Céder son entreprise en toute quiétude

  • 303
    transactions accompagnées par des partenaires agréés de la Sowalfin. C'est légèrement plus qu'en 2020 (295)
  • 5.673
    emplois pérennisés par les transmissions
  • 80 %
    des dossiers concernent des transactions en dessous de 5 millions d'euros
  • 36 %
    des ventes sont motivées par un départ à la pension

Du 14 au 18 novembre, la Sowalfin organise la Semaine de la transmission d'entreprise en Wallonie. Cinq jours destinés aux acquéreurs et cédants qui souhaitent anticiper la vente de leur société.

Clément Dormal

Une transmission, ça se prépare ! Quiconque cherche à céder son entreprise devrait le planifier bien à l'avance pour ne pas avoir à travailler dans la précipitation. Afin d'aider les entrepreneurs à préparer cette opération le plus sereinement possible, la Société publique wallonne de financement (Sowalfin) consacre une semaine entière à la transmission d'entreprise, du 14 au 18 novembre. Cette semaine est destinée aux cédants, aux repreneurs, mais aussi aux professionnels du secteur. "Elle a pour objectif de conscientiser les entrepreneurs sur l'importance de bien se préparer. C'est un passage obligé pour chaque chef d'entreprise car personne n'est immortel", explique Laurent Renerken, responsable de Sowalfin-Transmission.

D'après lui, près de 10.000 entreprises seraient à remettre sur l'horizon 2020-2025 alors que plus de deux tiers des dirigeants ont plus de 50 ans. Cette question est donc sur les lèvres de nombreux entrepreneurs qui ne savent pas toujours comment s'y prendre pour transmettre le plus sereinement possible.

Cela tombe bien, ils trouveront toutes les réponses à leurs interrogations lors de la septième édition de cet événement. "Comment préparer au mieux un projet de cession dans un contexte économique incertain ?", "Comment réussir la cession de son entreprise ?", "Transmission d'entreprise, 50 % du challenge n'est pas financier !", "Comment éviter de saborder la cession/reprise d'une entreprise ?", "Post-reprise : pourquoi et comment intégrer le digital au cœur de ma stratégie ?" : toutes ces thématiques seront abordées lors des différents ateliers qui fleuriront aux quatre coins de la Wallonie. De son côté, UCM donnera une conférence sur "la prévention des litiges lors de la transmission d'entreprise" le 15 novembre (14:00) à Liège.

Toutes les présentations sont gratuites et accessibles via une inscription préalable. Les intéressés pourront aussi profiter de consultations individuelles avec des spécialistes présents sur place.

[ semainedelatransmission.be }

Un certain attentisme

Interrogés en 2020 sur ce qui attendait le secteur de la transmission en 2021, les experts se montraient optimistes. Selon eux, le marché allait vigoureusement reprendre après une année marquée par la pandémie de Covid-19 et les nombreux confinements. S'ils ont bien constaté une reprise, ils ont été confrontés à une croissance plus faible qu'attendue, les entrepreneurs faisant preuve d'un certain attentisme, explicable par plusieurs (re)confinements, la volatilité des prix des matières premières et le début de la flambée des coûts de l'énergie.

Laurent Renerken (Sowalfin-Transmission).
© Sowalfin

C'est durant le premier semestre 2021 que cet immobilisme a été le plus ressenti. La situation s'est nettement améliorée par la suite, avec des discussions dans de nombreux dossiers qui n'ont pas pu être clôturés l'année dernière. "Pour 2022, c'est assez intensif chez nous. On a beaucoup d'entrepreneurs qui nous contactent pour lancer leur réflexion. Mais il y a aussi plusieurs inconnues : l'évolution de la flambée des prix de l'énergie et des matières premières, les soucis d'approvisionnement… Chacun se pose des questions sur la rentabilité de son entreprise dans les prochains mois. Pendant ce temps, le chrono tourne. Les entrepreneurs continuent de vieillir et ils ne peuvent pas se permettre d'attendre cinq ans. Donc on voit plus que jamais l'intérêt d'être vraiment bien conseillé", indique Laurent Renerken.

Le sens du timing

Selon les derniers chiffres, environ une transmission sur trois est réalisée pour que le cédant puisse prendre sa retraite. Or, céder son entreprise ne se fait pas en un claquement de doigts. Comptez entre trois et cinq ans pour assurer son départ de la meilleure des manières. "C'est vraiment important d'anticiper ce moment et d'être bien conseillé en étant entouré d'experts qui pourront maîtriser les aspects techniques et pratico-pratiques du projet", ajoute Laurent Renerken.

