Le meilleur salarié peut parfois être "différent"

Un patron de PME sur deux (49 %) recrute dans son entourage. C'est naturel. Élargir son horizon peut se révéler utile ou nécessaire. Ce n'est pas simple. Des initiatives existent pour favoriser la diversité en entreprise.

Où trouver le meilleur collaborateur possible ? La question se pose pour chaque embauche. La perle rare peut être d'origine étrangère ou porteuse d'un handicap et passer, pour cette raison, sous le radar du chef de PME. Cette discrimination involontaire doit être autant que possible éliminée.

C'est pour cette raison que les organisations d'employeurs (UCM, FEB, Unizo, UWE, Voka, Beci, Unipso, Agrofront) ont mené cette année des actions de sensibilisation à la diversité en entreprise. Elles invitent notamment leurs affiliés à utiliser les outils mis à leur disposition pour élargir leur champ de recrutement.

Pour l'UCM, convaincre et accompagner est la seule démarche possible pour éviter les discriminations. Une loi fédérale et une ordonnance bruxelloise menacent de sanctions les employeurs qui écarteraient des candidats sur base d'a priori. Les contrôleurs ont le droit de les provoquer par l'envoi de curriculum vitæ bidon. Après un an, treize comportements discriminatoires ont été signalés (sept sur base du sexe, deux liés à un handicap et quatre respectivement pour la grossesse, l'âge, l'origine ethnique et la religion). Trois employeurs ont reçu de faux CV. Deux n'ont pas répondu et le troisième a rejeté toutes les demandes, sans exception. Il y a bien entendu zéro sanction. Ces dispositions légales sont tout aussi inutiles que vexatoires pour les employeurs.

Sensibiliser les entrepreneurs

En Wallonie, l'Aviq (Agence pour une vie de qualité) vient de lancer un module de teambuilding destiné aux entrepreneurs. Axé sur la communication entre employeurs et travailleurs porteurs de handicap ou non, il s'appuie sur des jeux coopératifs. Les groupes sont constitués d'une quinzaine de personnes. Les exercices visent à mieux connaître ses collègues afin de renforcer la cohésion de l'équipe. Ils mettent l'écoute et l'aide en exergue, sensibilisent à une déficience et permettent d'amorcer un changement de mentalités.

[ wikiwiph.aviq.be }

Quand le handicap n'en est pas un

Marie-Laure Jonet était attachée à la communication de la Commission européenne. En 2014, elle a totalement changé de vie pour créer DiversiCom, une asbl spécialisée dans la mise au travail des personnes handicapées.

L'équipe de DiversiCom, avec Marie-Laure Jonet au centre.

"Une famille sur quatre est concernée par un handicap et à peine 35 % des personnes handicapées ont un travail. J'ai été sensibilisée à la question via les mouvements de jeunesse et j'ai eu envie de me mettre au service de cette cause." Aujourd'hui, DiversiCom compte cinq personnes et est mandatée par les autorités publiques (Cocof, Actiris) pour accompagner les chercheurs d'emploi handicapés.

"C'est la compétence qui justifie l'engagement de la personne. Notre mission est d'en convaincre les entreprises et de les aider à effectuer les adaptations nécessaires", résume la présidente de l'asbl. Des réunions de suivi sont organisées après l'engagement.

DiversiCom travaille avec un réseau d'une centaine d'entreprises partenaires. Depuis début 2018, 96 projets professionnels ont été facilités par l'intermédiaire de l'asbl bruxelloise.

[ diversicom.be }

La discrimination vue d'Actiris

Grégor Chapelle est le directeur général d'Actiris, l'office bruxellois de l'emploi. UCM Magazine lui a posé trois questions...

  • - Quels outils mettez-vous à la disposition des employeurs pour la diversité ?

    Pour Grégor Chapelle, la diversité est une force.

    - Un constat d'abord : la diversité est une force. Les équipes sont plus efficaces et plus productives. C'est un atout à valoriser par l'entreprise, dans sa communication interne et externe. C'est pourquoi nous avons créé le tout nouveau site Select Actiris. Une dizaine de conseillers sont formés pour mener à bien des recrutements basés uniquement sur les compétences. C'est un service réservé aux entrepreneurs.

  • - La discrimination à Bruxelles est une réalité ?

    - Le taux d'emploi des belgo-belges et de 73 % et celui des personnes d'origine étrangère de 44 %. C'est interpellant. D'autant plus que le nombre de faits de discrimination rapportés par Unia, l'organisme pour l'égalité des chances, est en hausse constante. Les chercheurs d'emploi sont parfois écartés en raison de leurs origines, d'un handicap ou de leur âge. Du côté positif, il y a incontestablement une conscientisation et une libération de la parole. Et surtout, une entreprise sur deux créée à Bruxelles l'est par une personne issue de la diversité.

  • - Les CV bidon et les quotas, c'est une bonne chose ?

    - La possibilité d'utilisation de faux CV donne un bon signal, mais il faut être patient pour en déceler les effets positifs. Il faut laisser le temps à la société de pointer du doigt les comportements graves. Je ne pense pas que les entreprises discriminent de manière volontaire, loin de là. Quant aux quotas, je préfère parler d'équilibre à atteindre et d'objectifs quantitatifs. La notion me semble plus souple, et donne la possibilité aux entrepreneurs de parvenir à l'équilibre en utilisant les outils mis à leur disposition, comme le coaching sur mesure et gratuit, présenté sur notre site.

    [ actiris.be/diversite }
    [ select.actiris.brussels }

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