
Restomax a pris les COMMANDES
12/12/24

Sa croissance est en « borne » voie, merci pour elle. Compagnon des restaurateurs, la société basée à Wavre ne cesse de prendre de l’ampleur. Spécialisée dans tout ce qui est gestion de commandes, de la borne à la plateforme de réservation, elle domine le marché francophone belge. Rencontre avec Jan-Charles Van Hall, le décontracté « boss » de ce qui est, à la base, une spin-off « pour s’amuser ».
‘On’ aux pieds, jean et montre de sport déclinaison flashy. L’ensemble associé à un blazer dont la rigueur apparente ne tient pas la comparaison face au t-shirt qu’il arbore. Son message ? « Back to the friture » dans la calligraphie « Marty McFly » évidemment. Jan-Charles Van Hall a beau porter les galons de grand patron de Restomax, l’homme semble relax comme « jaja » dans l’espace de détente de ses bureaux de Wavre. D’ailleurs, entre les bornes et tablettes en démo’, un flipper bariolé « Star Trek » ponctue ce tableau qui a manifestement oublié la touche guindée dans sa palette. « Oui, cette atmosphère, c’est dans mon ADN et dans celui du secteur, aussi. Notre baseline, c’est ‘no boring orders’ (ndlr : en version sous-titrée et lissée, pas de commandes ennuyantes). On veut mettre en place des systèmes fiables, stables, éprouvés mais aussi une dose de fun pour nous, nos clients, les clients de nos clients… », pose le boss, d’un sourire franc comme l’éclat rassérénant du soleil d’hiver qui inonde les lieux. Avant d’esquisser la « succes story » qui épouse la version de la start-up et du garage californien, l’océan Pacifique et le surf en moins, autant poser la base. Prendre le repas par son menu. Restomax, concrètement, c’est quoi ? « C’est le compagnon des restaurateurs », explique Jan-Charles. « Nous sommes spécialisés dans la gestion des commandes. Donc, tout ce qui est bornes, caisses, prises de commande en salle, QR code, click & collect, connexion avec Uber eats ou Deliveroo, impressions déportées… Nous avons deux types de clients. Les restaurants dits traditionnels, avec une gestion des plans de salle et un service à table. Et tout ce qui est quick service. Avant on disait fast-food (sourire). Ce sont nos deux typologies de clients et nous sommes à la parité, même s’ils n’utilisent pas les mêmes briques de logiciels. L’un va par exemple utiliser les bornes, les écrans cuisine… l’autre la caisse enregistreuse et la prise de commande en salle. »
Leader en Belgique francophone, 4.500 établissements utilisant ses produits, croissance annuelle de 30 %, chiffre d’affaires de six millions d'euros, internationalisation en cours, deuxième en Flandre derrière une société canadienne… Restomax écrit une réussite qui ne musarde pas. Car si la société a été fondée en 2015, c’est surtout quatre ans plus tard qu’elle a tracé sa route et avalé ses premières… bornes. « Et tout ça part d’une anecdote. L’Horeca est un monde qui m’a toujours plu. J’ai fait beaucoup de jobs étudiants et j’ai étudié longtemps pour de mauvaises raisons », lance le cinquantenaire, badin, qui se définit lui-même comme celui qui rassure les mamans qui ont des enfants qui ne réussissent pas à l’école. « À la base, j’ai lancé une activité de gestion de parc informatique, Advencys, et d’implémentation d’ERP type Odoo. C’est quelque chose que j’adorais mais qui avait des cycles de vente très longs et n’était, on va dire, pas très fun. Un jour, je me suis dit, je lancerais bien une activité interne avec un ami, Maxence, qui gérait alors deux établissements Horeca et travaillait pour le même patron depuis douze ans. Cinq jours après, il donnait sa démission… »
D’un à plus de cinquante employés
