Rapport de la BNB
Notre robustesse à l’épreuve de l’état préoccupant des finances publiques

L'attente annuelle du rapport de la Banque Nationale de Belgique (BNB) est un moment crucial pour le
monde économique, fournissant une analyse approfondie de l'état de l'économie belge. Pour l'année 2023,
la BNB a distribué des évaluations nuancées, mettant en lumière à la fois les points forts et les faiblesses
de notre économie.

Caroline Cleppert, secrétaire générale 

D'une part, la Belgique a affiché une crois­sance robuste malgré les perturbations éco­nomiques mondiales. Cette résilience est principalement attribuée à la vigueur de la demande intérieure, notamment à la consom­mation des ménages belges qui a surpassé les niveaux prépandémiques, maintenant une tendance à la hausse tout au long de l'année 2023. De plus, la baisse significative des prix de l'énergie a conduit à une réduction notable de l'inflation. Les investissements des entre­prises ont également été en forte hausse, of­frant un soutien supplémentaire à l'économie. Les marges bénéficiaires acquises par certaines entreprises ont joué un rôle crucial en agissant comme un amortisseur, permettant de contenir l'inflation des coûts et de poursuivre des inves­tissements stratégiques.

Cependant, d'autres aspects de l'économie belge ont suscité des préoccupations. Les in­vestissements dans le secteur du logement ont ralenti, malgré son importance dans les pro­grammes de relance économique. L'augmen­tation des coûts salariaux a également nui à la compétitivité-coût du pays, ce qui a entraîné une perte de parts de marché à l'exportation par rapport à nos voisins européens. À cela s’ajoute une belle épine dans notre pied : l’état des finances publiques.

Détérioration structurelle de la situation budgétaire

La situation budgétaire a montré des signes de détérioration structurelle, avec des recettes fiscales en contraction et une tendance à la hausse des dépenses publiques. Les charges d'intérêts sur la dette publique ont augmenté pour la première fois depuis plusieurs décen­nies, soulignant l'urgence de réformes éco­nomiques. Alors ce n’est pas peu dire que la situation doit nous inquiéter. Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.Pierre Wunsch, Gouverneur de la BNB, souligne la nécessité de changer la trajectoire des finances publiques, avertissant que "à un moment donné, on va avoir une part des dépenses publiques dans le PIB intenable et incompatible avec une écono­mie de marché". Les dernières projections du Bureau du Plan confirment ces inquiétudes, avec un déficit public estimé à 4,6 % du PIB en 2024 (le déficit augmenterait progressivement et dépasserait les 5 % après 2025) et une dette publique projetée à 116,8 % du PIB d'ici 2029, si aucune mesure corrective n'est entreprise.

La Belgique et ses entités fédérées ont en­core aujourd’hui la nécessaire crédibilité sur le marché financier pour continuer à lever des capitaux. Cependant, ces marchés et leurs agences de notation ne sont pas prêts à nous faire de cadeaux. Fin mars, soit quelques jours après la publication du rapport annuel de la BNB, Standard & Poor's a dégradé la note de la Région bruxelloise (A+ contre AA- auparavant) en raison d’un ratio d’endettement trop important.

Alors même si l’exé­cutif bruxellois relativise en indiquant que les conséquences à court terme sont limitées (et il a raison), la tâche des prochains gouvernements sera par­ticulièrement ardue. Il faudra faire des économies supplémentaires, revoir les investissements stratégiques et chercher des recettes nouvelles tout en mainte­nant ou ramenant nos régions dans des trajets de croissance robustes.

Des réformes macroéco­nomiques inéluctables

Dans ce contexte, des réformes macroéconomiques inévitables sont nécessaires sur trois fronts majeurs : l'emploi, l'assainissement des finances publiques et la productivité. La Wallo­nie et Bruxelles doivent intensifier leurs efforts pour augmenter leur taux d'em­ploi, tandis que la Belgique dans son ensemble doit réduire son déficit bud­gétaire pour se conformer aux règles européennes et restaurer sa crédibilité sur les marchés financiers. La Belgique va vrai­semblablement se retrouver en procédure de déficit excessif. Ce n’est pas anodin. De plus, des mesures visant à stimuler la productivité sont nécessaires pour renforcer la compétitivité de l'économie belge.

Alors que les débats politiques s'intensifient, il est impératif que les futurs gouvernements se concentrent sur ces défis économiques ma­jeurs. Les priorités devront être établies pour aborder les phénomènes perturbateurs tels que le manque de progrès technique, le vieillisse­ment de la population, les inégalités croissantes et la désindustrialisation. La Belgique doit naviguer avec prudence dans ces eaux écono­miques incertaines, en adoptant des politiques qui garantissent un avenir durable pour ses citoyens et ses entreprises.

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