OECCBB, organisation professionnelle membre UCM
L'expertise comptable en pleine évolution

Les professions du chiffre sont confrontées à plusieurs défis : digitalisation, complexification de la législation, recrutement de nouveaux talents… Du travail pour leur syndicat le plus ancien.

Jean-Christophe de Wasseige

1959. C'est à cette date que se crée l'Ordre des experts-comptables et des comptables brevetés de Belgique. Aucune organisation n'existait encore pour représenter les professions du chiffre, l'OECCBB est la première. Cela explique, au passage, la confusion liée à son nom. L'Ordre n'est, en fait, pas un ordre : il n'est pas un organisme chargé de la régulation de la profession depuis l'agréation des membres jusqu'à leur surveillance.

Ce rôle est tenu par l'ITAA, l'Institute for tax advisors and accountants, issu de la fusion en 2019-2020 entre l'IEC (qui régulait autrefois les experts-comptables et conseils fiscaux) et l'IPCF (qui faisait de même avec les comptables et fiscalistes agréés). De son côté, l'IRE s'occupe des réviseurs d'entreprises.

Gérard Delvaux est le président de l'Ordre des experts-comptables et comptables brevetés de Belgique.
© OECCBB

L'OECCBB, lui, fait office de syndicat. "Ses principales missions sont de faire avancer la doctrine comptable et de défendre les intérêts et les missions légales de la profession", résume son président Gérard Delvaux, autrefois réviseur d'entreprises et professeur à l'Ephec, aujourd'hui toujours actif comme expert judiciaire et comme administrateur de son cabinet multidisciplinaire, Delvaux Associés. "L'OECCBB entend représenter toutes les professions du chiffre : expert-comptable, comptable, réviseur, conseil fiscal, directeur financier, etc. Actuellement, nous comptons 2.000 membres, majoritairement francophones."

L'organisation est loin d'être la seule sur ce créneau des syndicats comptables (il faut dire que tous ces professionnels sont au total 35.000). Elle se distingue toutefois par ses activités de formation. "Nous tenons 250 formations par an (hors période de coronavirus). Les matières sont multiples : droit comptable, fiscalité, évaluation d'entreprise, fusion/acquisition, organisation administrative, etc. L'objectif est de suivre toutes les évolutions législatives, qui sont incessantes. Se former tout au long de la carrière voire se spécialiser est devenu indispensable chez nous. D'un point de vue formel, c'est d'ailleurs une obligation, à hauteur de 40 heures par an."

L'audience de ces séminaires et conférences est large, puisque 3.500 francophones les suivent. Des publications techniques, des sessions d'e-learning, une revue trimestrielle et des newsletters complètent le dispositif. Quant à la mission de défense, elle passe essentiellement par des représentations au sein d'autres instances : ITAA, UCM…

Digitalisation… progressive

Après avoir connu l'informatisation dans les années 90, ces métiers du chiffre se trouvent face à la digitalisation complète des procédures, de la facture au bilan. L'époque du papier et de l'encodage se termine. Désormais, les clients des cabinets de gestion envoient leurs factures PDF sur des plateformes web, qui en extraient les données puis transmettent celles-ci à des logiciels comptables. Cela facilite les opérations, même si on ne peut pas encore parler de "vraie facture électronique", celle qui peut être lue directement.

Cette évolution – qui dépend surtout des émetteurs et récepteurs de factures – reste donc à mi-chemin. Du côté des bureaux de comptabilité, on s'en accommode : cela permet quand même de libérer plus de temps pour le conseil aux clients. "Ce temps gagné doit permettre la mutation du secteur, insiste Gérard Delvaux. C'est-à-dire aider au pilotage des entreprises, repérer les signes de dégradation économique et, surtout, trouver les solutions pour redresser la barre. Au fond, le sens ultime de la comptabilité se trouve bien là : être un outil de gestion pour les entreprises. On l'a un peu oublié au profit du conseil en fiscalité."

L'OECCBB réuni en assemblée générale avant la crise Covid. Le syndicat compte quelque 2.000 membres.
© OECCBB

À ce propos, le travail risque de ne pas manquer dans les mois à venir. Après les aides corona et les moratoires (officiel et officieux) sur les citations, le nombre de faillites a été artificiellement bas ces deux dernières années. À l'OECCBB, on redoute un retour de balancier.

Une autre préoccupation concerne la pénurie de talents. Maints cabinets comptables ont aujourd'hui du mal à recruter. La situation est reconnue comme critique en Wallonie et à Bruxelles. "Les normes imposées à nos professions ces dernières années l'expliquent pour partie. On nous demande, par exemple, de bien identifier nos clients, de dénoncer tout soupçon de blanchiment, de veiller au RGPD (règlement général sur la protection des données), etc. À force de multiplier les formalités administratives au sein des cabinets, on a rendu nos métiers plus contraignants à exercer…"

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