Vottem | A&M Location de lingeLe choix de devancer la demande des clients

La famille Broers, propriétaire de A&M Location de linge, part à la conquête du pays et a gagné le pari de développer l'entreprise en respectant l'environnement, sans perte de productivité. L'usine va bientôt grandir...

Flash-back dans les années 50. Hubert Broers devient le propriétaire d'un petit lavoir de quartier à Visé, en région liégeoise. Le grand-père traite essentiellement du linge de particuliers. Quand Joseph, son fils, reprend l'affaire en 1970, l'entreprise étend ses activités vers le service aux entreprises et le développement du nettoyage à sec. Elle s'implante en 1977 dans le parc industriel de Visé et se tourne vers l'entretien des vêtements de travail. A&M linge opère ensuite un virage stratégique dans les années 90, en abandonnant l'entretien des vêtements professionnels au profit du secteur hôtelier.

Ayant rejoint l'entreprise en 1988, Marc, petit-fils d'Hubert et fils de Joseph, crée une entité séparée, développe les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration, puis met sur pied la section logistique pour gérer le transport et la distribution du linge. En 2009, la famille Broers investit 10 millions d'euros dans un nouveau bâtiment à Vottem et génère quinze nouveaux emplois. Aujourd'hui, Marc est à la tête des sociétés. Joseph (68 ans) a décidé de "lever un peu le pied", tout en gardant un contact quotidien avec l'entreprise.

A&M est propriétaire de tout le linge qu'elle entretient ; elle approvisionne 400 clients belges et français en linge de location, hôtels et restaurants. Les quatre prochaines années seront importantes puisque d'ambitieux projets sont inscrits dans un vaste plan d'investissement de 6 millions d'euros. L'objectif étant de construire 800 m² d'ateliers supplémentaires (pour arriver à une superficie de 5.000 m²) et de faire passer la capacité de traitement de 160 à 210 tonnes par semaine. Un record en Belgique.

Marc Broers a décidé d'investir et surtout d'anticiper à la fois la demande des clients et les obligations environnementales de l'activité. "Le métier est plus compliqué aujourd'hui à exercer car certains de nos clients exigent le “low cost” pour un service presqu'excessif. Ils achètent un prix et pas un service. Notre PME respecte les règles et anticipe les demandes, c'est d'ailleurs aussi pour cette raison que nous allons investir ces 6 millions d'euros. Mais nous avons parfois bien du mal à nous démarquer vis-à-vis de concurrents qui ne respectent pas l'éthique du métier. En augmentant notre capacité, nous allons déjà préparer notre travail de demain. Car au fil des années, nous avons dû changer notre façon de travailler."

A&M Location de linge

À côté des coûts qui ne cessent d'augmenter, l'entreprise a dû faire face à la taxe kilométrique et à l'augmentation prohibitive des taxes sur le rejet des eaux, multipliée par dix, passant de 10.000 euros en 2013 à une prévision de 100.000 euros en 2020 ! "Ce coût des taxes, nous ne pouvons évidemment pas le faire supporter à nos clients. Donc, nous devons nous adapter", explique Marc Broers.

Un prix, un service

Touché de plein fouet par les attentats de Bruxelles voici près d'un an, le secteur hôtelier de la capitale a été obligé de réduire la voilure, baisser les prix afin d'attirer de nouveau la clientèle... et chercher des économies, en demandant aux fournisseurs de "faire un geste". D'autant que le coût moyen d'une chambre à Bruxelles est moindre par rapport aux chambres similaires dans d'autres grandes villes européennes.

"Nous avons réussi là où d'autres échouent car nous avons acheté nous-mêmes notre linge et l'avons mis à disposition des clients ; nous ne sommes pas exclusivement blanchisseurs. Ils n'ont donc pas dû faire cet investissement-là. La location de linge nous a permis d'avoir une meilleure approche dans notre politique de récupération des eaux et de maîtrise des coûts. Nous avons pu investir et réaliser une entreprise adaptée, avec des outils technologiques. Sans ça, ça n'aurait pas été possible", pointe Marc Broers.

Si 2010 a été l'année la plus compliquée pour l'entreprise familiale, 2016 aura donc été marquée par les attentats, qui pourtant n'entament pas l'enthousiasme de l'entrepreneur liégeois. "Nous avons fermement l'intention de couvrir le pays entier, ce qui est une nouveauté dans notre stratégie. Il faut savoir qu'il y avait beaucoup de blanchisseries au nord du pays, et celles qui n'ont pas investi ont tendance à disparaître. Nous envisageons de travailler l'an prochain sur Bruges alors que nos nouveaux investissements (opérationnels en 2019) vont nous permettre d'augmenter la capacité de traitement de 50 tonnes de linge par semaine et de convaincre de nouveaux clients."

Changement de mentalité

On l'a bien compris : le secteur de la blanchisserie, même à l'échelle PME, évolue considérablement ces derniers temps. Et pas toujours dans le bon sens. "Avant, les gouvernantes faisaient partie du personnel de l'hôtel. Aujourd'hui, ce poste est de plus en plus sous-traité à des sociétés de nettoyage qui ont l'obligation d'entretenir un nombre précis de chambres par heure. Notre interlocuteur n'est plus l'hôtel mais ces sociétés, détaille le patron positif. Les gouvernantes disparaissent, et les retards ne sont plus tolérés. Donc, nous anticipons en travaillant avec plus de stocks, et nos coûts sont plus importants."

Un métier qui évolue, un entrepreneur conscient de la pression du métier mais qui a su aussi adapter son management. "Notre leitmotiv est de considérer le client et le personnel de la même manière. Le jeune manager, qui sort diplômé de l'école, doit prendre conscience des valeurs humaines. Nous avons besoin de tout le monde dans la société, plus que jamais. La pression est énorme et les valeurs ont changé. C'est la raison pour laquelle j'aime déconnecter et profiter, à la maison, de la présence des enfants et de ma compagne, même si cette dernière est appelée à prendre bientôt les rênes de la société de logistique, confie Marc Broers. Je pense en réalité que cela va simplifier notre organisation de vie. Nous parlons des entreprises à la maison mais très modérément, et je regarde peu mes mails en vacances. Je me suis entouré des bonnes personnes à qui je délègue sans soucis, tout en gardant le contrôle final. Cela dit, je reste disponible pour tout le monde, proche de mes collaborateurs."

 

 

 

A&M Location de linge

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