Aplsia, organisation membre UCM
Les magasins de proximité face à la tempête

Aplsia (prononcez "Apelsia") est la fédération des magasins d'alimentation indépendants en libre-service. Elle a fort à faire pour le moment. La crise inflationniste frappe durement le secteur.

Jean-Christophe de Wasseige

Au sein de l'Association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation (Aplsia), le président Pascal Niclot et la manager chargée de la gestion courante Sophie Bôval sont sur la brèche depuis plusieurs mois. De même que les seize autres membres du conseil d'administration, tous bénévoles. Réunions, groupes de travail, interpellations…

Pascal Niclot est le nouveau président Aplsia depuis juin. Sophie Bôval est la development manager et seule permanente de l'association.

C'est que la crise énergétique et inflationniste continue de faire rage. Et qu'à la mi-septembre, le secteur n'apercevait toujours aucune mesure pour compenser des prix du gaz et de l'électricité devenus irrationnels. "Quand ? Mais quand les autorités vont-elles se décider à apporter un soutien à nos entreprises ?", s'interrogeait ainsi Pascal Niclot, lui-même gérant de six magasins d'alimentation et de deux enseignes de produits pour animaux. L'heure était jugée grave. "Dans notre secteur, les besoins en énergie sont élevés. Nos points de vente ont besoin d'éclairages, de frigos, de surgélateurs, de fours à pain, de systèmes de sécurité la nuit… Or, la facture annuelle d'une supérette de taille moyenne est passée en seulement douze mois de 5.000 euros à… 25.000 euros !"

C'est d'autant plus problématique que d'autres éléments se sont rajoutés. "Il faut suivre l'indexation des salaires. Il faut accepter les hausses de prix décidées par les multinationales alimentaires et les géants de la distribution (lors de négociations auxquelles n'assistent pas les indépendants). Il faut jongler avec les pénuries de main-d'œuvre. Il faut supporter des loyers qui ont pris 10 % eux aussi. Il faut digérer tous les investissements faits durant la crise Covid : gel, plexiglas, désinfection des caddies… Et c'est sans compter les taxes inventées par certaines communes : Molenbeek fait payer les caisses enregistreuses ; Namur, les ventes de tabac ; Charleroi, les emplacements de parking… Franchement, je redoute une catastrophe."

Afin de sortir de cette crise, Aplsia plaide pour un plafonnement des prix énergétiques ou pour un partage des efforts entre indépendants, distributeurs et autorités. "Ces trois acteurs sont concernés. Nous parce qu'il s'agit de notre métier ; les distributeurs parce que leurs réseaux sont en jeu ; les politiques parce que le tissu économique est menacé."

Le secteur, c'est connu, ne dispose pas de très grandes marges. Pour rappel, celui-ci rassemble les indépendants qui gèrent des points de vente sous l'enseigne d'un groupe (Carrefour Market et Express, AD Delhaize, Proxy, Spar, Match, Bio…) avec un peu plus d'autonomie ou de risques, c'est selon. Les statuts peuvent différer : franchisés, affiliés ou adhérents. Les premiers doivent céder un pourcentage à leur franchiseur sur tout ce qu'ils vendent et ont à respecter des obligations. Les seconds achètent leurs produits à une centrale d'achat puis tentent de se ménager leur marge et disposent de plus de liberté pour ce faire. Enfin, les derniers ont leur mot à dire dans la politique de l'enseigne et ressemblent en partie à des coopérateurs.

Méconnaissance du public

Le public n'est guère au courant de tous ces accords. Et c'est bien ce qui désespère ces indépendants. "Beaucoup de gens nous confondent avec les groupes dont nous vendons les denrées, font remarquer le président et la manager. Mais ils se trompent. Nos conditions de fonctionnement sont très différentes. Notre baromètre économique, mené avec notre homologue flamand buurtsuper.be, le prouve. En 2019, avant la crise corona et la crise inflationniste, 32 % des magasins indépendants étaient en perte en Wallonie."

Pour conscientiser la clientèle, la fédération a invité ses membres à apposer sur leurs portes un autocollant. Message : "Ici, vous êtes chez un indépendant." C'est un exemple des services offerts aux 200 affiliés environ. Si ces derniers sont typiquement des supérettes, l'association représente en outre des stations-service, depuis que celles-ci ont évolué en échoppes multiproduits. À côté des newsletters, des conseils juridiques et d'autres soutiens, Aplsia (qui loge dans les bureaux UCM à Wierde) se distingue notamment par l'organisation de formations. Une quarantaine sont données chaque année par des intervenants spécialisés. Elles se veulent très pratiques : coacher une équipe, mettre un rayon en valeur, contenir l'agressivité de clients, etc.

Il faut savoir un peu tout faire dans la distribution alimentaire indépendante. Mais surtout aimer conduire sa propre affaire et aimer servir ses clients. Deux passions qui, jusqu'ici, l'ont toujours emporté.

aplsia.be }

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