AbsentéismeL’absentéisme au travail ne peut pas devenir une fatalité
Dans de nombreux pays, l'absentéisme au travail croît inexorablement, soulevant des interrogations quant à sa nature et ses conséquences. Peu importe qu’il s’agisse de maladie de courte, moyenne ou longue durée, le constat est le même. Or, compte tenu des progrès de la médecine et des meilleures prises en charge des patients, l’absentéisme pour cause de maladie ne devrait pas sensiblement augmenter (hors vieillissement de la population, et hors pandémie), au contraire.
L'absentéisme, au sein des entreprises, est l’affaire de tous. Cette problématique s'avère non seulement coûteuse (et particulièrement au sein des PME), mais elle impacte également la productivité et le moral des équipes en place. Le ras-le-bol est ambiant et les risques d’abus ne sont pas dissipés dans un contexte où la quête de sens au travail, et en dehors, est de plus en plus revendiquée.
Un trio responsabilisé
Une partie de la solution réside dans un trio composé du travailleur, de l'employeur et du médecin, chacun jouant un rôle essentiel dans la gestion de cette problématique. La communication ouverte et la collaboration entre ces acteurs sont essentielles pour atténuer les causes sous-jacentes, raccourcir les absences et faciliter un retour au travail réussi. Chaque acteur doit être explicitement responsabilisé pour maintenir l'équilibre financier des PME.
Pour le travailleur, il faut travailler sur une plus grande sensibilisation à la responsabilité personnelle, une communication transparente et une collaboration active dans le processus de retour au travail.
En outre, l’ensemble des médecins (y compris les contrôleurs) doivent être mieux sensibilisés aux coûts (in)directs de l’absentéisme au sein des entreprises, et plus particulièrement au sein des PME.
De son côté, l’employeur est le seul à se voir directement pénalisé financièrement par une absence : non seulement il prend en charge le salaire garanti (pour une période déterminée), mais en plus il se doit de réorganiser le travail. Une réflexion sur une réforme des règles du salaire garanti et sur une limitation de la prise en charge des périodes de maladie par l’employeur doit pouvoir s’ouvrir. Les employeurs ne peuvent pas supporter, à eux seuls et systématiquement, le mal-être d’une société qui dépasse l’organisation de leur entreprise.
Le certificat, ce n’est pas un accessoire
Depuis deux ans, le Gouvernement a exploré des solutions telles que le congé maladie sans certificat (uniquement pour les entreprises de plus 50 travailleurs). Cette approche vise à trouver l'équilibre entre confiance et responsabilité. Il discute même d’en augmenter la durée (passer de un jour à trois jours consécutifs sans certificat). La raison invoquée est double : une pénurie persistante de médecins généralistes et spécialistes, et des charges administratives complexes pesant sur ces professionnels de la santé.
Si nous déplorons la situation des médecins en Belgique, nous ne partageons pas le remède utilisé. La réponse doit passer par des assouplissements du quota de numéros INAMI, des primes à l’installation ou encore une accélération de la digitalisation du secteur, mais pas par une banalisation des incapacités de travail. Nous restons convaincus que les certificats médicaux sont cruciaux. Ils dissuadent les absences non justifiées, tout en fournissant à l'entreprise une vision claire des motifs d'absence. Cette transparence facilite la planification et la gestion des ressources, offrant un avantage tangible aux employeurs.
La grande désaffection du travail
S’il n’est pas question de remettre en cause le droit au repos des travailleurs ni le droit de se soigner, la désaffection grandissante du travail et la relativisation de ce dernier soulèvent des questions sur les messages transmis par nos gouvernements. Comment maintenir un équilibre entre le droit au repos et la responsabilité envers l'entreprise ? Dans ce contexte, une attention particulière doit être accordée aux incapacités de travail de longue durée en raison de troubles mentaux, et plus spécifiquement en raison d’un burnout ou d’une dépression. On parle d’une augmentation de 46 % de burnouts et de dépressions de longue durée en cinq ans en Belgique.
L'absentéisme au travail ne doit en aucun cas être considéré comme une fatalité. UCM reconnaît les défis auxquels font face les employeurs, en particulier les PME, confrontés à cette problématique croissante. La responsabilité partagée entre les acteurs du monde du travail est essentielle pour préserver la santé économique des entreprises tout en respectant les droits et besoins légitimes des travailleurs. En refusant de considérer l'absentéisme comme une fatalité, nous pouvons forger un avenir où la productivité, la satisfaction professionnelle et le respect mutuel prospèrent. C'est un appel à l'action collective pour créer des lieux de travail résilients et équilibrés, où chaque membre de l'équipe contribue pleinement à la réussite de l'entreprise et à son propre épanouissement.
Caroline Cleppert - Secrétaire générale UCM
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