Bruxelles | Lili BulkL'épicerie bio "zéro déchet" en ligne

Comment ne pas produire de déchets dans le cadre de la vente en ligne de produits alimentaires en vrac ? Par l'astucieux système de consignes Lili Bulk.

À l'aube de la quarantaine, Florence Posschelle, bien que déjà active dans le secteur des énergies renouvelables, souhaitait concrétiser un projet entrepreneurial qui ait du sens. Elle a participé en 2015, avec sa famille, au projet de la Région bruxelloise qui consistait à aider plusieurs familles à réduire leurs déchets. Ce coaching, durant une année, de sa famille vers le "zéro déchet" a littéralement modifié sa façon de consommer. Elle s'est emparée du sujet pour lancer son activité professionnelle. Le "zéro déchet" n'est pas un effet de mode, il correspond à de véritables enjeux environnementaux, en amont et en aval de la chaîne alimentaire. Il s'applique aussi aux fournisseurs, qui sont priés d'éviter tout emballage superflu. Le fait que les aliments soient vendus en vrac implique peu ou pas de transformation, ce qui rime avec santé et qualité, de toute évidence.

Logistique sans faille

En Belgique, les magasins "zéro déchet" ont le vent en poupe, mais la pratique n'est pas encore généralisée comme elle tend à l'être dans les pays scandinaves. Pour permettre à tous d'en profiter, Lili Bulk propose la vente en ligne de produits secs bios en vrac, contenus dans des bocaux en verre consignés. "L'idée n'est pas révolutionnaire mais à ma connaissance, elle n'avait jamais été appliquée chez nous", explique Florence Posschelle. Concrètement, le client reçoit sa commande à domicile, par le biais de coursiers à vélo, ou peut en disposer via un point-relais. Lili Bulk reprend les consignes à domicile, lors de la commande suivante par exemple, au bureau ou dans un point-relais. Les bocaux sont ensuite lavés, selon les règles d'hygiène chères à l'Afsca (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire), et réinjectés dans le circuit logistique. Lili Bulk veille à optimiser les transports et donc à faire coïncider les livraisons et les retours de consignes. Cette efficience, économique et environnementale, demande une organisation sans faille et en amélioration continue.

"Le choix de nos fournisseurs est essentiel pour notre activité. Outre les paramètres de qualité, de commerce équitable et de certification biologique, nous sommes en recherche constante de nouveaux producteurs et artisans en circuits courts, révèle Florence Posschelle. Les pâtes proviennent d'Italie, les biscuits de Bruxelles, les haricots secs de France, les huiles et vinaigres de Jean Bouteille en France, alors que les pralines et autres chocolats sont transformés en Wallonie." Lili Bulk prospecte encore dans le secteur du vrac et souhaite élargir sa gamme aux produits d'entretien écologiques ainsi qu'à la cosmétique. "Nous ne souhaitons pas investir le marché du frais car c'est fondamentalement un autre métier et d'autres enseignes s'en occupent déjà très bien", précise-t-elle. L'absence de déchets, une gestion logistique optimisée et des collaborations riches avec les fournisseurs permettent à Lili Bulk de proposer des produits haut de gamme à des prix tout à fait raisonnables.

Lili Bulk (gamme)

Engranger les succès

Soutenue par GreenLab, le booster d'entreprises de la Région de Bruxelles-Capitale, Lili Bulk a bénéficié d'un accompagnement de six mois pour mûrir son projet tant des points de vue financier et marketing que logistique. "Après des débuts prometteurs en région bruxelloise, nous avons ouvert récemment un point-relais à Namur. L'objectif est de poursuivre notre développement en en ouvrant d'autres dans les villes wallonnes et de pérenniser notre modèle économique", se réjouit Florence Posschelle. En effet, les marges bénéficiaires ne sont pas très élevées dans le secteur alimentaire et il convient de faire du volume afin d'augmenter le chiffre d'affaires. Et l'entrepreneure d'ajouter que la notion de plaisir fait partie de l'ADN de Lili Bulk : "Pas question de cantonner l'alimentation durable à la privation ou aux graines germées. L'objectif est de proposer une alimentation saine et de qualité au plus grand nombre et qui enchante les papilles gustatives."

C'est une véritable communauté, notamment sur Facebook, qui gravite autour du concept Lili Bulk. "Notre budget publicitaire n'est pas bien lourd mais les réseaux sociaux offrent une belle caisse de résonance, grâce à laquelle notre clientèle s'est élargie rapidement", constate Florence Posschelle.

Le feedback des utilisateurs est indispensable pour faire grandir Lili Bulk qui, à cet effet, souhaite organiser notamment des ateliers pratiques culinaires, dans une optique "zéro déchet". Cela lui permet de prendre le pouls et fidéliser sa clientèle, qui se caractérise essentiellement par un souci aigu du respect des producteurs, de l'environnement et de la santé.

La jeune entreprise bruxelloise recherche également d'autres modes et lieux de livraison afin de satisfaire une clientèle toujours plus pressée. Des points-relais dans les entreprises et des collaborations avec des sociétés de transport spécialisées dans la logistique inversée sont ainsi à l'étude. Lili Bulk aspire à ce que le "zéro déchet" devienne la norme.

 

Lili Bulk

 

Lili Bulk (économie circulaire)