Federia, organisation membre UCMLes agents immobiliers serrent les rangs
Les courtiers francophones ont longtemps fonctionné en ordre dispersé. En 2015, une nouvelle fédération est née : Federia. Son action durant la crise Covid a dopé ses affiliations.
Ces deux dernières années ont été plutôt mouvementées pour les professionnels de l'immobilier. En 2020, ils ont dû encaisser la crise du coronavirus avec son cortège de mesures sanitaires. Ainsi, pendant un temps, les courtiers n'ont plus pu organiser de visites de biens, la base de leur métier. Ils devaient rester sur le trottoir en compagnie des propriétaires et laisser les candidats visiter seuls les maisons… De leur côté, les syndics ont dû stopper les assemblées générales de copropriétés.
En 2021, la liberté est revenue. Pas de répit pour autant, puisqu'un phénomène de rattrapage économique s'est produit. Sur le marché immobilier, une frénésie s'est emparée des acheteurs : nombreuses transactions, candidats qui renchérissent, prix vertigineux… Ce regain d'activité fut bon pour le business, mais aussi éprouvant.
Naissance et baptême du feu
Du travail, la petite équipe opérationnelle de Federia – deux à trois personnes – en a eu aussi durant ces temps troublés. Cette fédération est née en 2015 du regroupement de trois associations : deux représentant les courtiers (Federimmo et Réflexions immobilières) et une défendant les syndics (Absa). Elle se distingue de l'IPI, l'Institut professionnel des agents immobiliers qui, lui, joue le rôle d'un ordre professionnel. Il forme, agrée et contrôle les courtiers, syndics et gestionnaires de biens.
Federia est apparue comme un souffle nouveau dans ce paysage de l'immobilier jusque-là éclaté. La sauce a pris. De façon mesurée dans un premier temps. En 2017, elle comptait 220 affiliés. Ensuite, la crise Covid est venue doper ce chiffre. Il a bondi à 1.040 membres aujourd'hui. Cela représente environ 20 % du secteur, pour les marchés francophone et germanophone.
"La crise sanitaire a permis de convaincre bien des acteurs de l'utilité de se regrouper et d'agir ensemble, raconte la directrice générale, Charlotte De Thaye. Cela a été utile pour défendre nos intérêts face à certaines mesures décidées lors des confinements. Nous avons dû analyser des textes réglementaires, les décrypter, les expliquer à nos membres, les appliquer, mais aussi, dans un cas ou l'autre, les contester."
Cette défense est notamment passée par des recours en justice. Pas banal ! Ce fut le cas pour cette fameuse interdiction prise en novembre 2020 des visites de biens en présence des agents immobiliers. Après un recours en suspension rejeté par le Conseil d'État, Federia et quelques membres ont obtenu gain de cause sur le fond auprès du tribunal de première instance de Liège. Ce jugement a joué dans l'abandon de la mesure en février 2021 et vient d'être confirmé en appel le 24 mai dernier. Il fera donc jurisprudence à l'avenir.
Aujourd'hui, la situation réglementaire s'est apaisée. "Quant à la surchauffe du marché, elle est en train de se stabiliser et de diminuer", poursuit Charlotte De Thaye. L'inconnue concerne maintenant la remontée des taux d'intérêt sur les crédits hypothécaires. Va-t-elle restreindre l'accès à la propriété et faire caler l'activité ? À voir.
D'autres questions occupent davantage Federia. Premier dossier : la pénurie de syndics. Ce métier, qui réclame des compétences multiples et qui est parfois difficile sur le plan psychologique, n'attire plus. Or, la demande devient pressante vu le nombre d'immeubles à appartements existant mais aussi en construction. Pour déterminer les raisons exactes de cette désaffection, une vaste enquête a été commandée auprès l'UCLouvain par l'IPI avec le soutien de Federia et de son homologue CIB Vlaanderen (2.700 membres). "Ses enseignements vont nous aider à agir."
Autre priorité : poursuivre les services aux membres. Comme concevoir des documents-types utilisables dans chaque transaction : compromis de vente en langage clair (développé avec la Fédération des notaires et repris en Flandre), contrat de location, etc. Comme aussi organiser un congrès annuel. Le dernier, en octobre 2021, a rassemblé pas moins de 700 participants.
Dernière préoccupation : l'image de l'agent immobilier. "Les émissions télévisées de Stéphane Plaza nous font du tort ! Elles donnent une vision tronquée du métier, qui apparaît trop facile et trop parcellaire, lance la directrice générale. Or, être intermédiaire immobilier réclame de maîtriser une foule de tâches." Il faut intégrer les exigences du vendeur, réunir tous les documents obligatoires à la vente, procurer la meilleure publicité au bien, jongler avec les outils du marketing digital, négocier avec les acheteurs, accompagner la vente, etc.
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