Bulles & Co

Titres-services

L'écologie au service de la propreté

16/02/24
Fan Grant

Depuis 2018, la société Bulles & Co propose aux habitants du Brabant wallon de nettoyer leur maison et de repasser
leurs vêtements avec des mélanges plus respectueux de la nature, de la santé des travailleurs et du portefeuille
de ses clients.

Une agréable odeur de pro­preté. Voilà ce qui flotte dans l'air une fois que l'on franchit les portes de Bulles & Co, une agence de titres-services située à deux pas de la gare de Mont-Saint-Gui­bert, dans le Brabant wallon. À l'intérieur, plusieurs personnes s'attèlent à repasser les vêtements déposés plus tôt par des clients pressés. À un rythme constant, des petites mains consciencieuses repassent sans re­lâche les pantalons, chemises et autres tis­sus qui finiront accrochés impeccablement sur un cintre. C'est dans ce cadre que nous accueille avec un grand sourire Fan Grant, le gérant de l'agence.

La chemise est le vêtement le plus déposé.

La chemise est le vêtement le plus déposé.

Après des expériences dans l'horeca et – déjà – en tant qu'employé administratif d'une autre agence de titres-services, il lance Bulles & Co en 2018. "J'ai vraiment voulu me réorienter. L'horeca est un beau secteur mais les horaires devenaient compliqués par rapport à ma vie privée. Même si être indépendant n'est pas toujours simple non plus", contex­tualise le dirigeant.

Ecologique et économique

À l'époque, seules trois collaboratrices travaillent dans cette nouvelle agence qui propose majoritairement des services de re­passage (uniquement au domicile des clients avant 2020) et de nettoyage. Pour se démar­quer de la concurrence, Fan Grant décide de tester une formule de nettoyage écologique à base de produits naturels, principalement du savon noir et du vinaigre. Une initiative avant-gardiste en 2018 qui est désormais adoptée par certains de ses concurrents.

Et on peut dire que le succès est au rendez-vous. Aujourd'hui, 70 % des clients de Bulles & Co choisissent cette formule pour laquelle ils ne paient pas un cent supplémentaire. "On demande aux clients d'acheter les ingrédients de base et on fait les mélanges chez eux. En plus de savon et du vinaigre, on emploie aussi souvent du blanc de Meudon, un calcaire qui s'apparente à de l'argile, et parfois un peu de bicarbo­nate. Mais on préfère utiliser le savon noir car il n'entraîne aucune contre-indication, contrairement au bicarbonate. Il ne faut pas oublier que ces produits finissent dans nos toilettes et nos égouts". Pour créer le mix le plus efficace possible, le patron a bouquiné plusieurs livres spécialisés. Il a ensuite décli­né son mélange pour élaborer des produits de détartrage, des crèmes à récurer ou des nettoyeurs multi-usages.

La centrale de repassage existe depuis 2020.

La centrale de repassage existe depuis 2020.

Pour le client, la formule est également économique. Il doit certes acheter les pro­duits de base, mais il ne se retrouve pas avec 40 solutions distinctes selon que le presta­taire s'occupe de ses vitres, de son sol, de sa salle de bain, ou de sa cuisine. Autre avan­tage non négligeable, celui lié à la santé. Tant celle des salariés que celle des clients. "J'ai parfois des retours de personnes qui sont dans le secteur depuis plusieurs années qui me disent qu'elles sentent la différence car les produits sont moins agressifs. Cer­taines m'expliquent qu'elles ont moins de problèmes de peau, d'autres moins de pro­blèmes de respiration. Les effets nocifs de certains produits sont seulement visibles sur le long terme. Et, à notre échelle, nos col­laborateurs ont constaté une amélioration de leur santé en cinq ou six ans", assure le patron.

Cet investissement dans le durable nécessite par contre une période de forma­tion plus conséquente pour ses collabora­teurs. "Cela reste quelque chose de nouveau, même pour les prestataires qui travaillaient déjà dans le secteur. L'agence donne donc des formations collectives ainsi que des petits 'refreshs' pour être sûr que chacun maîtrise chaque produit. On va aussi parfois chez le client pour qu'il apprenne à préparer lui-même les mélanges". À côté de cette activité de nettoyage, Bulles & Co est aussi active dans le repassage. Mais ce n'est que depuis 2020 que l'entreprise possède sa propre cen­trale de repassage. Il faut en moyenne sept minutes à un salarié pour repasser une che­mise, le vêtement le plus souvent déposé par les clients. Ce qui correspond à une petite dizaine de mannes par jour.

À côté de cette démarche écologique, Fan Grant n'a pas voulu négliger l'aspect humain, qui se retrouve dans le slogan de l'entreprise : "le savoir-faire et le savoir-être, en toute simplicité". La société mise en effet depuis ses débuts sur un contact personnalisé avec ses clients. "On essaye vraiment de s'adapter aux besoins de chacun.

Environ dix mannes sont repassées par jour.

À Mont-Saint-Gui­bert, il y a un quartier où toutes les maisons sont identiques et dans lequel on a plu­sieurs clients qui sont voisins. Mais ce n'est pas pour cela que nous y effectuerons les mêmes tâches. Chaque client à ses propres exigences et c'est nous qui devons nous adapter", indique le patron.

