Isabelle Deltour, créatrice de Bag to Green

emballages réutilisables en lin

Des courses zéro déchet

14/02/20

Fruits, légumes, pain, thé, savons solides : autant d'emplettes possibles en vrac grâce aux emballages réutilisables en lin. C'est l'idée simple et innovante d'Isabelle Deltour, créatrice de Bag to Green.

Enseignante, coach personnelle, psychothérapeute, ludothécaire, Isabelle Deltour a exploré une multitude de domaines avant de devenir indépendante à titre principal. Le déclic ? La quête d'une alternative aux sachets plastique jetables pour le vrac. "Ces sacs allaient être interdits dans toute l'Europe, avais-je appris via la télévision. Par intérêt personnel, j'ai cherché sur internet quelles étaient les possibilités offertes. Il n'y avait aucune proposition écologique à grande échelle. L'idée m'est alors venue. J'ai des réflexes écologiques depuis toujours et je me suis dit que je pourrais imaginer une nouvelle option."

L'aventure Bag to Green débute en 2015 avec une phase de test. Le développement sera pour 2018 : "J'ai alors décidé de travailler avec un distributeur, Aux Petits Bonheurs, qui est dans la même philosophie que moi." L'entrepreneure de Maillen (province de Namur) s'occupe de l'administration et la création de prototypes : "J'imagine tout, c'est mon grand plaisir. Pour le moment, je garde le pôle création, commande des fournitures, des matières premières livrées dans les ateliers, la gestion et la recherche des sous-traitants. Je choisis aussi les fournisseurs vu l'exigence de mon cahier de charges. Il est le reflet de la cohérence écologique que je veux insuffler à la société depuis le début."

La confection des produits

Isabelle collabore avec deux entreprises de travail adapté, Apac à Manage et Alteria à Colfontaine, pour la confection des sacs réutilisables et autres accessoires : "Prenons l'exemple de la poche à sandwich. Je crée un prototype et le teste moi-même, puis je consulte les utilisateurs finaux et les sandwicheries. Le modèle va évoluer en fonction des différents avis. Une fois l'idée aboutie, je demande à l'atelier de me faire un premier prototype final. Après validation, le modèle est créé, le tissu est choisi. Les poches à sandwich sont recouvertes d'une enduction acrylique qui garantit leur imperméabilité. L'atelier se charge de la confection. En guise de packaging, une bandelette en kraft reprenant le nom, la marque et les caractéristiques est ajoutée." Le tissu utilisé est du lin belge et français. Très durable au niveau de sa culture, sa transformation et dans le temps, cette matière a des qualités intéressantes notamment pour les sacs à vrac : elle est résistante aux bactéries et aux moisissures, et régule l'humidité pour une conservation de qualité des aliments frais. "Le lin belge et français est le meilleur du monde, très solide, très écologique. Il n'y a pas de substances chimiques comme pour le coton par exemple." Il a été choisi tant pour sa solidité, son côté lavable et pratique que son côté esthétique : "Les légumes se conservent dedans, ce qui n'est pas le cas avec le coton. Un de mes sacs à savon était initialement en voile de coton bio et je suis passée au voile de lin parce que j'ai trouvé celui qui convient ! Je suis toujours à l'affût des nouveautés."

Si la gamme Bag to Green s'adresse à un public très large, de tout âge, les sacs sont majoritairement utilisés par les magasins de vrac/bio, les petits producteurs, les magasins locaux, les boulangeries ou encore les savonneries artisanales pour les pochettes et sacs à savon. Question prix, le format de l'objet n'est pas le seul critère. L'infusette à thé représente moins de matière qu'une poche à pain mais coûtera plus cher car elle est plus difficile à confectionner. "Un prix juste est important. À titre d'exemples, un sac à pain est vendu 6 euros et une poche de voyage 7,10 euros."

Gestion cohérente et intégrée

Isabelle a fondé son entreprise sur les quatre piliers du développement durable : l'économie, l'environnement, le social et la responsabilité sociétale. "Partant de zéro, j'ai pu directement opter pour une approche intégrée. J'ai mis neuf mois à sortir le premier sac. Il a fallu déconstruire beaucoup d'idées, faire des recherches sur tous les textiles naturels mais aussi penser différemment l'aménagement du bureau, le papier utilisé, la voiture. La cohérence du projet dans sa globalité était primordiale."

Inspiré et motivé par une conscience écologique, Bag to Green apporte une réponse à des besoins réels quotidiens du consommateur. Comme avec le sac à savon, qui est un modèle protégé : "Vous pouvez vous laver directement au contact du sac. C'est très économique et hygiénique."

Les déchets sont très peu présents dans la chaîne de production. Les chutes de tissu permettent à Isabelle de travailler à la création d'un nouvel article, ou sont utilisées par les entreprises de travail adapté pour obtenir des flocons d'isolation, bourrer des coussins…

Le partenariat est aussi un credo de l'ex-enseignante : "Envisager le monde entrepreneurial en termes de concurrence ne me plaît pas. Je préfère parler de collègues parce qu'on réalise tous des choses différentes. Entreprendre aujourd'hui ne se limite pas à faire du chiffre." C'est dans le contact humain, la collaboration qu'une entreprise et ses salariés peuvent évoluer. "J'ai d'ailleurs une expérience très positive du coworking à Namur. Souvent, tout le monde était mis à contribution, ce qui m'a énormément aidée à améliorer mes concepts. Le partage est une richesse pour les nouveaux entrepreneurs."

Isabelle s'investit également dans la sensibilisation. "Je participe notamment à des salons et j'interviens dans des écoles." Les sacs à vrac Bag to Green font désormais partie des goodies de début d'année des hautes écoles provinciales namuroises. Communiquer pour changer les modes de consommation est essentiel : "Promouvoir la simplicité, dans le sens où il n'y a que trois couleurs disponibles pour mes articles, est un vrai challenge. C'est un choix écologique car chaque couleur, cela signifie du stock, et chacune doit être analysée étant donné l'usage alimentaire. Les couleurs passent en laboratoire et sont certifiées. Il y a aussi le travail de communication au sujet des labels Oekotex et Bio qui sont souvent confondus. Oekotex certifie qu'il n'y a pas de substances nocives issues d'une liste préétablie dans la transformation du textile. Mais ce label ne veut pas dire que c'est bio."

Neuf et évoluant très rapidement, le marché du vrac nécessite une remise en question permanente. "Mes produits ne se remplacent pas souvent. Dès le départ, je savais que la Belgique était trop petite et que je devrais m'étendre. Le défi maintenant, c'est de gagner la France et les pays limitrophes." Inventive dans l'âme, Isabelle continuera à développer son entreprise : "De nouveaux produits et actions sont envisagés, peut-être déjà en 2020." En attendant, Bag to Green sera présent au Festival Cap Transition à Louvain-La-Neuve du 10 au 12 mars.

Carte d'identité

Bag to Green

Isabelle Deltour

rue de Mont 2A
5330 Maillen (Assesse)

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