La franchise

  • 39 ans,
    c'est la moyenne d'âge du franchisé
  • 50000 euros
    constituent un apport personnel suffisant dans un cas sur deux
  • 300 réseaux
    de franchise en Belgique

 

Ce type partenariat commercial est en croissance chez nous. Son image, autrefois ternie par des litiges, s'est améliorée. L'arrivée d'enseignes branchées, comme Burger King, n'y est pas étrangère.

Jean-Christophe de Wasseige

 

La franchise ? Cette formule de partenariat commercial a déjà fait couler beaucoup d'encre. C'est qu'elle possède un mode de fonctionnement hybride, à mi-chemin entre la succursale (qui relève d'un siège central) et le commerce indépendant (qui possède une autonomie complète). Qu'elle a ses avantages et ses inconvénients, à bien sous-peser. Qu'elle a aussi connu des litiges retentissants dans le passé, le plus souvent au détriment des franchisés...

Bref rappel de son principe : un groupe de distribution (le franchiseur) concède à un commerçant (le franchisé) le droit d'ouvrir un magasin sous sa marque et d'y exploiter une formule commerciale qui a fait ses preuves, le tout moyennant rémunération : un droit d'entrée et/ou une redevance forfaitaire, des royalties sur le revenu, une marge sur les produits fournis...

En Belgique, la recette a longtemps été marginale. La configuration du pays ne s'y prêtait guère. "Le territoire est réduit et les différents points de vente d'un réseau sont facilement accessibles, explique Carine Janssens, manager à la Fédération belge de la franchise (FBF). Donc beaucoup d'enseignes peuvent les gérer en propre. Pour autant, les choses se sont accélérées ces dernières décennies."

Diversification

Selon plusieurs observateurs, un rattrapage par rapport aux pays voisins a été effectué et la franchise reste aujourd'hui en croissance. "De plus en plus d'entreprises la pratiquent, affirme Gilbert Lardinois, connaisseur de longue date du secteur et expert au sein de la fiduciaire Pardoen. Elle n'est plus seulement l'apanage de la grande distribution, des supermarchés, enseignes de bricolage ou fast-foods. Elle a séduit d'autres acteurs. Ainsi, de petits et moyens établissements choisissent cette méthode pour ouvrir un second ou un troisième magasin et grandir. Modestes, leurs réseaux sont peu visibles mais ils n'en constituent pas moins une évolution de poids. Une diversification vers les services s'est également produite. On trouve maintenant des enseignes dans le fitness, la diététique, le médical, etc."

Le constat est confirmé par une récente étude menée par la Solvay Brussels School (SBS) pour le compte de la FBF. "Selon notre sondage, un franchiseur a ouvert en moyenne sept nouveaux points de vente dans le pays dans les trois dernières années et en a fermé deux, détaille Claude Boffa, professeur en marketing à la SBS. Cela fait donc un solde net de cinq magasins par enseigne entre 2015 et 2017. Et 78 % de nos répondants tablent sur une poursuite de leur développement à l'avenir. C'est assez appréciable dans le marasme actuel du commerce (NDLR : les restructurations d'Eram, Vögele, Blokker, Zeeman...)."
Conséquence : il y aurait quelque 300 réseaux de franchise en Belgique aujourd'hui, selon l'école Solvay. Ce chiffre concerne surtout les enseignes d'un certain poids. Si on y ajoute les petits et moyens commerces, Gilbert Lardinois évoque, lui, le nombre de 500 à 600 franchises.

Quelles sont les raisons de ce succès ? La méthode est apparemment entrée dans les mœurs. La relation complexe entre franchiseur et franchisé semble mieux comprise. De gros efforts ont été réalisés pour informer, ainsi que pour faire connaître les franchiseurs qui recrutent. C'est le cas des sites internet franchisingbelgium.be (géré par la FBF) ou franchise.be. L'arrivée de nouvelles enseignes pratiquant la franchise et très médiatiques, comme Burger King, a renforcé la tendance.

Information précontractuelle

Enfin, un cadre légal qualifié d'excellent a permis de limiter les pratiques sauvages. Il s'agit de la loi Laruelle (du nom de l'ancienne ministre des PME), votée en 2005 déjà. Cette législation oblige les franchiseurs à remettre au futur franchisé un document d'information précontractuelle (DIP). Ce dernier doit détailler les principales obligations du contrat à venir, ainsi que l'état et les perspectives du marché ciblé. L'indépendant peut ainsi se faire une idée précise de ce dans quoi il s'engage. À condition que ce DIP soit écrit honnêtement.
En résumé, la franchise est souvent comparée à un mariage. Les deux partenaires doivent apporter une dot : une formule commerciale, une formation et un soutien marketing du côté du franchiseur ; un investissement de départ, une force de travail et un respect des règles du côté du franchisé. Tous deux doivent aussi avoir un esprit conciliant. En cas de problème...

[ franchise.be }

L'Analyse del'expert

Profil de l'indépendant franchisé

Selon l'étude de la Solvay Brussels School, le profil type d'un indépendant en franchise est le suivant. Il a 39 ans en moyenne. Il est aussi bien un homme qu'une femme. Il a travaillé auparavant comme cadre ou employé (36 % sont dans cas, contre 12 % de jeunes diplômés, 8 % d'ouvriers, 6 % de sans emploi et 38 % d'autres catégories, dont les entrepreneurs). Il a fait ce choix pour trois raisons : un désir d'indépendance, une volonté de réorienter sa carrière, et enfin un besoin de ne pas être seul face aux risques. Il est un véritable rescapé de la procédure de sélection, car huit candidats sur dix se font recaler. Il a été choisi pour ses compétences (67 %) et non pour son diplôme (seulement 6 % !).

Il a dû apporter en moyenne 87.500 euros pour lancer l'affaire, mais un sur deux a pu se contenter de 50.000 euros. Il a signé un contrat de cinq ans ou de dix ans, les deux durées les plus fréquentes. Il emploie en moyenne neuf personnes (un chiffre tiré à la hausse par les supermarchés). Il rétribue son franchiseur essentiellement via des royalties sur le revenu (56 %). Il est plutôt satisfait de ses relations avec son franchiseur mais sans ferveur. Sur 67 répondants à un questionnaire : 9 qualifient ces relations d'excellentes ; 41 de cordiales ; 12 de mauvaises à cause de conflits mineurs ; et 5 de catastrophiques.

Pour s'informer

Ces dernières années, le salon Franchising & Partnership rassemblait toute la profession chaque année à Bruxelles. L'événement était assuré par un groupe d'édition et la Fédération belge de la franchise (FBF), et se tenait en mars dans le cadre plus large du salon Entreprendre. Pour cette année, il y a du changement. Entreprendre s'est associé avec son cousin du numérique et des start-up, DigitalFirst, qui a le vent en poupe. Les deux se tiendront désormais en octobre. La section Franchising & Partnership disparaît. À la place, la FBF a mis sur pied un nouveau rendez-vous : le Franchising Belgium Day. Une première édition, d'audience nationale, s'est tenue à Bruxelles le 19 octobre dernier. L'objectif est de faciliter la rencontre entre franchiseurs et franchisés dans un cadre plus compact et plus direct. Un second roadshow se tiendra à Bruges le 6 mars. Une déclinaison au sud du pays est prévue pour l'automne dans le Brabant wallon. D'autres villes devraient suivre dans une sorte de tournante.

[ franchisingbelgium.be }