Parler d'entrepreneuriat au féminin, c'est un peu comme décider d'ajouter des couleurs à une toile monochrome. Ouvrir une fenêtre sur un avenir plus audacieux. Et si on ne compte plus les exemples d’entrepreneures Made in Belgium, il nous reste encore du chemin pour créer de vraies conditions favorables à leur développement.
Une plus grande présence des femmes dans l'écosystème entrepreneurial est essentielle. La promotion de l'entrepreneuriat féminin bénéficie non seulement aux entreprises, mais aussi à l'ensemble de la société. En envisageant la création de nouvelles opportunités, la réduction de la pauvreté, la stimulation de l'innovation et la lutte contre les inégalités de genre, nous comprenons l'impact positif de cette dynamique. Le dernier baromètre de l’entrepreneuriat féminin du réseau Diane–UCM fournit des éclairages précieux sur la situation des femmes dans le monde entrepreneurial en Wallonie et à Bruxelles- Capitale. J’en reprends quelques-uns ci-dessous.
Actuellement, environ 35 % des indépendants en Belgique sont des femmes, avec une évolution positive (même si lente) sur les cinq dernières années. La Wallonie affiche un taux de 37 % alors que la Région bruxelloise s’arrête à 29 %. Ce dynamisme est particulièrement visible dans les professions libérales, où les femmes représentent 46 % des indépendants, soit près de 186.500 entrepreneures. Le désir d'épanouissement professionnel et d'autonomie figure parmi les principaux moteurs des femmes dans leur parcours entrepreneurial. Ces motivations reflètent un choix positif plutôt qu'une réaction à une situation contraignante. Pourtant, les obstacles persistent dans le parcours entrepreneurial des femmes. L'accès au financement et la charge mentale sont régulièrement cités comme des défis majeurs. Malgré ces difficultés, 68 % des femmes interrogées dans l'enquête du réseau Diane-UCM n'ont jamais regretté leur choix entrepreneurial.
L’actualité de ces dernières semaines nous rappelle que vivre de son activité entrepreneuriale est un défi de taille pour de nombreux entrepreneurs. Les agriculteurs en sont le dernier exemple médiatisé. Malgré leur passion, leur dévouement et leur ingéniosité, notre dernier baromètre Diane-UCM révèle que plus de la moitié (56 %) des femmes entrepreneures estiment que leurs entreprises ne génèrent pas suffisamment de revenus pour leur permettre de vivre dignement. Cette réalité met en lumière les obstacles financiers auxquels sont confrontées ces femmes dans leur quête d'indépendance économique.
En effet, être entrepreneur implique souvent des risques financiers considérables. Les coûts de démarrage et les investissements initiaux peuvent être prohibitifs, et la gestion quotidienne des finances peut s'avérer complexe. Les femmes entrepreneures font face à des défis supplémentaires, tels que l'accès limité au financement, les inégalités salariales persistantes, une confiance en soi mise à rude épreuve, sans parler de quelques préjugés qui restent dans le milieu des affaires. Cette situation est exacerbée par le fait que près de 40 % des femmes entrepreneures déclarent ne pas être financièrement indépendantes. Cette dépendance financière peut avoir des conséquences dévastatrices sur leur liberté et leur autonomie. Elles peuvent se retrouver prises au piège dans des cycles de dettes ou contraintes de renoncer à leurs aspirations entrepreneuriales pour des emplois plus stables mais moins gratifiants sur le plan personnel.
En fin de compte, que ce soit sur le terrain de l'entrepreneuriat ou des champs fertiles, le combat pour un revenu juste et une reconnaissance adéquate est le même. C'est un appel à la justice économique, à l'égalité des chances et au respect de ceux qui façonnent notre monde de manière profonde et significative.