Conférence pour l'emploi
Entre la grand-messe et la foire d'empoigne

Le ministre de l'Emploi, Pierre-Yves Dermagne (PS), a organisé la première "conférence interfédérale pour l'emploi". Elle devrait se tenir chaque année et réunir les partenaires sociaux mais aussi tous les intervenants sur le marché du travail des différents niveaux de pouvoir. L'objectif est d'atteindre en 2030 un taux d'emploi de 80 % pour les personnes entre 20 et 64 ans. La Belgique est à 71 % mais avec de fortes différences régionales entre la Flandre (76 %), la Wallonie (65 %) et Bruxelles (61 %).

"Fins de carrière harmonieuses" : c'était censé être le thème unique de la conférence interfédérale pour l'emploi orchestrée par Pierre-Yves Dermagne (PS).
© Jean-Marc Quinet/Belpress.com

Le thème de cette première conférence était "les fins de carrière harmonieuses". Les participants n'ont pas été davantage cadrés et au long des deux jours de discussions, chacun est arrivé avec sa liste de revendications. La ministre flamande de l'Emploi, Hilde Crevits (CD&V), a demandé "une politique asymétrique" et présenté vingt-neuf propositions adaptées à la situation flamande. La CSC a réclamé, entre autres, une taxation des jobs étudiants. Le lien avec la fin de carrière harmonieuse est ténu.

Des efforts pour maintenir les aînés au travail ont déjà été faits : soutien à la formation continuée, restriction des accès à la pension anticipée, baisse des cotisations sociales… Le résultat est tangible. En vingt ans, le taux d'activité des 55-64 ans est passé de 30 % à 55,6 %. Ce quasi-doublement est aussi dû à l'allongement de l'espérance de vie en bonne santé. La Belgique est cependant en retard sur la moyenne européenne, qui frôle les 60 %.

Point de vue patronal

Les organisations représentatives des employeurs (FEB, UCM, Unizo, Boerenbond, flanqués d'Unisoc pour le non-marchand) ont décidé d'exprimer un avis commun à la conférence. Elles regrettent le choix du thème. Se braquer sur la fin de carrière, c'est "bricoler à la marge." Il y a plus urgent et plus utile pour augmenter le taux d'emploi. La relance fait apparaître un fossé entre les besoins des entreprises en main-d'œuvre et compétences d'une part, et les choix de formation des jeunes et des demandeurs d'emploi d'autre part. C'est ce défi qui est prioritaire.

Concernant les aînés, les organisations patronales reconnaissent l'importance d'un apprentissage tout au long de la vie, mais ajoutent que chacun est coresponsable de son employabilité durable !

Aménager la fin de carrière suppose davantage de flexibilité, un cadre légal moderne par rapport aux horaires et aux lieux de travail. Les coûts salariaux ainsi que ceux des licenciements devraient être moins rigides, avec un accompagnement des travailleurs qui perdent leur emploi pour favoriser une réinsertion. En d'autres termes, il faut encourager la mobilité et donner la possibilité aux entreprises d'embaucher des personnes plus âgées.

Maintenir les salariés à l'emploi dépend aussi de l'écart entre un revenu du travail et un revenu de remplacement. Il faut agir sur la fiscalité, prévoir un bonus de pension et la possibilité de prendre sa retraite à mi-temps.

Enfin, l'incroyable augmentation du nombre de malades de longue durée interpelle. Ils sont plus de 400.000, davantage que le nombre de chômeurs. Il faut trouver le moyen d'en ramener un certain nombre à l'emploi : réorientation, reprise progressive…

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