Ce savoir-être se traduit aussi dans la relation entre le diri­geant et ses salariés. Une tasse brisée en net­toyant la cuisine ? Ce n'est pas grave, il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne cassent rien. Des difficultés pour se déplacer car le travail­leur n'a pas de véhicule ? Pas de panique, la société met tout en oeuvre pour faciliter des tournées qui prennent en compte cette contrainte.

De plus en plus d'hommes

Cette démarche positive semble porter ses fruits. Alors que Bulles & Co avait du mal à engager ses dernières an­nées, la tendance s'est inver­sée il y a peu. "Ça a été assez compliqué. Pendant deux ans, on a cherché cinq/six prestataires, sans succès. Alors que depuis deux mois, on a plein de sollicitations pour travailler avec nous." La plupart des candidats ont entendu parler du poste par le bouche-à-oreille, qui reste un des meilleurs moyens pour recruter des collaborateurs.

La société se démarque d'un point de vue écologique.

La société se démarque d'un point de vue écologique.

"C'est le cas au niveau des clients, mais aussi de nos propres prestataires qui disent qu'ils se sentent bien dans l'agence auprès d'anciens collègues ou de demandeurs d'emploi". Comme une bonne nouvelle ne vient ja­mais seule, ce cercle vertueux a permis à l'entreprise de combler une grande partie de la liste d'attente de clients qui patien­taient pour obtenir un créneau au sein de l'agence.

De plus en plus d'hommes poussent aussi les portes de la boîte pour trouver un em­ploi. Une tendance qui vient casser le cli­ché selon lequel les travailleurs des agences de titres-services ne sont que des femmes. "Quand j'ai commencé, il y avait très peu d'hommes. Mais on en a de plus en plus qui se présentent à notre porte", sourit le diri­geant qui emploie environ 25 % d'hommes. "Comme tout le monde, ils ont leurs forces et leurs faiblesses. Il faut peut-être davan­tage les former au niveau des détails mais dans l'ensemble, cela se passe très bien. On a vraiment de très bons retours sur leur tra­vail", conclut-il.

Un nouveau tarif en 2024

Le secteur des titres-services se divise en trois acteurs. Le premier est Pluxee (anciennement Sodexo), qui gère la tota­lité des titres-services en Belgique. C'est auprès de cette entreprise que les clients, le deuxième acteur, doivent acheter les titres-services avant de les remettre aux agences agréées, le troisième acteur.

"C'est un secteur un peu spécial qui est subventionné. Tout est réglementé vu qu'une heure de travail correspond à un titre-service", indique Fan Grant. Une fois que le prestataire reçoit le titre-service, il est 'composté' chez Pluxee qui rembourse l'agence. Ce remboursement varie d'une année à l'autre en fonction de l'inflation et de l'indexation des salaires. Là où il était de 22,48 euros en 2018, il s'élève désormais à 27,50 euros. Depuis le 1er janvier 2024, le prix d'un titre-service est par ailleurs passé de neuf à dix euros en Wallonie. En contre­partie, les entreprises agréées ne peuvent plus facturer de frais de dossier comme cela a été le cas après la crise énergétique. "Nous ne demandions déjà aucun frais de dossier.

Le prix du titre-service a augmenté d'un euro en 2024.

Le prix du titre-service a augmenté d'un euro en 2024.

C'est donc plus au niveau des caisses de l'Etat que cela va changer quelque chose", poursuit le dirigeant. "On avait déjà eu une indexation des salaires cette année et ce n'est pas cette hausse du prix des titres qui va faire la différence de notre côté. C'est plus l'Etat, qui est partenaire de Sodexo, qui s'est rendu compte que ce n'était plus rentable de garder le titre à neuf euros. Personnel­lement, je trouve ça normal car tout aug­mente dans la vie". Les clients, eux aussi, semblent s'accommoder de ce nouveau tarif. "On n'a pas eu de plaintes. Certains se posaient simplement des questions quant à la validité de leurs anciens titres.

Beaucoup de clients se rendent compte qu'on ne leur demandait 'que' neuf euros pour toute une série de prestations effec­tuées à leur domicile. Cette augmentation était aussi une manière de valoriser nos services". Les 150 premiers titres sont en outre déductibles fiscalement à hauteur de 90 centimes par chèque.

Un secteur jugé essentiel

Seniors, maman solo, familles… Le public qui fait appel aux services de Bulles & Co est très varié. Et tout ce petit monde s'est retrou­vé bien désemparé en mars 2020 lorsque le Covid nous est tombé sur la tête. C'est pour cette raison que le secteur des titres-services a très vite été reconnu comme essentiel par les autorités. "Imaginez des personnes qui devaient télétravailler tout en s'occupant de leurs enfants puis troquer leur PC pour des torchons en fin de journée. C'était vraiment compliqué. Le secteur a donc été reconnu comme essentiel au mois de mai", se sou­vient Fan Grant. Les prestataires ont ensuite dû garder leur masque chez tous les clients pendant une année, avant que les règles ne s'assouplissent enfin. Globalement, les clients ont continué à faire appel aux ser­vices de l'agence pendant toute cette pé­riode. Seuls certains d'entre eux, à la santé plus fragile, ont préféré reporter leur retour. "Beaucoup de clients se sont rendu compte à quel point leur ménage était important pendant les deux mois d'arrêt. Ils ont donc voulu reprendre leurs habitudes le plus vite possible".

Carte d'identité de l'entreprise

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