ProdipresseLes libraires-presse revendiquent leur identité
Bousculés par une concurrence accrue et l'évolution des habitudes de consommation des clients, les libraires-presse réinventent leur avenir sans oublier les principes fondamentaux de leur métier.
Trouver une identité commune pour unir des indépendants pratiquant un même métier malgré des spécificités propres. Voici en quelques mots l'idée derrière les Libraires-Presse, une nouvelle marque lancée par Prodipresse, l'organisation professionnelle des libraires-presse indépendants francophones. La création d'une telle marque est née d'un double constat : une perte d'identité du réseau de libraires-presse qui fait face à une concurrence toujours plus importante et la mise en avant de la plus-value de ces entrepreneurs obligés de continuellement s'adapter.
C'est que les services fournis par ces indépendants, qu'on confond trop souvent avec le petit magasin d'une pompe à essence ou un night shop, sont multiples : la vente de (très) nombreux titres indispensables à la diversité de la presse, une relation de proximité avec les clients, des conseils de qualité… Outre la vente de biens classiques comme du tabac et des jeux d'argent, beaucoup de libraires-presse se sont spécialisés pour devenir des experts dans des marchés de niche. C'est notamment le cas de cet établissement à Jemeppe-sur-Sambre devenu une véritable référence en alcools fins. Les bouteilles qui y sont vendues sont très rares et introuvables en grande surface. D'autres ont préféré s'ouvrir aux marchés du livre, de la papeterie, ou encore des cigares. "La presse perd 8 % de volume chaque année en nombre de titres vendus. Le tabac n'est pas un produit d'avenir et les jeux sont de plus en plus concurrencés par internet. Ces trois métiers ne suffisent plus à un libraire pour vivre tout seul. C'est donc essentiel de se diversifier", constate Xavier Deville, président de Prodipresse. Il assure que les libraires-presse d'aujourd'hui sont de véritables entrepreneurs, à la fois vendeurs et fournisseurs de services spécifiques qui permettent d'attirer et de fidéliser une clientèle. L'aspect humain est, lui aussi, de plus en plus important pour se démarquer d'autres enseignes qui ne sont pas forcément des commerces de proximité.
Ce travail de diversification n'empêche pas le secteur de traverser une phase difficile. En février, Xavier Deville craignait qu'un quart des points de vente ferment d'ici la fin de l'année. Entre les mois d'août 2022 et 2023, 10 % d'entre eux ont effectivement dû cesser leur activité. Mais les fermetures sont de plus en plus nombreuses depuis peu. "Certains ont cru qu'ils allaient pouvoir redémarrer. On a connu des années post-Covid qui étaient intéressantes puis la crise énergétique est arrivée. Certains ont vécu les inondations. Quand on cumule le tout, c'est compliqué. Surtout qu'on a une marge très réduite car 80% de nos produits sont vendus à des prix fixes. C'est pour cela que la crise énergétique a fait très mal. Même si nos factures d'énergie ne sont pas celles d'un boulanger, devoir sortir 300 euros supplémentaires quand on n'arrive déjà pas à se verser un salaire un minimum digne, ce n'est pas possible", déplore-t-il.
Réélu il y a peu pour un nouveau mandat, Xavier Deville souhaite que ses prochaines années chez Prodipresse soient placées sous le signe de la continuité. Il se bat entre autres depuis longtemps pour diminuer la charge administrative qui pèse sur les épaules de ses membres. Cela passe notamment par une digitalisation plus poussée de certains services et contraintes du libraire-presse. Le président travaille aussi pour tenter de redynamiser le secteur via une présence accrue en ligne, en particulier sur les réseaux sociaux. Il œuvre enfin pour actualiser la définition du métier qui est dépassée. On y retrouve encore l'obligation d'avoir une partie de son chiffre d'affaires issu de la vente de cartes téléphoniques. Un produit qui n'existe tout simplement plus aujourd'hui…
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