L'ABP-BVP, organisation membre UCM
Les psychothérapeutes davantage sollicités

Pandémie, choc énergétique, guerre en Ukraine et "écoanxiété" (liée au sentiment de fatalité vis-à-vis du réchauffement climatique) expliquent un recours accru aux soins de santé mentale.

Jean-Christophe de Wasseige

Paul Kestemont

Dans le vaste champ de la santé mentale, la psychothérapie occupe aujourd'hui une place importante. Pour représenter ce secteur, existe depuis 1998 l'Association belge pour la psychothérapie (ABP-BVP). "Nous comptons quelque 430 membres dans tout le pays", précise son vice-président, Paul Kestemont, psychologue clinicien, exerçant la psychothérapie en cabinet privé et en maison médicale (par ailleurs membre du Conseil fédéral des professions de la santé mentale et formateur à la Haute École Léonard De Vinci à Bruxelles).

"Depuis le début, l'ABP-BVP poursuit un triple objectif : promouvoir la psychothérapie, la faire reconnaître comme une profession autonome et défendre des standards sérieux de formation en ce domaine, en l'occurrence ceux définis par l'association européenne EAP." Or, en Belgique, cette reconnaissance est partielle. Retour en arrière pour comprendre. Pendant longtemps, les psychothérapeutes pouvaient provenir d'horizons divers. Certains se prévalaient de formations sérieuses ; d'autres manquaient au contraire de légitimité. Pour mettre de l'ordre, l'État fédéral a mis… vingt ans à légiférer.

C'est l'ancienne ministre de la Santé, Maggie De Block (Open VLD), qui fit aboutir le dossier en 2015. "Elle avait le choix entre deux possibilités, explique Paul Kestemont. Soit reconnaître une profession, soit reconnaître une pratique, un acte thérapeutique. Cette seconde voie a été choisie. Nous aurions préféré la première. Cela aurait été beaucoup plus clair."

Dans la situation actuelle, seuls les psychologues cliniciens, les orthopédagogues cliniciens et les médecins pouvant attester d'une formation précise en psychothérapie ont le droit d'exercer de façon autonome. Les autres professionnels – comme les assistants en psychologie, les éducateurs spécialisés, certains assistants sociaux, etc. – peuvent exercer mais sous prescription et sous supervision des premiers cités. Des mesures transitoires existent encore pour les psychothérapeutes qui exerçaient avant l'entrée en vigueur de la loi.

Une seconde différence de traitement porte sur le remboursement des thérapies. Le gouvernement a certes favorisé l'accès aux soins de santé mentale, en instaurant un remboursement à la fois pour les soins psychologiques (ceux prodigués en première ligne) et pour les soins psychothérapeutiques (ceux spécialisés). Toutefois, ces mesures ne concernent que les psychologues cliniciens. Eux peuvent proposer à leurs patients des remboursements de la part de l'Inami (suivant certains quotas). L'ABP-BVP déplore cette distinction, car "les psychothérapeutes non psychologues constituent également une ressource qui vient en aide aux personnes souffrant de difficultés sur le plan psychique et existentiel."

Un climat anxiogène

Et la santé mentale des Belges ? Comment se porte-t-elle après deux chocs hors normes, la pandémie et la crise énergétique ? Réponse : "La crise Covid a impacté davantage les adolescents que les adultes. Chez ces derniers, il y a certes eu du mal-être mais on ne peut pas le qualifier de problématique d'un point de vue psycho-pathologique. En réalité, il était normal face à une situation de confinement qui, elle, était anormale ! En revanche, comme l'évoquait un collègue psychiatre, nous avons tous pris conscience que nous avions une santé mentale et qu'il était temps de s'en occuper." Les psychothérapeutes ont donc surtout veillé à accompagner les personnes, et ont aidé certains patients à renouer des relations sociales parfois très abîmées.

Au sujet de la crise énergétique, les demandes de consultation sont en hausse. Et les problèmes semblent plus profonds. "C'est tout un contexte général qui est anxiogène, vu les prix de l'énergie, l'inflation, la guerre en Ukraine ou encore la question du climat. Les patients ressentent de l'anxiété, de la perte de sens, de la difficulté à se projeter dans l'avenir, de la dépression…"

Quid des indépendants dans cette conjoncture ? "Il y en a qui sont en souffrance psychique et qui nous consultent mais on n'assiste pas pour autant à une vague en ce domaine. Un facteur peut l'expliquer. Les indépendants sont des entrepreneurs. Ils ont intégré, dès le départ, le fait que leur démarche puisse comporter des difficultés. Ils veulent aussi s'en sortir par eux-mêmes et demandent moins facilement de l'aide. Cela étant, cette crise risque d'être longue. D'où notre message en tant qu'association : ne pas hésiter à solliciter un psychothérapeute."

abp-bvp.be }

Lire aussi le dossier Icarius

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