Droits de douane
Quand le protectionnisme américain ébranle nos économies et nos valeurs

Le retour du protectionnisme américain n’est pas sans conséquences pour nos entreprises. La Belgique pourrait perdre jusqu’à 0,2 % de croissance en 2025 sous l’effet des hausses de droits de douane décidées par l’administration Trump. Une perte significative, dans un contexte où notre économie peine déjà à dépasser les 0,6 % (source : CBC, Bernard Keppenne). Mais au-delà de l’impact chiffré, c’est tout un modèle d’équilibre international et de coopération entre alliés qui vacille. Ce n’est pas la première fois que l’Amérique agit ainsi. Il y a quarante ans, sous Reagan, un épisode similaire avait profondément marqué l’ordre économique mondial.

Caroline Cleppert - Secrétaire générale 

Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.

Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.

En 1985, les États-Unis orchestrent les accords du Plaza. Le président Ronald Reagan, charismatique et stratège, convainc ses alliés – France, Allemagne (de l’Ouest), Japon, Royaume-Uni – d’un ajustement concerté des monnaies. Le dollar, surévalué, pèse sur l’industrie américaine. L’accord fait chuter sa valeur de 40 %. Résultat : les exportations repartent, la compétitivité s’améliore. Mais les partenaires paient aussi la facture au nom d’un certain ordre mondial, d’un équilibre à préserver, et d’une solidarité face à l’URSS.

Quarante ans plus tard, l’histoire bégaie : une Amérique en déficit massif, une balance commerciale déficitaire, une industrie sous pression, un président populiste qui revendique l’héritage Reagan… Mais plus de concertation, plus d’alliances solides. Seulement des attaques sur les réseaux, des barrières tarifaires, et une diplomatie de la menace. Car en 2025, Donald Trump ne cherche pas à négocier une solution globale. Il utilise les droits de douane comme levier de pression, pour forcer la main à ses « partenaires ». L’objectif est identique : rendre l’économie américaine plus compétitive en affaiblissant le dollar. Mais la méthode est frontale, brutale, désinhibée.

Un choc économique pour nos PME

Et pour la Belgique, cela a un prix. Le PIB devrait se contracter de 0,2 %, selon les prévisions de CBC, avec une croissance freinée à 0,6 %. L’incertitude pèse sur nos PME, les exportations ralentissent, les chaînes logistiques sont perturbées. Nos entrepreneurs, déjà fragilisés par les crises successives, subissent à nouveau le contrecoup de décisions prises à Washington.

L’onde de choc est mondiale, mais les secousses sont locales. Ce retour au nationalisme économique bouscule bien plus qu’un modèle commercial. Il interroge la place de l’Europe dans le monde. En 1985, l’Amérique emmenait ses alliés dans un projet collectif. En 2025, elle impose ses vues, seule, et parfois contre eux. Ce n’est plus une logique de leadership. C’est une logique de domination par la division.

Plus inquiétant encore : cette politique ne s’arrête pas aux biens et services. Elle vise aussi nos principes. Des lettres ont été envoyées par l’administration US à des entreprises européennes pour leur demander de mettre fin à leurs politiques de diversité, équité et inclusion, sous peine de suspendre toutes relations d’affaires avec elles. Sous couvert d’alignement juridique, on exige de renoncer à ce qui fonde notre projet de société. Ce n’est plus un désaccord économique. C’est une attaque frontale contre nos valeurs. L’ingérence est totale.

Une Europe forte autrement

Alors, comment répondre ? En gardant le cap. En défendant un multilatéralisme exigeant. En nouant des accords avec d’autres régions du monde – comme le récent rapprochement avec l’Asie centrale. En soutenant nos entreprises dans la tempête, sans céder à la tentation du repli. Et surtout, en tenant bon sur ce qui fait notre force : l’ouverture, la coopération, le respect des personnes. L’Amérique veut redevenir grande, à sa manière. Mais nous n’avons pas à la suivre dans cette quête de grandeur solitaire. L’Europe peut être forte autrement. Par la régulation, l’innovation, la stabilité, la diversité.

Chez UCM, nous croyons en une économie où l’entrepreneuriat n’est pas l’otage des tensions géopolitiques, mais un moteur d’émancipation. Et en des entrepreneurs qui, même face à la brutalité du monde, continuent d’agir, d’inventer, de relier. C’est cela, notre grandeur.

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