Quand la crise devient une opportunité

  • 500
    personnes à la Sucrerie de Wavre

Après une crise sanitaire inédite, UCM a renoué avec l'organisation de sa réception annuelle, consacrée cette fois à la résilience des entreprises. Témoignages et expertise économique ont ponctué la soirée.

Qu'il s'agisse de la crise sanitaire, des inondations de l'été dernier ou de la guerre en Ukraine qui fragilise l'économie mondiale, les chefs d'entreprise ne sont guère épargnés depuis deux ans. La résilience était le thème de la soirée UCM organisée fin mars, pour que le public puise dans les témoignages des entrepreneurs et dans l'expertise économique de Bruno Wattenbergh enseignements et encouragements.

Libérons nos esprits

La réception annuelle, après deux ans d'interruption, s'est tenue à la Sucrerie de Wavre, devant un parterre économique et politique de près de 500 personnes. Elle a débuté par le discours du président UCM. Pierre-Frédéric Nyst s'est voulu confiant et optimiste "parce que, quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, on n'empêche pas la venue du printemps. Les hommes et les femmes réagissent, résistent et par leur volonté et leurs qualités, ne renoncent pas à améliorer leur vie, celle de leurs proches, celle de leurs enfants, celle des victimes." En écho, le secrétaire général UCM, Arnaud Deplae, a insisté sur l'ouverture d'esprit dont doivent faire preuve les entrepreneurs face à des défis multiples et à une révolution du rapport au travail.

La deuxième partie de la soirée était consacrée aux témoignages d'entrepreneurs inspirants. Bruno Sita, du groupe éponyme, importateur de produits italiens en Hainaut, a engagé quarante personnes depuis deux ans et prône un management collaboratif à base de dialogue : "Je préfère développer les qualités de mes collaborateurs – et les miennes – plutôt que d'essayer de corriger les défauts."

Marie Buron, fondatrice du centre de coworking féminin Womanly à Bruxelles, a débuté son aventure entrepreneuriale moins d'un mois avant la pandémie. Elle a dû d'entrée de jeu innover et sortir de sa zone de confort. Enfin Patrick Dumont, vice-président de Febelhair, la fédération des coiffeurs, a témoigné au nom d'un métier bousculé qui gardera les cicatrices de cette période de fermeture.

Chacun à sa façon a dû se réinventer, "ne pas se mentir devant la situation, pour se donner toutes les chances de s'en sortir", selon Bruno Wattenbergh. Pour cet expert, "la crise a prouvé le besoin de se fédérer et de se regrouper. Elle a obligé les entrepreneurs à prendre de grandes décisions, souvent salvatrices. La chance est une compétence !"

La résilience, ça s'apprend

Jean Van Hemelrijck

Jean Van Hemelrijck est psychologue de formation et enseignant à l'Université libre de Bruxelles (ULB). Il est l'un des spécialistes de la résilience en Belgique. Pour ce scientifique, cette aptitude à réagir face à l'adversité s'apprend et s'apprivoise. C'est la planche de salut pour retrouver une (nouvelle) forme de sérénité.

Tous les hommes et femmes construisent des projets, mais rencontrent aussi des obstacles et subissent des échecs. C'est là qu'intervient la résilience. "Certaines personnes vont s'enfuir devant l'obstacle, d'autres partent en guerre, certaines se figent ou s'effondrent. Enfin, il y en a qui s'adaptent et font un pas de côté. Il n'y a pas véritablement de timing pour que cela se mette en place ; toutes ces phases, aussi différentes soient-elles, font partie d'un processus normal", souligne le psychologue.

L'être humain ne naît pas nanti de la possibilité d'entamer sa résilience. Cette faculté s'apprend quand le besoin s'en fait sentir car, d'une manière ou d'une autre, nous faisons de la résilience tout au long de notre vie. Selon le professeur, l'être humain doit pouvoir utiliser ce qui se passe. Il ne doit pas fuir la réalité, ni même se décourager. Il doit faire "avec ce qui lui arrive" et, surtout, il ne doit en aucun cas nier son ressenti.

"Prenons l'exemple des inondations de l'été passé. Depuis cette catastrophe, la population a changé sa manière d'être dans son rapport avec le monde et va “revisiter” sa proximité avec les cours d'eau. Certains sinistrés retournent dans leur maison avec une volonté de combat et de montrer qu'ils en sont capables, d'autres partent loin des rivières. Une troisième catégorie baisse les bras, une dernière cherche des solutions. Le principal, c'est de ne jamais imaginer que la vie d'après est comme la vie d'avant. Il faut accepter que demain sera autrement et surtout comprendre que ce n'est pas un désastre de ne plus avoir ce qu'on avait."

Saisir la balle au bond

Que ce soit dans notre vie professionnelle ou notre vie privée, la résilience intervient toujours de manière imprévue. "C'est la capacité de saisir la balle au bond et de pousser les obstacles sur le côté pour continuer. Durant la crise sanitaire des deux dernières années, les entrepreneurs résilients ont décidé de se battre et ont utilisé les outils dont ils disposaient pour créer et se débrouiller. C'est un geste de survie, qu'il a fallu pérenniser", résume Jean Van Hemelrijck.

En trucs et astuces, notons ces quelques conseils prodigués par ce scientifique : en parler, ne jamais garder les choses pour soi, partager inlassablement pour lever le poids du secret.

Enfin, retenons qu'il est préférable de fermer la porte (et les oreilles) au discours éthéré qui minimise les pertes matérielles. Les objets ont une vertu dans la vie des êtres humains, tout comme l'entreprise dans la vie du chef d'entreprise. Les réduire à rien équivaut à nier la fonction qu'ils occupent dans notre vie.

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