Événement | Le ministre Pierre-Yves Jeholet (MR) à l'UCM Liège
Je veux la rupture et il y aura des mécontents

Le nouveau ministre wallon de l'Économie et de l'Emploi, invité par l'UCM Liège, a surpris les quelque 200 entrepreneurs présents par un discours tranchant. Une seule promesse : la rupture !

Pierre-Yves Jeholet (MR) a parlé 45 minutes sans papiers et sans concessions, pour annoncer un nouveau mode de gestion de ses départements. Si la Wallonie ne va pas bien, il y a une responsabilité politique, dit-il. "Le retard par rapport à la Flandre et aux régions voisines, qui ne se comble pas, est le résultat d'une politique de gauche menée depuis des décennies. Si la gauche a échoué, faut-il aller à l'extrême gauche ? Faut-il ne rien changer comme on me le demande tous les jours ? Non, la majorité de centre-droit a vingt mois pour prendre des mesures structurelles en faveur des entreprises. Parce que nous, nous savons qu'il faut d'abord créer des richesses avant de les partager. Nous savons que l'émancipation et l'inclusion sociale passent par l'emploi et que l'emploi se trouve dans les entreprises."

Pour le ministre de l'Économie et de l'Emploi, la Wallonie vit au-dessus de ses moyens et doit réaliser des économies. Du gras, il y a en a encore ! Le saupoudrage d'argent public continue. Il veut un cadastre des subventions et des subsides, en toute transparence. Il veut une simplification et une rationalisation des structures. Il lâche l'une après l'autre ses rafales de Kalashnikov : "Le plan Marshall n'est pas sacré ; il doit avoir une vraie plus-value et on ne peut pas y mettre des choses qui se seraient faites sans lui. Des guichets uniques, il y en a déjà beaucoup trop. En recherche, il faut oser des choix. Je veux un cadastre des points APE (pour l'emploi dans les communes et les asbl, NDLR). Le Forem touche 2,4 milliards, il doit se remettre en cause."

Rentrée UCM Liège au Val Benoît

Pierre-Yves Jeholet annonce une réforme "bouleversifiante", une nouvelle manière d'utiliser l'argent public sur une base objective. "J'ai prévenu tous les hauts fonctionnaires que je n'interviendrai dans aucun dossier. Nous ferons des économies sur l'administration mais aussi sur toutes les structures d'aide à l'emploi et aux entreprises. Je n'aurai pas que les syndicats qui viendront se plaindre dans mon bureau."

Prudemment, le ministre ne promet pas que d'ici les élections de mai 2019, l'effet de sa politique sera sensible sur l'emploi. Surtout que l'enseignement, déficient, échappe aux compétences wallonnes. Mais il promet d'avoir changé la gouvernance et l'image de la gestion wallonne. Il promet aussi une rupture dans le discours : "Ce n'est pas en travaillant quatre jours par semaine avec le même salaire qu'on va redresser la Wallonie. Ce n'est pas en critiquant sans cesse les méchants patrons et les méchantes multinationales. Sans les entreprises, il n'y a pas de travail, il n'y a pas de richesses."

 

Et les demandes UCM ?

 

Concernant l'indemnisation des commerçants victimes de travaux, il déposera un projet de décret avant la fin de l'année. Il lancera aussi une évaluation du décret censé organiser les implantations commerciales.

Il avancera vers un guichet unique pour les aides aux PME et, plus largement, pour toute demande. Mais il veut y impliquer l'administration. Il veillera à un traitement plus rapide des aides à l'embauche (dispositif Sesam) et relancera le système Airbag pour inciter les indépendants à titre complémentaire à passer en activité principale.

Le ministre va aussi améliorer le nouveau prêt "coup de pouce", qui encourage les particuliers à investir dans les PME. Il pourrait remonter les plafonds (50.000 euros pour les prêteurs, 100.000 euros pour les emprunteurs) et autoriser les prêts aux entreprises de plus de cinq ans d'âge.