ITAA« La facturation électronique, c’est plus qu’une évolution. C’est une RÉVOLUTION »
Le premier janvier 2026, ce ne sera plus une projection mais une réalité. La facturation électronique deviendra la nouvelle norme. Et l’unique. De quoi soulever bien des questions et, parfois, des craintes. Vincent Delvaux, expert-comptable certifié et vice-président de l’Itaa, a d’ailleurs décortiqué cette facture 2.0 lors d’Inspirations X Cafés-Conseils, juste avant les fêtes.

Vincent Delvaux (Itaa).
Une colline aux fantômes ? Pire, une montagne ? Voire un Léviathan ? Ou, au contraire, une opportunité, un souffle, un changement vers un mieux 2.0, tout simplement ? La facturation électronique charrie son lot. De tout en fait. Comme toute nouveauté, entre peur(s) et entrain, le spectre est vaste pour cette réalité qui sera obligatoire le premier janvier 2026. Pour en saisir tous les contours, un peu comme on n’érige pas un mur sans poser les fondations, autant échafauder une définition de ladite facturation. Selon la Bible qu’est le site internet du Ministère des finances, « il s’agit d’une facture électronique qui est établie, envoyée et reçue dans une forme électronique structurée. Cela permet son traitement automatique et électronique. Dans la législation TVA, il s’agit de la définition la plus stricte d’une facturation électronique. C’est ce type de facture qui sera obligatoire à partir du 1er janvier 2026 pour les opérations entre deux entreprises belges assujetties à la TVA (B2B). » Assujetties au sens large, c’est-à-dire qui n’effectuent pas exclusivement des services visés par l’article 44 CTVA.
Voilà pour la base. Qui engendre directement une réflexion. « C’est une révolution, le mot n’est pas trop fort », expose Vincent Delvaux, Expert-Comptable & Fiscal certifié et vice-président de l’Itaa. « On parle beaucoup de numérique depuis longtemps mais il y a encore peu d’entreprises qui sont vraiment numérisées. Et, par définition, on n’aime pas le changement. Personne n’aime ça. Quand il y a du changement, on doit sortir de sa zone de confort, ce qui peut engendrer stress, énervements et incompréhensions. Ici, le fait que ce soit une obligation va accélérer le processus. Avec en outre l’intelligence artificielle qui va venir se greffer à tout ça. Jusqu’à présent, il ne s’agissait que d’une évolution. Désormais, avec cette facturation électronique, il va s’agir d’une révolution », poursuit l’orateur sur ce sujet lors d’Inspirations Cafés-Conseils.
« Pas par mail ou en PDF »
Autant, dans la foulée, tordre le cou d’une idée qui ressort à l’évocation électronique comme les guirlandes avant les fêtes. « Non, envoyer sa facture par mail ou la réaliser par PDF ou Word, ce n’est pas une facture électronique », reprend-il. « On parle ici d’un format bien particulier. Il s’agit du format UBL ». Pour dans la version décortiquée, Universal Business Language. En substance, un format standard destiné à faciliter l’échange de documents électroniques, et, donc, notamment les factures. De quoi lui permettre de passer par Peppol. Oui, encore un acronyme… Peppol, pour Pan-European Public Procurement Online. Soit un réseau fermé qui permet d’envoyer en toute sécurité des documents commerciaux numériques, pour faire simple. « Donc, fini la poste, les factures papier… Tout sera centralisé sur un réseau dédié aux factures. Semblable, finalement, à ce qui existe pour les téléphones. Un point d’accès, soit mon opérateur. Une adresse, soit un code unique pour s’y connecter. Je pointe plusieurs avantages à ce système. D’abord, toutes les factures arrivent au même endroit. Les données sont consultables tout le temps, avec un temps de traitement réduit et des paiements nettement plus rapides. La trésorerie évolue quasiment en temps réel et le risque de mauvais encodage, d’erreur, est réduit.
Pour étayer le propos, Vincent Delvaux a, durant sa conférence à Suarlée, pris l’exemple du plombier français auquel il a dû faire appel il y a quelques années. « Quand il a eu fini, il a pris sa tablette. Pas pour me demander mon mail et m’envoyer par la suite la facture. Non, il y avait directement un terminal de paiement. Cerise sur le gâteau, il m’a dit que sa facture est immédiatement disponible pour son expert-comptable et imputée dans sa comptabilité. Un gain de temps énorme et la certitude d’avoir directement son argent. Et ce n’était pas un plombier tout jeune… enfin, pas un vieux non plus. Je dois faire attention à ce que je dis, j’ai 58 ans », sourit-il. « Cela dit, ça n’a rien de compliqué. J’ai des amis de 90 ans qui ont un gsm. S’ils savent se servir d’un gsm, ils savent utiliser un outil d’émission de factures. Il ne faut pas une montagne de matériel sophistiqué. Un ordinateur, voire une tablette ou un téléphone peut suffire. En outre, rien n’empêche d’envoyer un PDF à côté, comme le font, par exemple, les fournisseurs d’électricité qui invitent à payer sur leur plateforme mais incluent le document dans le mail de facture ».
« Pourrais-je les imprimer ? »
Restent alors les délais. L’obligation est actée dans l’encre de la législation et débutera le premier janvier 2026. « C’est demain, si j’ose dire », reprend le vice-président de l’Itaa. « Je dis cela car c’est une chose qui se rajoute à pas mal d’obligations administratives tombées sur les experts-comptables et Conseillers fiscaux. Et vu qu’ils sont les conseillers privilégiés, c’est vers eux que les entreprises vont se tourner. Donc, j’ai envie de dire que ce n’est pas trop tard mais il est temps de se mettre en route. Les entreprises devraient être plus réceptives, or, elles se disent que c’est encore une obligation, qui va encore coûter. C’est grâce à des organisations importantes comme UCM que l’attention du monde économique commence à être attirée sur cette obligation. À commencer par les experts-comptables, les premiers concernés. La première chose, c’est de faire passer le message que c’est le moment. On a toujours eu les factures en main, on doit encore les avoir, mais autrement. La deuxième, c’est de dire à nos clients, on est là pour vous, ne paniquez pas. D’ailleurs, foncièrement, pour eux, ça ne doit rien changer. »
À l’heure actuelle, la partie du champ à labourer reste extrêmement vaste puisqu’un peu plus de 20 % des entreprises sont prêtes. « Donc, 80 % doivent l’être dans douze mois. Mais ça peut aller très vite », assure Vincent Delvaux. « Beaucoup de grandes et moyennes entreprises sont quasiment prêtes ou ont des systèmes informatiques pour la facturation. Ce n’est donc qu’une évolution ou une mise à jour de leur programme. Dans les plus petits dossiers, il faut surtout les convaincre que ce passage à la facturation électronique sera une facilité pour eux. On va vraiment booster l’expert-comptable avec de nouveaux outils », conclut-il. C’est, cela étant, assez symptomatique d’une habitude qui peine logiquement à s’affirmer face à la nouvelle norme, la première question de l’assemblée d’experts-comptables réunis à Suarlée a été : « Mais pourrais-je toujours imprimer les factures ? ». Ce à quoi répond Vincent Delvaux : « On ne passe pas au numérique pour imprimer, c’est faire deux fois le travail. Plus, c’est même faire marche arrière… » Il reste encore plus de onze mois…
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