Dans l'autre sens, les acquisitions stratégiques ont le vent en poupe avec près d'une opération sur deux réalisée par des boîtes désireuses de faire de la croissance par acquisition. "On rachète alors une équipe en place, des employés qualifiés, des clients, des produits, des nouvelles technologies…"

Pérenniser l'emploi

L'année dernière, plus de 5.600 emplois ont été pérennisés grâce à cette démarche. C'est dans le secteur de la construction que le plus de jobs ont pu être préservés : 1.466, dont 650 pour un seul dossier. Suivent les secteurs de la métallurgie (683), du commerce de détail non alimentaire (419), du commerce de détail alimentaire (266), et de l'ICT soit les technologies de la communication (262). Il est par ailleurs intéressant de noter que quatre emplois préservés sur cinq l'ont été dans les PME. "La Wallonne est une vraie région de PME. On a aussi remarqué que plus les structures étaient petites, plus elles faisaient appel facilement à des conseillers externes", pointe Laurent Renerken.

Des mécanismes lors des ventes

Plusieurs mécanismes permettent de partager les risques entre le cédant et le repreneur. L'un d'entre eux est l'earn-out, une option plus populaire dans les petits dossiers. Son principe est assez simple : l'acheteur et le vendeur se mettent d'accord sur une partie du prix qui est variable en fonction de la performance future de l'entreprise. Les termes de ce principe sont clairement stipulés par contrat et permettent de rassurer l'acheteur. Le vendeur, sûr du potentiel de sa boîte, est, lui, prêt à être payé ultérieurement à condition que son entreprise atteigne des objectifs qu'il pense réalisables. L'année dernière, l'earn-out représentait en moyenne 20 % du prix lorsqu'il opérait dans un dossier.

Un autre dispositif parfois activé est le vendor loan, ou crédit vendeur. Il s'agit d'un prêt que le cédant octroie au repreneur. Ce prêt est complémentaire au crédit bancaire ou à tout autre moyen de financement. Ici aussi, les termes du paiement sont clairement définis contractuellement à l'avance. En 2021, le crédit vendeur représentait 11 % du montage financier de la reprise lorsqu'il était utilisé.

À côté de ces deux montages, des financements publics permettent également de diminuer la pression sur les acquéreurs. C'est notamment le cas des prêts subordonnés de la Sowalfin, ou de son intervention en tant que garant d'une partie du crédit bancaire.

Comment la Sowalfin peut-elle m'aider ?

La Sowalfin-Transmission est l'outil public wallon consacré à la sensibilisation, l'accompagnement, la cession et l'acquisition des PME. Son but est d'informer et sensibiliser les vendeurs et acheteurs potentiels sur le processus de transmission et l'importance d'un bon accompagnement. En plus de la Semaine de la transmission, elle organise les Clubs repreneurs, un cycle de sessions en groupe restreint créé pour aider les entrepreneurs à préparer leur projet de reprise. Elle facilite par ailleurs la recherche de contrepartie grâce à la gestion de différents outils comme la plateforme PME, un portail de recherche de sociétés à reprendre via un service de veille personnalisé, ou le site [ affairesasuivre.be }. Ce dernier met en relation des cédants et des repreneurs potentiels qui peuvent facilement entrer en contact les uns avec les autres.

 

[ sowalfin.be/transmission }

"Beaucoup voient leur entreprise comme leur bébé"

Audrey Routiaux (UCM).

Rencontre avec Audrey Routiaux, conseillère en transmission d'entreprise chez UCM.

  • - Quel est concrètement votre rôle ?

    - La Région wallonne a constaté que les dirigeants de PME étaient de plus en plus âgés et que, bien souvent, ils ne se préparaient pas suffisamment tôt à la transmission de leur entreprise. Chez UCM, on contacte proactivement les patrons de PME pour les informer sur la transmission et voir avec eux si c'est d'actualité. Le cas échéant, on réalise un premier bilan en leur compagnie. Après ce rendez-vous, en fonction des besoins identifiés, on les redirige vers des prestataires agrées. Nous faisons uniquement de la sensibilisation.

  • - On dit généralement que la transmission est un processus qui prend cinq ans. Pourquoi un délai aussi long ?

    - C'est un constat basé sur le retour des prestataires agréés avec lesquels on travaille. Ils ont simplement vu que cela prend en moyenne cinq ans. Cette durée est nécessaire pour réaliser sereinement les différentes étapes de la transmission, en particulier la phase de préparation. La phase de recherche, dans certains cas, peut aussi prendre un certain temps. Mais dans d'autres cas, cela peut aller beaucoup plus vite.

