Ellezelles | Le DôrloûToute la gamme bio en circuits courts

Située dans le Pays des Collines, la ferme en polyculture-élevage du Dôrloû offre une diversité qui permet au consommateur de faire ses courses en un seul lieu.

Les productions locales et de qualité ont fondamentalement les faveurs du consommateur, selon de nombreux baromètres. Néanmoins, le fait de ne pas pouvoir acheter les légumes, les fruits, les produits laitiers, la viande et les charcuteries, les œufs, le pain ou divers biens d'épicerie au même endroit incite indéniablement le chaland pressé à se tourner vers la grande distribution, synonyme d'abondance. À contre-courant, Freddy et Chantal Vander Donckt-Liagre ont choisi de produire, transformer et proposer directement au consommateur le fruit de leur travail. La diversité d'activités et son énergie rendent ce lieu très inspirant. 

Le bio comme point d'ancrage 

L'agriculture biologique est au cœur du projet de la société nichée à Wodecq (Ellezelles). "J'ai repris la ferme, en conventionnel, en 1976. J'ai toujours eu la fibre environnementale mais le bio n'était, à l'époque, pas encore sous les feux de l'actualité. Nous avons beaucoup échangé avec d'autres agriculteurs, fait des recherches et le passage total en bio s'est effectué en 1991", explique Freddy Vander Donckt, qui travaillait auparavant dans le milieu bancaire. Les discussions en cours pour réviser la réglementation européenne sur l'agriculture biologique l'effraient quelque peu, eu égard à certains lobbies qui visent à ce que le cahier des charges soit davantage "édulcoré".

Les bâtiments de la ferme fourmillent de mille activités. La cour intérieure, telle une place de village, est entourée d'une boulangerie-pâtisserie, d'une boucherie-charcuterie, d'une épicerie, d'une salle de réception, d'une cuisine semi-professionnelle, d'un gîte à la ferme, d'un camping ainsi que du corps de logis. Autour de la ferme, c'est près de 35 hectares qui sont consacrés au maraîchage, à la culture de céréales ainsi qu'à l'élevage bovin, porcin et ovin. "Pour transformer nos matières, plusieurs salariés et indépendants sont mobilisés sur le site : un boucher-charcutier, un boulanger-pâtissier, un cuisinier-traiteur, des vendeuses ou encore des ouvriers agricoles", se félicite Chantal Liagre. Pour compléter le tableau, il y a même une animatrice pédagogique pour les stages d'enfants ou les visites scolaires.

Les différents artisans veillent à réduire l'impact environnemental des nombreuses activités du site. Gestion efficiente des déchets, utilisation rationnelle de l'eau et économies d'énergie sont autant d'actions mises en place depuis de nombreuses années et qui sont totalement en phase avec les objectifs de durabilité du projet dans son ensemble.

Des clients fidèles et rassurés

"Les nombreux scandales sanitaires passés (vache folle, dioxine, œufs contaminés aux pesticides) et à venir, eu égard au mépris d'une certaine agro-industrie vis-à-vis de la santé et de l'environnement, n'ont eu de cesse de gonfler la clientèle du Dôrloû", détaille Freddy Vander Donckt.

Les différentes productions sont écoulées via le magasin de la ferme ainsi qu'à la coopérative D'icidelà située dans le centre de Tournai. "Le magasin, auparavant propriété du Dôrloû, a été repris en 2016 par cette coopérative dont je fais partie et qui regroupe notamment des consommateurs avertis", précise Chantal Liagre. Ce qui n'est pas produit au Dôrloû mais qui se retrouve dans ses rayons fait l'objet d'une sélection rigoureuse sur base des principes de l'agriculture biologique et des circuits courts. "Au fil des années, nous avons tissé des liens solides avec d'autres agriculteurs et producteurs locaux afin de proposer une gamme aboutie au consommateur. Vous trouvez, entre autres, des légumes, du chocolat, des fromages de brebis, des farines ou encore bières d'une haute qualité, tout cela produit à proximité", poursuit Freddy Vander Donckt. Le présentoir des produits provenant des grossistes est, dès lors, réduit à portion congrue mais demeure bien utile pour remplir le panier de la ménagère.

La clientèle est aujourd'hui très diversifiée et l'accessibilité des prix n'y est certainement pas étrangère. "Il n'a jamais été question de gonfler nos prix de vente afin de profiter du boom des produits bios. Nous souhaitons que toutes les bourses s'y retrouvent", rassure Chantal Liagre. Au Dôrloû, les citadins bobos côtoient les riverains ainsi que les environnementalistes convaincus. Les groupements d'achats, en plein essor depuis quelques années, sont également un segment particulièrement représenté. Autour d'Ellezelles évidemment mais aussi dans le Brabant wallon et la Région bruxelloise. "Même si la fidélité des clients a toujours été sans faille, il y a eu des années de vaches maigres dues aux aléas climatiques ou à des investissements dispendieux. Nous y avons toujours cru cependant. La prise de conscience actuelle de nombre de citoyens quant au bienfondé d'une économie locale, résiliente et respectueuse de notre environnement valide définitivement notre projet", concluent Freddy Vander Donckt et Chantal Liagre, qui pensent tout doucement à passer le flambeau.