Reporting extra-financier
« Chaque aspect du monde entrepreneurial va être touché par cette TRANSITION DURABLE »

Silvia Doga

Silvia Doga

De plus en plus d’entreprises vont être appelées à effectuer un reporting extra-financier. Qui est concerné par ce reporting ? Que doit-on y déclarer ? Tour d’horizon avec Silvia Doga, conseillère au service d’études UCM.

En cette année 2025, de nombreuses entreprises vont être concernées par la directive CSRD. En quoi consiste-t-elle ?

La directive CSRD impose aux entreprises un reporting extra-financier structurant. Jusque-là, seules quelques très grandes sociétés étaient soumises à des obligations non financières, souvent sous des formes variables et non harmonisées. Avec la CSRD, environ 2.500 grandes entreprises belges (50.000 en Europe) sont, depuis cette année, tenues de produire des rapports standardisés sur leurs impacts environnementaux, sociétaux et de gouvernance.

Cela ne concerne donc qu’un petit nombre de sociétés ?

Pas vraiment. L’effet de ruissellement de cette directive est significatif. Ces grandes entreprises doivent évaluer leur durabilité sur l’ensemble de leur chaîne de valeur, ce qui inclut souvent leurs fournisseurs. Or, ces fournisseurs sont fréquemment de petites ou moyennes entreprises. Ces dernières pourraient donc être appelées à fournir des données extra-financières pour répondre aux exigences de leurs clients. Bien que la loi belge n’ait pas encore été publiée au Moniteur, le texte final est déjà connu et les grandes lignes sont définies.

Que pourront demander les grandes entreprises aux plus petites ?

UCM, en collaboration avec UNIZO et l’ITAA, a travaillé activement pour protéger les petites entreprises contre des exigences disproportionnées. Nous avons obtenu des garanties importantes, comme l’obligation de proportionnalité des demandes en fonction de la taille des entreprises et l’absence d’audit obligatoire pour les PME. Celles-ci restent libres d’opter pour un audit si elles souhaitent s’inscrire dans une démarche volontaire de responsabilité sociétale (RSE). La réduction de la charge administrative a également été une priorité pour nous. Cela dit, les PME doivent anticiper ces évolutions. Même si elles ne sont pas directement concernées par les obligations en 2025, elles pourraient être sollicitées dans les prochaines années, notamment dans le cadre du calendrier échelonné jusqu’en 2028. Un pas important a d’ailleurs été fait en novembre dernier avec l’adoption par l’European Financial Reporting Advisory Group de la norme volontaire VSME, spécialement dédiée aux PME non cotées. Ce cadre simplifié permet aux petites entreprises de répondre aux attentes croissantes de durabilité tout en valorisant leurs efforts en matière de RSE.

On pense beaucoup à l’environnement quand on parle de durabilité, mais d’autres critères rentrent également en compte.

Exactement, la durabilité ne se limite pas à l’écologie. On parle aussi d’impact sociétal et de bonne gouvernance. Chaque entreprise devra s’adapter selon sa réalité. Par exemple, une entreprise industrielle sera probablement davantage concernée par les émissions de CO2 et la gestion des déchets, tandis qu’une autre, dans le secteur tertiaire, pourrait se concentrer sur son rôle social et la gouvernance. Ce spectre élargi rend le reporting d’autant plus pertinent pour refléter la diversité des impacts.

Les entrepreneurs se rendent-ils compte de ce qui les attend ?

Nous pensons que le moment est venu de lancer un véritable « call to action ». Les PME doivent commencer à réfléchir à cette question et à s’y préparer, avant d’être confrontées à des demandes concrètes. Cette transition va toucher chaque aspect du monde entrepreneurial. Mais ce n’est pas qu’une contrainte, c’est aussi une opportunité unique pour une entreprise de montrer qu’elle porte des valeurs fortes, ce qui peut devenir un atout majeur pour attirer et retenir des talents. Cette réflexion permet également d’ajouter de la valeur à leurs produits ou services. Cela dit, il serait illusoire de nier que cela demandera un effort significatif.

Comment savoir ce qu’on doit déclarer ou non en cas de demande de reporting RSE ?

Différentes ressources existent pour accompagner les entreprises. Les fédérations sectorielles sont particulièrement actives sur ce sujet. Par exemple Embuild, la fédération de la construction et Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire, préparent des guides pratiques spécifiques pour leurs membres. UCM joue aussi un rôle actif en proposant des accompagnements sur les questions environnementales depuis plusieurs années. Depuis 2025, un nouveau service, le Guichet de la durabilité, permet par ailleurs à toutes les entreprises wallonnes et bruxelloises d’accéder à des outils concrets et des conseils adaptés à leurs besoins.

Un dernier mot pour conclure ?

Mon message est clair : cette transition représente une opportunité unique pour les entreprises. Celles qui s’adaptent peuvent devenir davantage compétitives. UCM est présente pour les accompagner tant sur le plan pratique que sur celui du lobbying. Nous continuerons à veiller à ce que les pouvoirs publics assument leur responsabilité à tous les niveaux. Ensemble, nous pouvons transformer cette contrainte en levier de croissance et de création de valeur pour le futur.

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