  • - Quelles sont généralement les inquiétudes ou difficultés rencontrées par les entrepreneurs qui entament la démarche ?

    - Les entrepreneurs veulent surtout savoir combien vaut leur entreprise. C'est la question qui revient très fréquemment. Ils veulent aussi savoir s'il y aura quelqu'un qui sera intéressé par la société. Encore plus aujourd'hui à cause de la conjoncture. On essaie de faire passer le message que, oui, les prestataires ont un coût, mais il y a des subsides de la Région wallonne. Notamment les chèques-entreprises. Il faut voir ce coût comme un investissement qu'ils récupéreront plus tard au moment de la vente. En se faisant accompagner par des personnes compétentes, ils vont améliorer l'attractivité de leur société du point de vue d'un candidat acquéreur, augmenter sa valeur… Ils faciliteront donc la vente.

  • - Comment fonctionnent les chèques-entreprises ?

    - Ils remboursent une partie des frais des prestataires. Le chèque diagnostic intervient dans la phase de préparation. C'est une vraie analyse détaillée de la société. Sur base de cette analyse, il y a une valorisation qui est réalisée. Pour cette phase-là, la Région wallonne intervient à hauteur de 75 % dans les frais de mission du prestataire avec une enveloppe maximale de 7.000 euros sur trois ans. Cette première étape doit permettre au dirigeant d'entreprise de savoir s'il souhaite transmettre ou non. Si c'est le cas, le deuxième subside se débloque, le chèque accompagnement. Là, la Région intervient à hauteur de 50 % dans les frais de mission du prestataire avec une enveloppe maximale de 15.000 euros sur trois ans.

  • - Quelle est la raison la plus courante d'échec d'une transmission ?

    - Trop de cédants s'y prennent tard. Dans la précipitation, soit on se rend compte que la société ne vaut plus rien, soit on n'a pas le temps de rechercher des candidats acquéreurs. C'est par exemple le cas si le dirigeant est décédé ou a eu un accident… Là, il y a purement arrêt de l'activité. On liquide la société plutôt que de la transmettre. C'est la raison la plus fréquente.

  • - N'y a-t-il pas parfois un blocage émotionnel ?

    - Si, c'est aussi pour cela qu'on conseille de faire appel à un expert qui aura un avis neutre et qui pourra jouer le rôle de modérateur afin d'essayer de raisonner le cédant ou l'acquéreur. Beaucoup voient leur entreprise comme leur bébé et, pour eux, c'est dur de lâcher prise. L'émotionnel peut en tout cas faire ralentir l'avancement du processus. Mais chez UCM, nous sommes aussi là pour rassurer et soutenir les cédants.

Voustémoignez
Marie (prénom d'emprunt) tient une boutique dans le centre de Liège.

"Sans les chèques transmission, je serais
passée directement à la liquidation"

Cela fait plusieurs années qu'elle gère seule son magasin et elle a l'impression d'avoir fait le tour de la question. Ce qui la pousse à réfléchir à son avenir. "Il y a aussi des facteurs externes sur lesquels on n'a vraiment aucune maîtrise. C'était d'abord la crise du Covid. Ont suivi la crise énergétique et aussi, à Liège, la problématique de la gestion du centre-ville", explique-t-elle. Vendra ou vendra pas ? Pour se faire une idée, Marie a notamment fait appel à la Sowalfin, dont les collaborateurs dressent actuellement un bilan de sa situation. "J'ai rencontré des personnes très chouettes qui m'ont détaillé les différentes options qui s'offraient à moi. Elles m'ont informé sur les chèques de la Région wallonne. Ce qui m'a permis de gérer ce projet car un plan global de transmission, cela a un coût. Si je n'avais pas pu bénéficier d'aides, je n'aurais pas opté pour cette solution-là. Je serais passée directement à la liquidation", conclut Marie.

Les étapes de la transmission

1.    L'observation (4 à 5 ans avant)

Il s'agit de pointer les forces et les faiblesses de l'entreprise et de mettre en place un plan de cession.

2.    La préparation (2 à 4 ans avant)

Estimation de la valeur de l'entreprise par un professionnel. Préparation du dossier décrivant la société.

3.    Recherche d'un repreneur (2 ans avant)

Réflexion sur le type de repreneur recherché.

4.    Négociation (1 an avant)

Vérification du dossier de la part du repreneur. Son but est de couvrir les risques potentiels et de fixer les derniers éléments justifiant le prix de la cession.

5.    Signature de la convention 

Convention de transfert de propriété. Cessation des actifs du vendeur et paiement du repreneur.

6.    L'après-cession 

Accompagnement du repreneur dans sa prise de fonctions selon les modalités convenues au préalable.

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