D’abord baptisée Easyshop, la spin-off va réellement prendre du volume par la suite avec sa propre solution interne, Plug&Pos. Il y a trois ans, l’entité rachète son plus gros concurrent, Restomax. « Il existait depuis une vingtaine d’années avec une base de clientèle très grande et un très bon logiciel, mais il n’avait pas évolué depuis vingt ans. On a fusionné les deux activités de taille alors équivalente, 1.500 clients chacun. On a gardé notre solution logiciel qui était plus moderne et leur nom. En moins de dix ans, la société est passée d’un à plus de cinquante employés et investit plus d’un million annuel en recherche et développement. Un projet fou, sans aucun business plan. Quand on faisait des citytrips ensemble avec nos compagnes, on passait notre vie à regarder les différents concepts dans les restaurants. Après, on est très gourmands tous les deux, ça aide…
Du reste, dès qu’il va au restaurant, Jan-Charles Van Hall peut difficilement s’empêcher de jeter un oeil au fonctionnement de l’établissement. Je suis évidemment le premier à regarder. Mes amis font la même chose. Ils m’envoient des photos et de selfies des établissements où est utilisé Restomax. Je ne sélectionne pas les endroits où je vais en fonction de ce critère mais je discute souvent avec les restaurateurs. Je leur demande ce qu’ils aiment dans le système ou celui de nos concurrents. En termes d’évolution, de supports, d’ergonomie… En fait j’en discute systématiquement quand le restaurateur n’est pas débordé évidemment. C’est toujours pour améliorer. Donc, on va dire que je vais très souvent tâter le terrain… par gourmandise au départ.
Un écosystème avec Restomax Book Ce qui, il l’assure, dessine et explique une partie du succès de sa société, c’est la manière globale dont la solution est pensée. Il est question ici d’un écosystème qui intègre l’ensemble des composantes. Quand Steve Jobs présente l’iPhone qui remplace cinq appareils en un, nous on fait la même chose. Une solution, unique. Et notre client qui, s’il veut faire une modification dans son menu par exemple, le fait à un seul endroit. La gestion est centralisée, simplifiée. Et le restaurateur gagne du temps. Restomax vient d’ailleurs d’ajouter une ligne à son menu avec un nouveau logiciel de réservation, histoire de boucler la boucle. Dans les restaurants traditionnels, tout commence souvent par la réservation. Les clients faisaient ça au téléphone et le restaurateur avec un petit calepin. Ce qui lui prend beaucoup de temps et ne lui permet pas d’avoir des données. S’il veut envoyer son nouveau menu ou essayer d’avoir plus de gens le lundi et mardi qui sont des journées plus calmes… Pour lui amener de la donnée sur sa clientèle, on a développé une plateforme de réservation qui s’appelle Restomax Book et on a décidé, vu les plateformes concurrentes qui sont toutes entre 100 et 200 euros par mois, de le faire au prix définitif de 9.90 par mois. C’est vraiment un prix qui permet au restaurateur de ne pas réfléchir et de dire, je prends cette solution. Surtout que la nôtre est complète et comparable. De quoi lui permettre d’économiser du temps et de l’argent. Et d’avoir une vie quand il n’est pas dans son établissement car, bien souvent, le numéro de téléphone qui sert aux réservations est dévié sur son numéro privé. De quoi aussi lui permettre de tout mettre en place pour maximiser l’occupation. En fonction des tables, des regroupements, du plan de salle, de toute la data qu’on rassemble, nous travaillons sur les algorithmes pour que toutes les tables soient occupées. Qu’il y ait une répartition optimale des tables de deux, de quatre, de six… Pour optimiser les espaces, en fait. Ce sont évidemment des conseils, le restaurateur fait logiquement ce qu’il veut. Chez nos concurrents, la réservation se fait d’un côté, le ticket de caisse de l’autre. Il n’y a pas vraiment de lien. Nous avons un écosystème. C’était déjà le cas pour la restauration rapide et en ajoutant Restomax Book à notre système de caisse et à la prise de commande en salle, nous avons une globalité pour les restaurants dits traditionnels ».
