Luxembourg | Le défi majeur de la transmission30 % d'entreprises à remettre

La Semaine de la transmission d'entreprise (voir U&A n° 176 du 13 octobre 2017) a permis à l'UCM Mouvement Luxembourg de formuler des recommandations pour que ce défi soit relevé.
Tous les patrons l'affirment : il est de plus en plus difficile de trouver des repreneurs. Dans la province de Luxembourg, sur base d'une enquête menée auprès de cent dirigeants de 50 ans et plus, deux tiers d'entre eux envisagent la transmission de leur entreprise à la fin de leur carrière. Seuls 15 % pensent arrêter leur activité soit progressivement, soit en une seule fois. Et quand ils ne l'envisagent pas, c'est principalement, du moins pour un indépendant sur deux, parce que leur secteur d'activité ne s'y prête pas.
Près des deux tiers des entrepreneurs (61 %) qui projettent la cession de leur entreprise dans les deux ans n'ont pas de repreneur en vue. Moins d'un sur cinq (18 %) connaît précisément la valeur de son entreprise ! La préparation à cette étape cruciale de la vie d'une PME est donc loin d'être suffisante. Il faut dire que c'est une question délicate : souvent, les entrepreneurs ont du mal à se séparer de l'activité qu'ils ont construite.
Cédants plus âgés dans la province
La transmission d'entreprise constitue un enjeu majeur pour la pérennisation du tissu économique en Luxembourg belge. La population des indépendants et patrons d'entreprise y est plus âgée que dans les autres provinces. Plus de 30 % ont 55 ans et plus, contre 27,7 % en Wallonie. Pour le Mouvement patronal UCM, la transmission des PME est bien un facteur de croissance de l'activité et de l'emploi.
L'UCM, qui a rencontré et écouté cédants et repreneurs, formule des recommandations pour encourager le bon déroulement du processus de transmission. Les trois plus originales sont les suivantes. Premièrement, créer un "Centre de la transmission et reprise d'entreprise" qui mettrait les ressources humaines, techniques voire financières à disposition de repreneurs. Deuxièmement, il faudrait promouvoir la reprise d'entreprise auprès de cadres d'entreprise en transition professionnelle. Ils sont de plus en plus nombreux et leur expérience, combinée à un bon accompagnement, peut leur permettre tout à la fois de créer leur nouvel emploi et de déployer leur talent. Troisièmement, il serait opportun de renforcer les programmes de mentorat pour accompagner les repreneurs après la reprise. Le taux de réussite à cinq ans est très supérieur à celui des starters "ordinaires", mais peut encore être amélioré.
À Virton, Nicolas Gilson a racheté il y a cinq ans l'entreprise Yves Gavroy Construction. "Faire croître une PME existante est plus aisé que démarrer de zéro, témoigne-t-il. Dans mon cas, la banque a financé aisément le processus de rachat."
La province de Luxembourg ne peut pas se permettre de perdre des entreprises de qualité, et les emplois qui y sont liés, simplement faute de repreneurs. L'UCM a déjà tiré la sonnette d'alarme quant à la diminution du nombre d'indépendants à titre principal. La reprise d'entreprise constitue une opportunité pour les jeunes qui souhaitent également démarrer des affaires dans les cinq ans à venir. Et ils sont nombreux !