Les finances publiques en rouge vifLa dette explose mais reste saine
La dette publique belge s'élevait à 467 milliards d'euros en mars. Elle dépasse à présent les 524 milliards d'euros, soit 115 % du PIB (richesse produite en un an). Dans la zone euro, il ne faut pas dépasser 60 % pour considérer que l'endettement est "sain".
Le déficit budgétaire est estimé à 5,3 % cette année, soit bien au-dessus de la limite européenne traditionnelle de 3 % et de l'objectif de 0 % du gouvernement précédent. L'équilibre permet de réduire peu à peu le stock de la dette, au rythme de la croissance économique et de l'inflation.
Le gouvernement De Croo a une ambition très limitée dans ce domaine. Il prévoit – si tout va bien – en 2024 un déficit ramené à 3,4 % du PIB. La dette serait alors à plus de 125 % du PIB.
Est-ce inquiétant ? À court terme, non. L'Union européenne, y compris l'Allemagne, a renoncé à exiger une orthodoxie budgétaire. L'urgence et la priorité sont de passer la crise sanitaire avec un minimum de dégâts sociaux et de relancer ensuite au plus vite et au mieux l'économie. La Banque centrale européenne elle-même se crée un stock de dette pour financer les plans de relance.
Auditionné au Parlement, Jean Deboutte, directeur de l'Agence fédérale de la dette, a estimé la position belge "soutenable". Sur les neuf premiers mois de 2020, 60 milliards d'euros ont été empruntés à un taux d'intérêt moyen de 0,08 %. C'est nettement moins que les 0,67 % de l'an dernier. "Les investisseurs étrangers considèrent la dette belge comme un placement sûr", constate Jean Deboutte. Par corollaire, la charge des intérêts diminue. Elle s'élève à 8 milliards d'euros, 1,8 % du PIB, cette année. C'est 400 millions de moins qu'en 2019 et 600 de plus que l'année prochaine.
Cependant, le contexte ne restera pas le même éternellement. Quand la page de la crise sanitaire sera tournée, tôt ou tard, les pays de la zone euro seront priés de maîtriser leurs finances publiques. Si, en même temps, les taux d'intérêt remontent, même un peu, la Belgique sera dans une situation très difficile et risque de s'enfoncer dans une spirale négative comme l'ont vécue la Grèce et (dans une moindre mesure) l'Italie. Laisser filer la dette est une décision sans doute inévitable ; c'est aussi un pari risqué. Très !
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