advisor, en charge notamment des dossiers wallons. Verres, papiers, métaux, plastiques, huiles, textiles, matériel électronique, déchets chimiques, terres excavées…"
Tout ce monde, Denuo le rassemble sous une même bannière. Cette fédération est issue du regroupement en janvier 2020 de Go4Circle, qui représentait jusque-là les recycleurs, et de Coberec, qui recrutait surtout parmi les récupérateurs. Devant la multiplication de enjeux, leur union s'est logiquement imposée. Précision importante : Denuo ne représente que les privés. Pas les intercommunales de déchets, donc.
"Notre rôle tient dans les “3 R” : rassembler, représenter et renforcer, explique Stany Vaes. Rassembler car, vu les profils (et les intérêts) très diversifiés de nos membres, il convient de forger des consensus. Représenter, car les contacts avec les autorités sont indispensables, tout comme avec les syndicats (le secteur relève de quatre commissions paritaires). Enfin, renforcer, car nous veillons à nous faire connaître à l'extérieur et aussi à assurer des services en interne : actualités, formations, réseautage, etc."
Le train de l'économie circulaire
Et le secteur, comment se porte-t-il ? "Il a le vent en poupe, assurent les deux représentants. On constate en effet un momentum en faveur du retraitement des déchets. La reprise post-Covid et la guerre en Ukraine ont montré l'importance de réutiliser les ressources plutôt que de trop dépendre des matières premières. La Chine a cessé d'importer tous déchets, libérant ainsi des flux pour les recycleurs européens. Le grand public est devenu plus soucieux des produits durables. Les autorités ont pris des mesures plus volontaristes. Comme l'Europe qui obligera en 2025 les producteurs de boissons à utiliser des bouteilles PET faites à base de 25 % de matières recyclées. Sans oublier la notion d'économie circulaire qui est dans tous les esprits…"

L'extension des déchets admissibles dans le "sac bleu" a dopé les besoins en recyclage de plastique.
© Denuo
Concrètement, le différentiel entre les prix des matières recyclées et les prix des matières vierges se réduit, au bénéfice des premières. "Cela ouvre des perspectives et, dans certains cas, permet des investissements, se réjouit Jean-François Pinget. Un exemple parmi d'autres : une nouvelle usine de recyclage de plastique PET, baptisée Filao, va s'ouvrir à Couillet à l'initiative de Veolia et des Sources Alma."
Si les choses bougent, créer de nouvelles filières de recyclage est loin d'être simple. À l'équation économique s'ajoutent des problèmes pratiques. "C'est ainsi que nous discutons maintenant avec les fabricants de produits et d'emballages afin qu'ils mettent sur le marché des biens qui puissent être recyclés plus facilement. C'est une nouvelle phase de notre action."
Et l'avenir ? "Cinq objectifs sont inscrits sur notre feuille de route, détaille Stany Vaes. Un : poursuivre le dialogue avec les autorités et les producteurs d'emballages en vue d'augmenter les taux de recyclage et de réutilisation. Deux : continuer les créations nettes d'emplois. Trois : introduire de l'automatisation et de la digitalisation dans les usines. Quatre : prendre le tournant écologique dans le domaine des transports, qui sont très importants pour notre fonctionnement. Cinq : veiller à ce que les intercommunales publiques jouent avec les mêmes règles de concurrence que les nôtres (NDLR : un litige est toujours en cours avec l'agence régionale Bruxelles-Propreté)." Voilà un programme qui, lui, durera quelque temps.
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