« Back to the friture »
Sur ce marché extrêmement concurrentiel, la croissance de la société francophone ne connaît pas d’essoufflement. Tout juste la période Covid a-t-elle marqué une « stagnation » dans l’évolution de la boîte. « Nous sommes sur 30 % annuels », reprend Jan-Charles Van Hall. « Mais, quand on s’est lancé en 2015, il devait y avoir quarante acteurs sur le marché. Aujourd’hui, nous investissons plus d’un million par an en R&D, avec une dizaine de développeurs qui travaillent pour améliorer nos solutions. C’est également un peu le cas chez nos deux concurrents actuels. Donc, les petites structures ne savent pas suivre. La croissance, ce n’est pas une croissance du marché car l’Horeca souffre beaucoup, notamment au vu des coûts salariaux. On est plus sur une croissance liée à une concentration. »
Guapa, Youwok, Aloha Poké Bowls, les 7 Meuses, l’Union Saint-Gilloise, le Palais 12, les loges VIP du Standard, le fanshop d’Anderlecht… pour ne pointer que quelques-uns des établissements qui utilisent les solutions Restomax. Mais pas les géants du fastfood où « c’est plus compliqué de changer ce qui est établi ». « Nous venons de signer quelques belles chaînes en France, qui ouvrent avec cinq, dix, trente établissements. Après nous pouvons les accompagner sur l’ensemble du flux. C’est plus facile d’accompagner une croissance que d’entrer dans un grand groupe », ponctue-t-il, assurant qu’il vise les « partenaires » en priorité plutôt que des pays spécifiques pour poursuivre son expansion.
Pendant l’entretien, plusieurs employés traversent la vaste pièce. Et si l’un d’eux esquisse une question à son patron, il y a évidemment une sacrosainte règle à respecter sous peine d’être coupé. « J’impose à tout le monde de me tutoyer. Avant, c’était facile, j’étais le plus jeune... Mais maintenant, quand les petits nouveaux arrivent dans la société, je peux les reprendre cinquante fois. Ça peut prendre deux trois quatre mois mais je ne lâche pas, ils n’ont pas le droit de me vouvoyer. Ils finissent tous par y arriver… », se marre-t-il. Sous cette légèreté qui n’a rien d’un verni, une autre histoire s’écrit et s’intrique, inévitablement. Celle d’un drame personnel que Jan-Charles Van Hall aborde spontanément quand il évoque ce qu’il fait. Ce qu’il est, tout simplement. Et son t-shirt « Back to the friture » prend alors une autre épaisseur. « Je ne mets plus de chemise depuis très longtemps et, chez moi, chaque t-shirt a une histoire. Celui-ci, j’en ai quatre, avec des variantes. En plus d’être adapté à l’activité de Restomax, ce sont les derniers que j’ai achetés avec ma fille Lucie. Donc, il a une histoire encore plus sentimentale… J’en parle parce que pour moi, ce n’est pas un tabou. Pour plein de raisons. Le suicide est un tabou en général, ce tabou alimente le tabou. Moi, je me force à en discuter. Pas parce que je veux en discuter, pas parce que c’est chouette d’en discuter mais parce que je ne veux pas alimenter ce tabou. Et parce que ça m’a changé en tant que patron. Quand ça m’est arrivé, en 2020, je me suis dit ‘est-ce que je continue ?’ Si oui, quelles sont les valeurs que je veux mettre en avant ? Et donc, l’atmosphère que je mets ici, c’était déjà dans mon ADN mais ça a été renforcé. Ça fait partie de mon histoire et de celle de Restomax. »
Carte d'identité de l'entreprise

- Emplois50 ETP
- CASix millions d'euros
- Contact
Notre accompagnement
Secrétariat social
