Le combat du moment
"La récré est terminée, maintenant les décideurs doivent agir"

Plus de neuf mois après les élections de juin 2024, Bruxelles est la dernière région de notre pays à attendre son gouvernement. Il est pourtant urgent d’agir et de prendre des mesures fortes pour redresser la barre d’un bateau sans capitaine qui part inlassablement à la dérive. Julie Lambotte, conseillère au service d’études UCM et spécialiste de l’entrepreneuriat dans la capitale, analyse les conséquences de cette absence de stabilité.

Emploi, mobilité, écologie, sécurité... Les axes d’action pour améliorer l’entrepreneuriat à Bruxelles ne manquent pas. Une de ces thématiques est-elle prioritaire pour UCM ?

Elles sont toutes importantes, mais je pense particulièrement à la mobilité. C’est un point qui tracasse beaucoup les entrepreneurs. On a réalisé fin d’année dernière un baromètre avec Brupartners sur la mobilité et la problématique du stationnement. On a clairement vu que les entrepreneurs et leurs clients sont confrontés à des difficultés pour se garer, ce qui engendre par ruissellement une diminution du chiffre d’affaires. L’accès à leur business pour les travailleurs et les fournisseurs est aussi pénible…. Ce qui pousse certains à quitter Bruxelles ou à ne pas s’y installer. Plus fondamentalement, il y a un manque de cap, de certitudes sur ce que sera Bruxelles dans le futur. Sans gouvernement, aucune décision n’est prise alors qu’on a besoin de réformes.

Doit-on faire marche arrière par rapport à Good Move ?

Non, je vais être très claire sur le sujet. C’est le voeu de certains mais nous, on ne le demande pas. Certaines mesures fonctionnent très bien dans Good Move. On n’a pas d’autre choix que de tenir compte de la transition durable et des normes qui y sont liées. Il est par contre nécessaire d’évaluer ce plan en incluant les acteurs économiques afin d’améliorer ce qui ne marche pas.

En janvier dernier, le « rapport PME » d’UCM soulignait que la proportion de nouvelles entreprises était plus faible à Bruxelles que dans le reste du pays. Une tendance qui était particulièrement marquée en 2023. Comment l’expliquer ?

On en a déjà un peu discuté mais la mobilité, le manque de certitudes sur l’avenir de la région, la fiscalité trop importante, la lourdeur des procédures administratives, la propreté, la sécurité… Tout ça fait qu’il est compliqué de s’installer à Bruxelles. Puis ça coûte aussi cher. Il suffit de regarder le prix et la disponibilité du foncier. Le manque de cap clair sur le futur des primes à l’expansion économique et à la rénovation (pour ne citer qu’elles) constitue également un frein. Imaginons un entrepreneur qui a un super projet et qui va, avec son business plan, auprès d’une banque pour obtenir un financement. Si elle souhaite s’implanter à Bruxelles pour le moment, cette personne ne saura pas si elle pourra recevoir des subventions pour rénover son bâtiment, pour engager son premier travailleur… et ne pourra donc pas inclure ces données dans son business plan. Ajouté à cela l’incertitude économique qui règne dans la Région, il est clair que la banque réfléchira à trois fois avant de financer le projet. Et l’entrepreneur, il n’aura d’autre choix que d’aller dans une autre région.

La région n’est, par ailleurs, pas épargnée par les pénuries de main-d’oeuvre…

La dernière liste communiquée par Actiris fait état de 102 métiers en pénurie, principalement dans la construction, les soins, l’Horeca et l’enseignement. À côté de cela, nous avons plus de 90.000 demandeurs d’emploi inoccupés à Bruxelles. Il y a donc un réel besoin et de la main d’oeuvre disponible. L’enjeu est de faire matcher l’offre et la demande et cela coince. Bruxelles, comme la Région wallonne, a en effet besoin d’une réforme du marché de l’emploi. Cela passera nécessairement par une réforme d’Actiris et de Bruxelles-Formation pour accompagner les demandeurs d’emploi et leur permettre de rapidement trouver un emploi. Compte tenu des évolutions sur le marché de l’emploi bruxellois et de la réforme annoncée des allocations de chômage, UCM attend du nouveau Gouvernement bruxellois qu’il fasse de la pénurie sur le marché du travail une priorité absolue. Il est essentiel que la liste des métiers critiques et en pénurie telle qu’elle existe actuellement soit complétée par une enquête annuelle de besoins de main-d’oeuvre auprès des entreprises.

Aujourd’hui, quel message voudriez-vous adresser aux hommes et femmes politiques bruxellois qui nous lisent ?

J’aimerais dire aux politiques que la fin de la récré a sonné. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités et se réunisse autour de la table pour former un gouvernement. Notre objectif n’est pas de pointer du doigt l’un ou l’autre parti. Mais les décideurs doivent se regarder dans le miroir et mettre de côté certains principes pour le bien de la région, de ses habitants et de ses chefs d’entreprises. On ne peut plus attendre, ça a assez duré. La situation n’était pas bonne avant les élections de juin, elle est devenue catastrophique.

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