Les indépendants et PME souffrent, il ne faut pas en rajouter !

Je suis attaché à la concertation sociale. Quand les acteurs du monde du travail, représentants des employeurs et des salariés, prennent ensemble des décisions, elles sont adaptées. Elles génèrent de la stabilité et un climat apaisé, favorable au développement des entreprises.
Mais aujourd'hui, je suis excédé par l'attitude des syndicats, par ces grèves et manifestations qui réclament des augmentations de salaire au-delà de l'inflation.

Je comprends les difficultés qu'ont beaucoup de ménages à boucler les fins de mois et à payer leur énergie. Je les comprends d'autant mieux que les indépendants sont aussi des consommateurs, ont aussi une famille et font face aux mêmes problèmes.
Il y a une différence : les salariés et les fonctionnaires bénéficient d'une indexation automatique de leurs revenus qui garantit leur pouvoir d'achat !

L'indexation automatique multiplie les petits Casper dans les entreprises

Pour les syndicats, c'est tout simplement normal. C'est la base. Ils veulent davantage ! Ils oublient que pour les employeurs, c'est un coût bien réel. Ce n'est pas du tout "normal". C'est tellement vrai que la Belgique est à peu près le seul pays du monde à appliquer ce système.
Dans une PME de cinquante personnes, le calcul est vite fait : 2 % de hausse du coût salarial, c'est l'équivalent d'un temps plein. Il faut payer une personne de plus mais cette personne, c'est Casper le petit fantôme. Elle n'apporte rien à l'entreprise. Quand l'inflation est, comme aujourd'hui, de plus de 8 %, cela fait beaucoup de petits Casper dans les ateliers, les bureaux…

La multiplication des fantômes survient alors que les prix de l'énergie s'affolent, comme ceux du transport et des matières premières. De plus, le moral et les trésoreries ont souffert des deux années de Covid. Et donc, je dis nettement à tous mes interlocuteurs : il ne faut rien demander de plus aux indépendants et aux PME. Rien, nada, schnoll ! Si l'indexation des salaires est intouchable, la loi de 1996 qui préserve la compétitivité des entreprises l'est tout autant.
Nous avons le devoir absolu de soutenir les Ukrainiens dans leur courageux combat pour nos valeurs européennes. Cela justifie des sacrifices. Chacun doit les partager.
Les indépendants et PME doivent consentir, encore, des efforts énormes. Que les salariés et les fonctionnaires acceptent une stagnation temporaire de leur pouvoir d'achat. Ce n'est pas excessif. Le gouvernement a même dégagé une enveloppe de 30 millions d'euros pour les frais de transport. Ce n'est pas ma faute si les syndicats en bloquent la répartition.

J'ajoute – et là je suis d'accord avec les syndicats – que le monde du travail ne devrait pas être le seul à serrer les dents. Oui, je suis choqué par les profits des très grandes entreprises, en particulier dans le secteur de l'énergie. Les sociétés du Bel 20 qui augmentent de 14 % la rémunération de leurs dirigeants, Engie et son milliard d'euros de bénéfices en Belgique : tout cela est impossible à accepter.
Il y a de l'argent à prendre et à redistribuer considérant que l'État, lui, est exsangue. À lui, je ne demande plus qu'un effort de patience. Les contrôles et les mises en demeure se multiplient à nouveau. C'est beaucoup trop tôt. Les entreprises et l'emploi ont été préservés depuis deux ans. Nous ne sommes pas revenus à la réalité économique, tant s'en faut !

Les éditos des mois précédents

  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Ne restons pas les bras ballants face à la crise énergétique

    En quelques semaines, le prix du pétrole a doublé, celui du gaz a triplé, celui de l'électricité a quadruplé ! Malgré les mesures de soutien prises en urgence par le gouvernement, le pouvoir d'achat des ménages est mis à mal. Pour les indépendants et les chefs d'entreprise, la situation est souvent dramatique.

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    avril
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Un drame chasse l'autre : il faut encore tenir bon !

    La guerre est revenue en Europe, brutale et monstrueuse. Des centaines de milliers de personnes fuient l'enfer et d'autres meurent sous un déluge de feu. Dans cette épouvante, c'est d'abord aux hommes, aux femmes et aux enfants qui souffrent que vont mes pensées.

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    mars
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Augmenter les cotisations sociales, c'est non, neen, no, nein, niet !

    À gauche plus qu'à droite, des voix s'élèvent pour réclamer une hausse des cotisations sociales obligatoires des indépendants. UCM s'y opposera de toutes les façons et avec la plus extrême fermeté. L'enquête menée par notre Caisse d'assurances sociales en décembre dernier a donné des résultats sans appel.

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    février
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Le printemps reviendra…

    Dans le chaos, je voudrais dire très sincèrement toute mon admiration aux indépendants et aux chefs d'entreprise qui se battent, s'arrangent, inventent, innovent, travaillent d'arrache-pied et parviennent encore et malgré tout à faire tourner la machine. Grâce à eux, contre toute attente, contre toute logique, notre économie ne se porte pas si mal.

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    janvier
  • Pierre-Frédéric Nyst, Président UCM

    Des hésitations coupables alors que la tempête menace

    Les prix de l'énergie flambent. L'inflation entraîne des hausses des salaires. Les pénuries de main-d'œuvre sont criantes. Les caisses publiques sont à sec. Et, dans ce contexte, la quatrième vague de l'épidémie a été traitée de façon tardive et erratique.

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    décembre