Restomax souligne la force de son écosystème. De quoi centraliser, sans s’éparpiller. Du coup, UCM ne pouvait que séduire la société francophone. « On aime bien pousser chez nos clients le fait qu’ils ont un seul numéro de téléphone à faire et donc, on cherche aussi un partenaire qui peut être notre interlocuteur unique dans tout ce qui peut être la gestion de nos employés et de nos contrats. J’ai choisi UCM pour des raisons de prix et de relations. Je l’ai gardé parce que UCM nous accompagne depuis des années avec un service de qualité », pose Jan-Charles Van Hall. « Je suis rentré chez UCM lors de la fusion de deux sociétés. Il y avait alors deux secrétariats sociaux. J’ai comparé et on a gardé UCM. Dès le départ, on a comparé les prix, c’est la première chose qu’on regarde. On a également comparé les services et la relation avec nos chargés d’affaires. On a choisi UCM car la réactivité et le contact qu’on avait à l’époque et qu’on a toujours eus avec nos conseillers ont toujours été excellents. Et aussi parce qu’on avait des réponses rapides et complètes à l’ensemble de nos demandes. Nous ne sommes pas des spécialistes en secrétariat social, on s’appuie donc beaucoup sur UCM dès qu’on a des interrogations, dès qu’il y a des changements législatifs. Que ce soit sur les plans de mobilité, l’accompagnement, le contrat de travail ou les car policies, on se réfère à un spécialiste qu’est UCM. De la même façon qu’on accompagne nos clients dans un service où eux ne sont pas spécialisés, on compte sur UCM pour faire de la veille juridique et nous accompagner dans la vie quotidienne de l’entreprise ». Consultance juridique pour le budget mobilité, règlement de travail et sa maintenance, rapports et statistiques personnalisés sur les indicateurs RH… sont autant de services que l’entreprise a validés.
De son côté, Damiano Mastrorocco qui gère le dossier chez UCM use du champ lexical laudatif quand il évoque la société spécialisée dans les commandes. « Ce dossier, je l’apprécie particulièrement. Tout se passe extrêmement bien et nous avons beaucoup de contacts avec Madame Brouillard, qui gère les RH et la comptabilité au sein de l’entreprise. Elle pose des questions pertinentes, fait bien les choses et nous avons une véritable relation de confiance. C’est un beau dossier, volumineux mais facile à gérer une fois qu’on a compris son fonctionnement ».
Un patron qui a encore faim
Avec son interface de réservation Restomax Book, la société sise à Wavre a donc bouclé la boucle dans la colonne « restaurants traditionnels ». L’idée étant que tout, au sein du restaurant, est corrélé. « On a beaucoup investi dans le domaine du ‘quick service’ qui avait le vent en poupe et nous avons donc décidé cette année et la prochaine d’investir beaucoup en Recherche & Développement. Nous avons une quinzaine de personnes qui font de la R&D continuelle, de l’amélioration et de l’investissement logiciel et nous nous concentrons de plus en plus dans le restaurant traditionnel qui souffre davantage que la restauration rapide. On veut leur donner des solutions qui leur permettent d’être compétitifs, de maximiser l’occupation de leur restaurant, de maximaliser leur rentabilité. »
Soit, donc, cette possibilité d’intégrer un système de réservation au sein de l’écosystème Restomax, notamment. Une ligne en plus sur la carte, déjà plantureuse, de la boite francophone. Et un patron qui, définitivement, a encore faim. « Je me plais beaucoup dans ce que je fais. Tout entrepreneur va dire qu’il y a évidemment des moments difficiles mais tout va plutôt bien pour le moment. On a de chouettes clients, une chouette équipe, le produit évolue, on s’internationalise et on a de bons retours. La dynamique est positive, je m’amuse. C’est un cercle vertueux. J’ai racheté une société fin 2023 qui s’appelle EasyOrder, qui était spécialisée dans les applications de commande plutôt pour la restauration rapide. Quand je l’ai rachetée il y a un an, je me suis demandé quelle était ma timeline dans la société. Mon objectif, c’est probablement de travailler jusqu’à 60, 65 ans. J’ai 54 ans… c’est le moment où tu dis ‘tu le ne les fais pas’ normalement », rigole-t-il avant de poursuivre : « Il me reste six à dix ans à travailler dans la société et à la développer au maximum avant de probablement céder le relais. Donc, je suis encore au stade où je sens que j’ai encore assez d’énergie. Mais je me suis posé la question il y a un an. Ai-je encore assez d’énergie pour le faire ou suis-je plutôt en phase de maintenance ? Verdict, je ne me sens pas en phase de maintenance. »
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