La digitalisation est devenue un levier incontournable de compétitivité pour les entreprises. Mais cette transition massive expose aussi à des risques majeurs : cyberattaques, vols de données, paralysies numériques… L’attaque contre le Service public de Wallonie (SPW) récemment, la hausse vertigineuse des cyberattaques rapportée par Microsoft (plus de 7.000 attaques par seconde en 2025), et les données alarmantes du dernier rapport OCDE sur la digitalisation des PME, dressent un constat clair : sans stratégie de cybersécurité solide, la digitalisation devient un pari dangereux.
Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.
Selon l’OCDE, la digitalisation permet aux PME d’accéder à de nouveaux marchés, d’améliorer leur efficacité et d’innover. Pourtant, seules 27 % des PME sondées disposent d’une cybersécurité jugée « robuste ». L’économie mondiale paie déjà le prix fort de cette vulnérabilité : le coût de la cybercriminalité atteint 9.200 milliards de dollars par an, selon Microsoft.
Les PME, souvent moins bien protégées que les grandes entreprises, deviennent des cibles faciles pour les cybercriminels. Dans ce contexte, digitaliser sans se poser de question sur sa sécurité informatique revient à construire sur du sable.
La menace numérique atteint des niveaux inédits. Microsoft rapportait en avril 2025 que le nombre d’attaques sur des mots de passe est passé de 579 par seconde à 7.000 en quelques années — soit plus de 600 millions d’attaques par jour.
Le SPW, institution publique majeure, a récemment été paralysé par une cyberattaque d’ampleur. Dans le monde des PME, la situation n’est guère meilleure : selon l’OCDE, 32 % d’entre elles ont déjà été victimes d’une cyberattaque. Les conséquences sont souvent dramatiques : perte de données sensibles, détournement de factures ou de paiements, demandes de rançons, atteinte à la réputation, sanctions liées à la protection des données personnelles (RGPD) qui peuvent conduire à la faillite.
Adopter une stratégie de cybersécurité ne doit pas être perçu comme un coût, mais comme un investissement stratégique. Une entreprise capable de protéger ses données et celles de ses clients inspire confiance et gagne en crédibilité mais aussi en sérénité. Pourtant, beaucoup de PME hésitent encore à franchir le pas, citant le manque de temps, de compétences ou de moyens financiers.
Les solutions abordables existent pourtant : authentification multi-facteurs (MFA), sauvegardes régulières, audits de vulnérabilité, formations internes. Investir du temps et des moyens dans sa cybersécurité permet d’éviter des pertes beaucoup plus lourdes.
Rendre la cybersécurité accessible. La cybersécurité ne doit pas être un parcours du combattant. En Wallonie, l’Agence du Numérique (ADN) a mis en place des programmes de sensibilisation et d’accompagnement pour les PME.
Diagnostics gratuits, formations, campagnes de prévention : des outils concrets existent pour renforcer la résilience numérique des entreprises. Pourtant, seulement 10 % des PME utilisent actuellement les aides publiques disponibles.
Le rapport OCDE souligne par ailleurs que la simplification est essentielle pour favoriser l’accès à ces dispositifs : meilleures campagnes d’information, processus d’accès moins complexes, et un accompagnement personnalisé pour les PME. Trop souvent, les formulaires d’accès sont lourds, les critères flous, et l’information morcelée. Il est donc urgent de repenser l’accès aux aides pour rendre la cybersécurité accessible à tous.
La compétitivité numérique est à portée de main. Mais elle exige une prise de conscience : il n’y aura pas de croissance durable sans protection intelligente. Dans un monde où la cybermenace grandit chaque jour, l’avenir appartient aux entreprises qui auront su transformer la cybersécurité en levier stratégique.