Accès à la profession
Un besoin d'uniformité

L'année dernière, la Région de Bruxelles-Capitale a annoncé la réforme de ses accès à la profession, à savoir les conditions préalables à remplir pour se lancer en tant qu'indépendant.

Cette réforme, entrée en vigueur début 2024, se déroule en deux temps. Depuis le 15 janvier 2024, il n'est plus obligatoire, dans la région de Bruxelles-Capitale, de prouver ses connaissances en gestion de base. Cette compétence pouvait être validée à l'aide de n'importe quelle preuve d’un diplôme du supérieur reconnu en Belgique, via un certificat relatif aux connaissances de gestion de base, voire grâce au CESS (Certificat d’Enseignement Secondaire Supérieur) obtenu avant le 30 septembre 2000. Il était également possible de faire reconnaître son expérience pratique de dirigeant.

La deuxième phase de la réforme entrera en vigueur à partir du 1er avril 2024. Elle supprime l’obligation de prouver certaines compétences professionnelles pour les grossistes en viandes, les dégraisseurs teinturiers, les pédicures, les masseurs et les techniciens dentaires. À la même date, Bruxelles a également choisi de simplifier les règles relatives à l’exercice et l’organisation des activités ambulantes et foraines : finies les autorisations pour ces activités, sauf celles nécessaires pour la vente de porte-à-porte.

Un risque supplémentaire de faillite

Conséquence de cette réforme, la Belgique se trouve aujourd'hui avec un système à trois vitesses.

La Région flamande a décidé, à partir de 2018, de lever tous les accès (gestion de base et spécifiques). La Région wallonne a, quant à elle, supprimé plusieurs accès spécifiques (les mêmes qu'à Bruxelles) mais a conservé la gestion de base et les accès spécifiques dans la construction, les métiers de contact (esthétique, coiffure) et pour la restauration. Ces différences notables de réglementation entraînent une concurrence non souhaitable entre les régions et impactent fortement Bruxelles, étant donné sa proximité immédiate avec la Flandre et la Wallonie.

Il n'était ainsi pas rare de voir des entrepreneurs bruxellois lancer leur activité en Flandre pour éviter toute justification. "Cela ne va pas, l'entrepreneuriat ne se limite pas aux frontières régionales", déplore Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM. "On nous dit qu'on supprime la gestion de base car c'est un frein à l'entrepreneuriat. Je peux l'entendre, mais on oublie pourquoi on a fait ça au début. Être indépendant, c'est également être gestionnaire d'une boîte, aussi petite soit-elle. Et en enlevant cet accès, on donne l'impression que c'est facile de gérer une entreprise. Sauf que, dans les faits, on a beaucoup de retours de comptables ou de professionnels du chiffre qui nous font part de difficultés à ce sujet chez les entrepreneurs. Diriger une boîte nécessite des réflexes particuliers que l'on ne doit pas forcément avoir quand on est employé dans une fonction qui n'est pas comptable."

Parce que créer une entreprise, au-delà d’une volonté de fer, cela demande de suivre de (trop) nombreuses règles d’administration, de savoir communiquer et surtout, de savoir correctement s’entourer. En supprimant la gestion, la crainte d'UCM est d'observer une hausse des faillites ou des ruptures d'activité qui auraient pu être facilement évitées. C'est pourquoi il est nécessaire de mettre en place des dispositifs d'apprentissage sous forme d'outils facilement accessibles ou de vidéos pédagogiques. Les administrations vont aussi devoir s’adapter et se montrer plus disponibles pour accompagner ce nouveau public d’entrepreneurs. Cette réflexion ne vaut que pour la gestion de base et pas pour les accès professionnels, qui doivent absolument rester obligatoires.

À l'heure actuelle, la Wallonie ne compte pas s'aligner sur Bruxelles. Ni sur la Flandre où tous les accès ont été supprimés. "Je ne veux pas tomber dans l'analyse facile mais, aujourd'hui, la Flandre se retrouve avec un nombre record de faillites. Il serait faux de dire que c'est juste à cause de ça mais on peut quand même s'interroger sur la libéralisation folle de l'entrepreneuriat sous prétexte qu'il faut enlever toute complexité pour se lancer. Alors oui, on est contre les freins à l'entrepreneuriat. Soyons très clairs là-dessus. Mais, derrière, il y a la question de la qualité, qui ne doit pas être bâclée", conclut Caroline Cleppert.

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