La franchise, une opportunité à saisir

Ils font sans arrêt la une de l'actualité ces derniers mois à la vue de la situation chez Mestdagh/Intermarché et, plus récemment, chez Delhaize. "Ils", ce sont les magasins franchisés, un concept vivement critiqué qui offre pourtant de nombreux avantages.

Clément Dormal

Quelques chiffres pour commencer. En Belgique, plus de 27 % du commerce en général est franchisé. Dans la distribution alimentaire, ce pourcentage atteint les 80 % au niveau national. On retrouve ainsi beaucoup plus de Delhaize indépendants (plus de 600) que d'intégrés (128). Idem pour Carrefour (plus de 700 contre 85 intégrés). Chez Colruyt, l'écart est beaucoup moins marqué, mais on recense tout de même plus de 200 magasins franchisés (Spar) pour un peu moins de 250 Colruyt intégrés. Les magasins gérés par des indépendants sont donc déjà partout autour de nous, que ce soit dans le secteur alimentaire ou ailleurs.

Leur dénomination peut cependant varier en fonction du franchiseur. On parlera plutôt de franchisés chez Carrefour, d'affiliés chez Delhaize, voire d'adhérents chez Intermarché. Si ces appellations et le système qu'elles représentent peuvent légèrement changer, le principe général est le même pour tous. "Un magasin franchisé est un établissement qui a un contrat de partenariat commercial avec une grande enseigne, qu'elle soit alimentaire ou pas. Il paie une redevance – qui est différente selon les enseignes – pour pouvoir bénéficier de la structure du groupe : droit à l'enseigne pour certains, pourcentage sur le transport et le marketing pour d'autres, ou les deux… D'un côté, ils utilisent le nom, la logistique, ou le marketing du groupe. Mais de l'autre, ils restent indépendants, avec les avantages et les risques qui incombent à ce statut", explique Sophie Bôval, chargée de communication chez Aplsia (Association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation), dont la mission est d'accompagner et de défendre les intérêts de ces indépendants (voir encadré).

Tordre le cou aux idées reçues

Sophie Bôval est en charge de la communication pour Aplsia.

Par leur nature, les magasins gérés par des indépendants présentent des avantages : leur flexibilité, leur ancrage local, leur proximité avec leurs collaborateurs et leurs clients. Au détriment du bien-être des employés, comme on l'a beaucoup entendu dernièrement ? "Ce n'est vraiment pas le cas, rectifie Sophie Bôval. Les franchisés investissent énormément dans leur personnel, c'est leur premier capital !" Certains franchisés décident d'offrir à leurs employés un salaire attractif. Cette rémunération peut être assortie de plusieurs avantages extralégaux : chèques-repas, éco-chèques, interventions dans les frais de déplacement, assurances, ou autres.

La flexibilité du secteur, elle aussi souvent dénigrée, convient pourtant à de nombreux salariés. Y compris l'ouverture le dimanche. "Il y a des gens que ça arrange de travailler le dimanche, surtout que ce jour est récupéré la semaine suivante. Le discours actuel des partenaires sociaux tente de faire peur au personnel des succursales et ne correspond plus du tout à la réalité économique et sociale ", argumente la chargée de communication, qui rappelle que le travail dominical n'est possible que sur base volontaire.

Les étudiants, auxquels on a attribué plus d'heures de prestation, contribuent eux aussi à cette flexibilité. "Il faut arrêter avec la rhétorique qui veut que, quand on embauche un étudiant, on laisse un salarié de côté. On a tous été étudiants et certains ont besoin de ce job pour payer leurs études", ajoute-t-elle.

Quid de la concertation sociale ?

Les commissions paritaires dont relèvent les franchisés n'ont jamais prévu de délégation syndicale dans ces magasins. Cela n'empêche pas dirigeants et salariés de mener une concertation sociale directe et efficace. "Nos membres ont un mode de résolution de conflits en bon père de famille. Dans la très grande majorité des cas, ils trouvent une solution à l'amiable, rapide et intelligente avec leur personnel", pointe Pierre-Frédéric Nyst, président UCM.

Dans la distribution alimentaire, les commerces franchisés représentent 80 % des magasins.
© Gérard Houin/Belpress.com

Quel accès au financement ?

Il faut avoir les reins solides et une bonne dose de passion pour reprendre un magasin franchisé. Outre les banques, il existe heureusement des organismes qui permettent de subventionner ce genre de projet. C'est notamment le cas de Wallonie Entreprendre et finance&invest.brussels. "Ces deux organismes pallient parfois le manque d'engagement du financement classique. Ils peuvent aider les franchisés à se lancer en proposant différents outils de financement", indique Sophie Heuskin, conseillère lobby chez UCM.

La formule la plus rapide et la plus utilisée chez les franchisés est la garantie bancaire, qui s'élève à un certain pourcentage en fonction du dossier. À noter que c'est la banque elle-même qui doit effectuer cette demande et non l'entrepreneur. Un autre dispositif assez populaire dans le secteur est la possibilité de solliciter des crédits, amortissables ou non. Troisième solution : emprunter auprès de ses proches pour un montant maximum de 250.000 euros. C'est le mécanisme du prêt Coup de pouce en Wallonie et du prêt Proxi à Bruxelles. Dans ce cas, l'emprunteur paie un taux d'intérêt très avantageux et la Région peut se porter garante jusqu'à un certain pourcentage de la somme.

[ wallonie-entreprendre.be }
[ finance.brussels }

Aplsia

Depuis 1993, Aplsia est la seule association professionnelle francophone exclusivement engagée dans la défense des intérêts de ses 200 membres, commerçants indépendants et chefs de PME actifs dans le libre-service alimentaire. La plupart d'entre eux sont des franchisés, affiliés ou adhérents de grands groupes tels que Carrefour, Delhaize, Colruyt, Match, Intermarché, et diverses enseignes bio. Aplsia bénéficie, en outre, d'un partenariat étroit avec UCM.

[ aplsia.be }

 

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