Allonger le congé de paternité ?Une fausse bonne idée pour les PME
La Chambre débat de propositions de loi sur le congé de paternité. Au lieu des dix jours actuels, le PS veut vingt jours, Écolo vingt-cinq. Ce congé serait en outre rendu obligatoire.

Les jeunes pères ont plusieurs formules de congé possibles pour s'occuper de leur enfant.
UCM a été auditionnée pour faire valoir le point de vue des PME francophones. Elle a tiré le signal d'alarme : les impératifs de gestion des entreprises doivent être pris en compte. Il ne peut être question d'augmenter les coûts ni d'oublier le contexte. Il existe quarante types de congés accessibles aux salariés ! Le système est illisible et permet, en théorie, de s'absenter pendant 55 mois de son travail. Il faut mettre de l'ordre et des barrières. Le personnel d'une PME n'est pas interchangeable.
Le congé de paternité existe en l'état depuis 2002. Il est de dix jours dont trois à charge de l'employeur et sept de la mutuelle. Tous les salariés ne le prennent pas, mais 3,7 % seulement indiquent y avoir renoncé sous la pression de leur supérieur ou de leur employeur. Les partenaires sociaux, au Conseil national du travail, ont examiné le problème et sont prêts à y remédier. Rendre le congé obligatoire serait une décision trop radicale et mal calibrée.
La prolongation pure et simple pose la question du coût. Il est aujourd'hui de 27 millions d'euros pour les employeurs. Hors de question, selon UCM, d'augmenter ce montant. Les dix jours en vigueur en Belgique sont au-dessus de la moyenne européenne qui tourne autour de sept jours. Les salariés qui souhaitent s'absenter plus longtemps disposent déjà de plusieurs possibilités, comme le congé parental ou le crédit-temps pour enfant de moins de huit ans. Sur le terrain, on constate d'ailleurs que l'absence moyenne d'un père à l'occasion d'une naissance est de douze jours.
Quarante couches de lasagne
Au fond, rien n'indique que le congé de paternité des salariés soit insuffisant ou pose problème. Un argument des partisans de l'allongement est le renforcement du lien entre le père et son enfant, le partage des tâches et des responsabilités avec la mère. C'est sans doute une vraie question de société mais la solution ne doit pas passer par des charges en plus pour les PME. L'OCDE, l'organisme qui regroupe les pays les plus riches, classe la Belgique huitième sur quarante au "work-life balance index", qui mesure les facilités données pour combiner vie professionnelle et vie privée. La priorité devrait être de mettre de l'ordre dans les quarante couches de lasagne des congés plutôt que d'en épaissir une.
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