Alibaba à Liege Airport
Une fenêtre ouverte sur la Chine et des emplois

Le 14 décembre, l'accord a été signé : le géant chinois de l'e-commerce Alibaba s'installe à l'aéroport de Liège. Ce sera une de ses principales entrées logistiques en Europe.

Le groupe chinois Alibaba a choisi Liege Airport comme hub européen.
© Jean-Luc Flémal/Belpress.com

L'ambition du groupe Alibaba est de distribuer en 72 heures (trois jours) des colis de Chine en Europe et vice versa. L'investissement est de 75 millions d'euros dans un premier temps. Un entrepôt de 380.000 m² sera construit. Les emplois créés seront limités en raison de la robotisation importante de ces centres logistiques. Alibaba ne devrait pas embaucher plus de 900 personnes. Mais des postes de travail périphériques vont apparaître : douaniers, transporteurs et sous-traitants en tous genres. Au total, 3.000 personnes devraient à terme travailler en lien avec le hub chinois.

Les autorités publiques se sont félicitées sans réserve de cet investissement. Le Premier ministre Charles Michel (MR) est venu lui-même signer la convention avec les patrons d'Alibaba. Le gouvernement wallon et les responsables économiques liégeois se sont également frotté les mains. Après un demi-siècle de désinvestissements spectaculaires, c'est un retournement !

Le concert de louanges n'est pas unanime. Le transport aérien, sur de longues distances, de marchandises souvent ordinaires n'est pas un modèle de développement durable. Les nuisances ne seront pas nulles, en matière de bruit et d'encombrements routiers. Certains craignent aussi une inondation de produits chinois bon marché, fabriqués dans des conditions fiscales, sociales et environnementales douteuses, qui viendraient tuer des entreprises locales.

Ce dernier argument peut être écarté. Si le centre logistique d'Alibaba s'était implanté à Cologne, Maastricht ou Lille, il n'y aurait aucune différence. Assurer une saine concurrence entre l'e-commerce et la distribution physique dépend d'autres paramètres, comme la réglementation commerciale et fiscale.

Au contraire, la proximité physique pourrait jouer en faveur des PME liégeoises et wallonnes. En effet, Alibaba n'est pas, comme Amazon, une pure plateforme de distribution. C'est aussi une place de marché, en B2B (business to business), qui met en relation des acheteurs et des vendeurs en les dégageant des soucis de stockage et de livraison des marchandises. C'est une fenêtre ouverte sur la Chine et son immense marché, y compris pour des artisans. Liège et sa région deviendront mieux connues ou reconnues sur la carte d'Europe en tant que pôle économique.

L'implantation d'Alibaba est un événement qui se prête à la controverse. Il est impossible d'en prédire tous les effets et conséquences. En économie, le risque est toujours meilleur que l'immobilisme. Alors autant essayer de voir le bon côté des choses et de saisir l'aubaine.

 

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